Pour dévoiler sa première liste, celle qu'il a lui-même élaborée, le sélectionneur national Milovan Rajevac a fait du Vahid ! Non pas dans sa fameuse manière de vouloir expliquer "le foot pour les nuls", mais plutôt dans sa façon de serrer les dents pour montrer "qui est le patron !". "Ici, c'est moi qui décide !", "Rahmani, c'est mon idée", "chaque coach a sa vision du foot et sa méthode, j'ai les miennes !", "Boudebouz ne devait pas parler de l'affaire du penalty, il va m'entendre" ou encore "Doukha est âgé, je n'en ai pas besoin", "je changerai les traditions" et "des regrets, je n'en ai pas !" sont, ainsi, quelques-unes de ces répliques qui ont certainement rappelé à l'assistance la poigne et le verbe dur de Vahid Halilhodzic. Apparemment, pas du tout adepte de la pourtant si usitée langue de bois, Rajevac n'a, ainsi, pas pris de gants pour dire ce qu'il pensait de l'audace mal placée de Ryad Boudebouz, de l'âge avancé et de l'inutilité d'Azzedine Doukha en équipe nationale. Le technicien serbe n'y est pas allé par trente-six chemins pour balayer d'un revers de la main les tentatives du putsch langagier visant à destituer un M'bolhi pourtant incontestable en dépit de son long chômage technique au bénéfice des locaux Doukha et Zemmamouche, rappelant aux présents que Raïs demeurait "l'intouchable numéro 1 qui jouera même s'il est sans club". Rajevac a, en parallèle, utilisé la même vérité blessante à propos de l'attaquant Ishak Belfodil, affirmant sans détour qu'il existait de "bien meilleurs" joueurs que lui en sélection, tout comme il n'a pas voulu trop s'attarder sur la non-convocation de Ramy Bensebaïni qui "ne constitue pas un cas", puisque, tout simplement, "manquant d'expérience" par rapport à un Khoualed. Ce qui rappelle, sans trop de difficultés, les piques de Vahid Halilhodzic en direction des Ziani, Bounedjah et autre Bouchouk. Cela pour ce qui est de ses choix quant à la composante humaine de la liste des vingt-trois de l'EN. En matière de jeu, le Serbe a surtout donné l'impression qu'il s'appuierait sur une défense expérimentée qui saura gérer la pression que lui mettra un adversaire du calibre du Cameroun. Beaucoup d'indices laissent, d'ailleurs, croire que Rajevac misera sur une arrière-garde plate qui évoluera très bas, de manière à attendre l'adversaire et ne pas s'aventurer à vouloir le cantonner loin de nos 16 yards pour, probablement, mieux le surprendre en contres. Son étonnante réplique à propos de cette "défense (qu'il) a en tête et qui va (nous) faire rire" dénote, aussi, d'une audace qui cache mal une énorme confiance en ses choix qui frisent l'entêtement mal placé, notamment avec cette possible charnière centrale Tahrat-Khoualed qui risque de souffrir face à la vitesse d'exécution d'un Aboubakar, d'un Moukandjo ou d'un Njie. Rachid BELARBI