Sur les 20 cas répertoriés par HRW, 15 femmes ont indiqué que la police les avait découragées, de diverses manières, de déposer plainte, relève le rapport. "Bien que ces amendements constituent un pas en avant, la loi comporte plusieurs failles et une législation complète est toujours en attente pour offrir une réponse efficace et coordonnée aux violences contre les femmes. Le Parlement devrait s'évertuer à traiter ce problème par de nouvelles lois." Si elle salue l'adoption par le gouvernement algérien de la loi criminalisant les violences faites aux femmes, une avancée comparée aux pays voisins, l'ONG Human Rights Watch (HRW) ne manque pas moins de relever quelques lacunes et plaide pour son amendement. Dans son rapport intitulé "Ton destin est de rester avec lui : la réponse de l'Etat aux violences domestiques en Algérie" rendu public hier, l'ONG, qui a recueilli le témoignage d'une vingtaine de victimes, met en exergue la difficulté pour ces femmes victimes d'obtenir justice et l'assurance de leur sécurité. "Elles subissent la stigmatisation sociale, la dépendance économique vis-à-vis de leurs agresseurs, le manque d'intervention adéquate de la police, des parties poursuivantes et des juges chargés d'enquêter sur les abus, et les freins judiciaires tels que les exigences de preuves déraisonnables", note le rapport. Outre le fait qu'elle offre la possibilité pour le coupable d'échapper à sa peine ou de bénéficier d'une peine réduite si la victime lui pardonne, la loi ne mentionne pas dans sa définition des violences le "viol conjugal", sans compter qu'"elle n'inclut pas tous les individus", repose "excessivement sur les évaluations des invalidités physiques pour déterminer le niveau de sentence (...)", ne comporte pas de clauses sur "les ordonnances de protection" qui sont des mesures visant à protéger les victimes de nouveaux abus et, enfin, elle manque de "directives sur la façon dont la police devrait traiter les affaires de violences domestiques". "L'un des principaux obstacles rencontrés par les femmes pour déposer plainte est l'attitude dédaigneuse des policiers envers les victimes de violences domestiques. Sur les 20 cas répertoriés par HRW, 15 femmes ont indiqué que la police les avait découragées, de diverses manières, de déposer plainte", relève le rapport. "Les autorités algériennes devraient améliorer le soutien apporté aux victimes de violences domestiques, notamment en indiquant à la police et aux parties poursuivantes d'enquêter et d'intenter des actions en justice et en augmentant la capacité des foyers et les ordonnances de protection afin d'empêcher les auteurs des abus de continuer à leur faire du mal", a affirmé, hier, le directeur de communication de l'ONG pour le Moyen-Orient et l'Afrique du Nord, Ahmed Benchemsi, lors d'une conférence de presse tenue à Alger. "Il y a une volonté chez l'Etat. C'est un pas positif, mais nous lui disons : continuez !", a-t-il dit, non sans déplorer que les autorités, sollicitées dans le cadre de l'enquête, n'ont pas répondu à leurs courriers. "On a écrit à Sellal, aux AE et à l'ambassadeur à Washington, mais on n'a pas eu de réponse", a-t-il affirmé. Parmi la série de recommandations établie par l'ONG figurent, notamment, l'établissement d'une base de données nationales sur les violences commises, la dispense d'une formation spécialisée sur les violences domestiques au sein de la police, le financement des centres d'accueil et la suppression de la clause du pardon contenue dans la loi. 8 000 cas de violences contre les femmes ont été enregistrés en 2016 en Algérie, selon un bilan de la police. Karim K.