La démonstration de force samedi des anti-Trump, dont le nombre a largement dépassé les prévisions aux Etats-Unis et dans les grandes villes de la planète, laisse supposer que le mandat du successeur de Barak Obama ne sera guère une partie de plaisir. La seconde journée au pouvoir de Donald Trump n'aura pas été meilleure que la première au vu de la marée humaine, qui a submergé les rues des grandes villes américaines et de la planète pour protester contre sa prise de fonction. À Washington, le nombre de manifestants a avoisiné le million, et ils étaient plusieurs centaines de milliers à Los Angeles, Chicago, Boston et New York. Ce sont surtout les femmes, qui se sont mises le plus en évidence. Et c'est la chanteuse Madonna, qui a défrayé la chronique par son discours très virulent contre Trump obligeant les chaînes de télévision à couper le son. Le succès de ces marches a dépassé toutes les espérances des marcheuses et marcheurs. Ce fut une véritable démonstration de force qui illustre les fractures persistantes de la société américaine face au 45e président des Etats-Unis. Beaucoup de manifestants ont fait le déplacement motivés par la peur que Donald Trump nomme un nouveau juge conservateur à la Cour suprême, ce qui pourrait conduire un jour à la remise en cause du droit à l'avortement. "Il faut que l'avortement reste légal", plaidait Joan Davis, professeure d'histoire à la retraite vivant à Washington. "C'est vraiment un droit qu'on pourrait perdre, cela nous ramènerait au Moyen-Âge", a-t-elle ajouté. Ceci étant, les slogans incluaient aussi la tolérance pour les minorités, l'accès à la contraception et la défense du planning familial, la protection de l'environnement, l'accueil des réfugiés... Les médias US n'ont pas manqué de mettre en évidence les 40% d'opinions favorables, dont il est crédité, ce qui fait qu'il est deux fois moins populaire que Barack Obama en janvier 2009, et moins populaire que Jimmy Carter, Ronald Reagan, George H. W. Bush, Bill Clinton et George W. Bush à leurs prises de fonctions, selon un sondage ABC/Washington Post. Ulcéré par les comparaisons peu avantageuses faites avec la participation à la cérémonie de la veille, Donald Trump a critiqué samedi les médias qui ont, selon lui, menti sur le nombre de ses partisans ayant fait le déplacement. "J'ai fait un discours, j'ai regardé, et cela avait l'air d'un million, un million et demi de personnes", a-t-il affirmé contre toute évidence à l'occasion d'une visite au siège de le CIA. Il a également déclaré : "Je regarde cette chaîne de télévision, et ils montraient des pelouses vides et parlaient de 250 000 personnes", avant d'ajouter : "C'est un mensonge". Dans le même ordre d'idées, le 45e président des Etats-Unis a affirmé que les journalistes faisaient partie "des êtres humains les plus malhonnêtes de la terre". Si les autorités de Washington ont pour règle de ne pas communiquer d'estimations de foules afin d'éviter toute polémique partisane, la presse s'est référée aux photos aériennes, qui montrent que l'investiture du républicain n'a rassemblé que quelques centaines de milliers de personnes, et indiscutablement beaucoup moins que pour Barack Obama en 2009. Ne s'arrêtant pas à sa déclaration au siège de la CIA, Donald Trump a fait convoquer samedi après-midi la presse par son porte-parole de la Maison-Blanche, Sean Spicer, pour tancer les médias, et clamer que les chiffres de vendredi étaient en réalité élevés, mais que des mesures de sécurité nouvelles, par rapport aux investitures précédentes, avait pu restreindre la participation. Merzak Tigrine