Cette chute du budget d'équipement va entraîner un ralentissement sensible de l'activité économique, avertit l'ancien chef de gouvernement. Le président de Talaie El-Houriat, Ali Benflis, a estimé, hier, que le gouvernement commettait une grave erreur en décidant, par le biais de la loi de finances 2017, de réduire de manière drastique les dépenses d'équipements, appelant les autorités à "réduire le train de vie de l'Etat à sa plus simple expression" pour faire face à la crise qui se profile à l'horizon. "La réduction de moitié du budget d'équipement sur les trois dernières années, alors que le budget de fonctionnement de l'Etat a été maintenu quasiment sans changement, est déjà en soi une anomalie politique autant qu'une singularité économique", a-t-il tranché lors de la conférence de presse qu'il a animée au siège de son parti. Pour lui, "la réduction du budget d'équipement dans une telle proportion va porter un coup sévère à l'emploi", tout comme "elle va dangereusement gripper la machine du développement économique qu'il sera difficile de faire redémarrer de manière optimale le jour où une conjoncture plus favorable se présentera". L'autre conséquence attendue, d'après lui, de cette baisse du budget d'équipement, est dans le fait qu'elle va entraîner un ralentissement sensible de l'activité économique. "Dans de telles conditions, poursuit-il, même les rentrées fiscales que les pouvoirs publics espèrent s'en ressentiront." Tout en dénonçant "le matraquage fiscal" des couches moyennes de la société qui tend à devenir une des solutions de facilité auxquelles recourent les autorités pour faire face à la baisse des recettes des hydrocarbures, M. Benflis recommande de s'attaquer aux "véritables niches fiscales", dans une allusion au dernier rapport de la Cour des comptes sur les montants astronomiques d'impôts cumulés non recouvrés par l'Etat. Et si l'orateur pointe "une crise de l'Etat rentier et paternaliste" et "une gouvernance par reculade", il considère, cependant, malgré tout que "la situation n'est pas désespérée". Mais, martèle-t-il, "on ne peut pas construire une stratégie de sortie de crise sur des contrevérités". Exemples types de ces "contrevérités", d'après M. Benflis, ce "programme du président de la République" qui "n'existe tout simplement pas actuellement, et s'il existe, il doit alors relever des secrets d'Etat les mieux gardés". Il en est de même pour "le programme présidentiel quinquennal de développement 2015-2019". "L'un des rares Conseils des ministres tenu en mai 2014 avait décidé l'élaboration d'un tel plan. Les deux dernières lois de finances y font référence. Mais ce plan n'a jamais été élaboré et il n'existe pas", renchérit l'ancien chef de gouvernement qui fait le même constat que pour "ce nouveau modèle de croissance" dont on ne connaît ni la conception ni les contours. Interrogé sur la participation ou pas de sa formation aux prochaines législatives, M. Benflis, qui a, de nouveau, expliqué que la décision revenait à la base du parti qui devrait se prononcer, par le biais de son comité central, le 7 janvier 2017, s'est, toutefois, montré très sceptique quant à ce rendez-vous électoral qui portera "comme d'habitude la marque infamante de la tricherie politique et de la fraude électorale". "Cela est connu de tous, et si nous avions encore quelques illusions, les deux lois organiques sur le régime électoral et sur l'instance de surveillance des élections sont venues les effacer définitivement de nos esprits", déplore-t-il. L'ancien chef de gouvernement s'est, par ailleurs, dit très affecté par ce qui s'est passé au Centre international des conférences qui avait abrité le Forum africain sur l'investissement. "Je ne vous cache pas que je me suis senti très mal par rapport à ce qui s'est passé. On a donné une image indigne de notre pays devant des invités étrangers. On est devenu la risée de tous", a-t-il déploré. M. Benflis s'est également soulevé contre la loi sur les binationaux qualifiant la démarche des autorités d'"exclusion dangereuse de notre communauté à l'étranger". Hamid Saïdani