Le gazouillis des oiseaux du jardin de Prague est interrompu par le bruit du sécateur du jardinier et de l'eau qui jaillit du tuyau d'arrosage pour nettoyer le bassin de l'ancienne B'hirat Marengo de son eau noirâtre. C'en est donc fini de la vasque à l'eau nauséabonde et au vert marécageux au fond de laquelle marinaient des bouteilles en plastique et autres détritus. Certes ce n'est plus comme du temps où le promeneur, notamment les enfants, s'extasiait de la beauté du ballet des petits poissons rouges d'antan, mais il est toujours agréable d'admirer la limpidité de ce bassin devenu tari depuis l'abandon de B'hirat Marengo aux pollueurs et aux adorateurs de Bacchus. Situé sur le darbouz (rampe) Louni-Arezki (ex-Valée), le jardin de Prague est mitoyen au lycée Emir-Abdelkader (ex-Bugeaud) à Bab El-Oued et au mausolée de Sidi-Abderrahmane Ethaâlibi, que séparent les escaliers de la rue baptisée du nom du saint protecteur d'Alger. Conçu en 1839 en gradins au milieu desquels ondoie une allée, il fait bon flâner au milieu d'une verdoyante variété d'arbres centenaires et de buissons artistiquement taillés par les artisans-paysagistes de l'établissement public Edeval. Au demeurant, les jardiniers de l'Edeval font du mieux qu'ils peuvent en matière de mise en valeur, d'où l'exigence de l'apport d'un opérateur spécialisé dans la réfection d'allées, dont la plupart ondulent du fait d'inquiétantes crevasses. D'ailleurs, et à notre passage lundi 17 octobre, un pan d'un mur de soutènement en pierres, a cédé sous la poussée des terres d'un gradin. En conséquence, l'amas de pierre gît à présent enseveli sous la terre friable. Du reste, une toilette n'aurait pas été de trop pour faire reluire le pigeonnier de B'hirat Marengo, de sa fange d'oiseaux. Pour le reste, B'hirat Marengo reste ce poumon vert, où les Casbadjis viennent humer un bol d'air frais en attendant l'heure du déjeûner et de la sieste. L. N.