Des études de recherche sont actuellement en cours sur un traitement qui guérit du diabète, ainsi que sur des inhibiteurs des risques cardiovasculaires et sur une insuline active uniquement si le taux de glycémie est déséquilibré. "Il existe une opportunité réaliste de stopper la maladie à un stade précoce", a lancé, presque par inadvertance, Philip Larsen, directeur de la recherche sur le diabète chez le groupe Sanofi, lors d'une conférence-débat sur la maladie, orientée exclusivement sur des journalistes de plusieurs pays, le 20 avril dernier sur le site de production de l'insuline de la multinationale pharmaceutique à Francfort (Allemagne). L'homme ne dira pas davantage, sauf que les équipes de recherche sont quasiment aux dernières étapes de développement d'un traitement curable du diabète. C'est assurément une perspective heureuse pour les millions de diabétiques de type 1 insulino-dépendants. Les traitements de régulation du taux de glycémie dans l'organisme sont continuellement améliorés depuis la découverte de l'insuline au début des années 1900. Il n'en demeure pas moins qu'ils n'offrent pas un confort de vie optimal et n'évitent pas les complications liées au diabète. "Il sera difficile de développer, à l'avenir, des médicaments qui contrôlent la glycémie car il en existe déjà beaucoup. Il faut plutôt penser à agir sur la comorbidité", reconnaît Philip Larsen. Il rappelle rapidement les pathologies associées les plus évidentes, telles que la rétinopathie, l'atteinte rénale, les attaques cardiovasculaires, le pied diabétique, mais aussi la cirrhose et le carcinome hépatique, dans 5 à 10% des cas. À ce titre, le groupe Sanofi investit un milliard de dollars dans la recherche, dans laquelle sont impliqués, à temps plein, 100 scientifiques. Outre les études engagées sur un traitement guérisseur, les équipes de recherche travaillent actuellement sur des inhibiteurs qui réduisent les risques cardiovasculaires, induits par le diabète, de 20% et sur une molécule qui agit sur l'obésité. "Nous développons une insuline active uniquement quand le taux de glycémie est déséquilibré, indiqué dans le diabète de type 1. Ce traitement n'est pas encore soumis aux essais cliniques", ajoute le conférencier. Pour Martin Siewert, responsable de la plateforme des solutions injectables, il convient de "réagir rapidement aux exigences du marché et aux besoins exprimés." Plus de 400 millions de diabétiques sont recensés à l'échelle du globe. En Afrique, 14,8 millions de personnes sont des malades connus. Une population équivalente, voire supérieure, est atteinte de la maladie sans le savoir ou n'a pas accès aux soins. L'Algérie compte approximativement trois millions de diabétiques de type 1 et 2. C'est dire que la pathologie gagne du terrain en ces temps marqués par des habitudes de vie peu saines : sédentarité, malbouffe, pauvreté... Le coût associé au diabète est de l'ordre de 600 milliards de dollars. Ce qui représente 12% des dépenses de la santé. Pourtant, selon Stefan Oelrich, seulement la moitié des patients atteignent les objectifs thérapeutiques, en raison de facteurs intrinsèques aux pays notamment. Malgré ces difficultés d'accès aux traitements dans les régions pauvres du monde, le diabète, de par son ampleur, a conduit à l'édification d'une gigantesque industrie de l'insuline, dominée par des géants pharmaceutiques. "La pression sur les prix se poursuivra à cause de la concurrence", suggère Martin Siewert. Pour compenser le différentiel en valeur, l'action est mise sur les volumes. Frankfurt-Hôchst, qui appartient à Sanofi, est le plus grand site de production d'insuline dans le monde. Il atteint actuellement, une capacité de production de plus d'un million de stylos injecteurs d'insulines par jour. Plus de 2 milliards d'unités ont été vendues, à partir de cette usine depuis mars 2016. Environ 9 millions de stylos sont exportés vers l'Algérie annuellement. Mehdi Bensmaine a livré un état non exhaustif de la prise en charge du diabète en Algérie. Il a surtout abordé le projet de la clinique mobile, mené conjointement avec le ministère de la Santé, de la Population et de la Réforme hospitalière. C'est une plateforme mobile médicalisée qui sillonne plusieurs villes du pays pour procéder au dépistage du diabète, hypertension artérielle et leurs complications vasculaires et cardiologiques. De notre envoyée spéciale à Francfort : Souhila Hammadi