Malha, diminutif Mliha, est un prénom féminin. Il signifie "salée, au figuré gracieuse", en usage surtout en Kabylie. Il provient du verbe arabe malaḥa, "saler, par extension, être beau, être gracieux". Le sel joue un grand rôle dans la symbolique. On sait qu'après avoir pillé et détruit Carthage, les Romains avait passé la charrue puis ensemencèrent de sel le sol où se dressait la ville. Le soc, c'est pour retourner la terre, le sel c'est pour empêcher que non seulement une autre Carthage ne surgisse mais que toute vie y soit impossible. Les vertus anti-fertilisantes du sel sont encore utilisées pour lutter contre les insectes rampants, notamment les fourmis : dès le début du printemps julien (fin février-début mars grégoriens), les paysannes maghrébines saupoudrent de sel les alentours de la maison et les endroits où pullulent les insectes. Le sel, c'est aussi un élément indispensable à la vie, l'ingrédient sans lequel tout aliment serait insipide. Autrefois, avant que le sel industriel ne se répande, on allait très loin pour le chercher. Le sel est considéré comme un excellent préservatif contre le mauvais œil et les djinns qu'il chasse. C'est pourquoi on en confectionne des nouets que l'on porte suspendus au cou ou dans les poches. Pour conjurer le sort, on pratique le rite du sel : une vieille femme enferme une poignée de sel dans sa main et la fait tournoyer sept fois au-dessus de la tête du patient, en récitant des formules conjuratrices, puis elle lui présente le sel, sur lequel il souffle pour expulser le mal. Le sel est ensuite dispersé pour disperser le mal. Dans une autre variante de ce rite, on lance le sel dans de l'eau bouillante : les grains explosent alors et on dit que "le mauvais œil a été expulse". Dans d'autres cas encore, on accroche ce nouet dans les vêtements du nourrisson ou de l'enfant que l'on veut préserver du mal. Enfin, pour empêcher qu'un rêve funeste ne se réalise, on verse du sel au réveil, en formulant le vœu que le rêve ne se réalisera pas tant que sel n'aura pas germé. Or, comme on le sait, le sel ne germe pas. . M. A. Haddadou [email protected]