L'auteure Fatéma Bakhai, native d'Oran, n'est plus à présenter. Plume prolifique au talent d'écriture incontestable, elle a à son actif de nombreuses et diverses publications, parues en France et en Algérie, oscillant entre romans – La Scalera, Dounia, Izuran, La femme du caïd ... – et littérature jeunesse – Lamia, La ronde des saisons, Histoire des épices, Le petit escargot et la tortue... Toujours soucieuse de transmission et de partage, favorisant souvent le retour à l'histoire dans ses écrits afin de la "vulgariser" autant que faire se peut pour la rendre accessible au lecteur lambda qui n'est pas forcément un féru d'histoire, mais qui a le droit et le devoir de savoir ce par quoi son pays est passé, sa nouvelle publication parue aux éditions Alpha d'Alger et qui a pour titre Oran et ses hommes célèbres en est le témoin. Cette "exploratrice de la mémoire algérienne", comme aiment à l'appeler certains, a voulu, à travers ce beau-livre illustré, faire des escales dans l'histoire de la ville d'Oran à travers les hommes qui l'ont faite, car, nous dit-elle dans son avant-propos : "Combien d'hommes et de femmes sont nés, ont vécu, ont terminé leurs jours à Oran ? Combien l'ont visitée, s'y sont installés quelques jours, quelques mois, quelques années puis en sont repartis ? On ne le saura jamais ! Pourtant, ces hommes et ces femmes ont fait Oran, chacun à sa manière ! Ils ont construit, détruit, reconstruit des maisons, des palais, des mosquées, des églises ou des synagogues, des routes et un port (...). Ces hommes et ces femmes ont disparu mais ont laissé leur empreinte." Et ce sont justement ces empreintes laissés çà et là dans Oran El-Bahia qui auront permis à Fatéma Bakhai, l'exploratrice assidue, de nous les répertorier, décrypter, puis nous les transmettre par l'écrit pour dire leur histoire. On connaîtra donc à travers elle ce "Berbère inconnu qui, le premier, a découvert les sources de Ras El-Aïn ! C'était, peut-être, un marchand perdu ou un vieux sage à la recherche d'une grotte dans la montagne...". Et il tombera sur ces douces et limpides qui prendront plus tard le nom d'Oued El-R'hi et "c'est là qu'est née Oran". Puis viendra Ifri, qu'un Romain ébloui par sa beauté nommera "Portus Divini" (le Port-des-Dieux). Et la saga continuera avec des noms et des lieux qui auront fait l'histoire de cette ville entre construction, destruction et reconstruction. Douas Ben Saoulat El-Lehici, Mohamed Ben El-Kheir, Abdelmoumène, Tachfin, Sidi El-Houari, le bey Bouchlaghem, le bey Mohamed de Mascara, le bey Hassan, Lalla Badra, l'Emir Abdelkader et bien d'autres noms encore auront marqué Oran de leur passage, et l'histoire qu'ils y ont laissée en est témoins. Bien plus tard, ce sont d'autres noms qui vont s'y graver dont El-Caïda Halima et sa fille Lalla Setti, cheikh Saïd Zemmouchi, cheikh Abdelbaki, Blaoui Lhouari, M'hamed Benzerga, Ahmed Wahbi, Rainette l'Oranaise, Albert Camus, Charles André Julien... Il est certain que ce livre ne peut être exhaustif et que beaucoup de noms et de faits ont été oubliés, mais ce qui sûr c'est que tout rappel de l'histoire est un moyen de sauvegarde par l'écrit pour la mémoire. Samira Bendris-Oulebsir Oran et ses hommes célèbres, de Fatéma Bakhai, éditions Alpha, octobre 2016, 1800 DA