Le Cemoc est resté en marge des évolutions sécuritaires dans la sous-région en raison entre autres des changements stratégiques adoptés par certains pays membres avec notamment l'adoption d'une autre initiative, parrainée par la France, au sein de laquelle l'Algérie n'est pas présente. Le conseil du Comité d'état-major opérationnel conjoint s'est réuni avant-hier dans la capitale mauritanienne, Nouakchott, en présence des responsables militaires des pays du champ. Le représentant de l'état-major algérien, le général major Zerrad Chérif, chef du département emploi-préparation de l'état-major de l'ANP, a, selon un communiqué du ministère de la Défense nationale, rappelé, dans son intervention l'attachement de l'Algérie à ce mécanisme sécuritaire commun de lutte contre le terrorisme, dans lequel "les chefs d'état-major des armées des pays du champ, échangent librement les analyses et les points de vue sur des sujets touchant au domaine sécuritaire de notre sous-région", reprenant les arguments qui ont présidé à sa création en 2010. "Compte tenu du caractère transfrontalier du terrorisme, la lutte contre ce fléau doit être appréhendée dans le cadre d'une coopération franche et sincère entre les pays du champ, basée sur des actions complémentaires visant à priver les terroristes de la liberté de mouvement, de leurs relais et de leurs réseaux de soutien, en comptant en priorité sur les capacités intrinsèques de résilience de chaque Etat avec une entraide mutuelle, car l'action d'un pays, à lui seul, ne peut atteindre l'objectif final", a-t-il souligné. "Cette réunion, ajoute le communiqué, a été mise à profit par les responsables militaires de ces pays afin d'étudier et d'évaluer la situation sécuritaire dans la sous-région sahélo-saharienne, l'échange d'analyses et le retour d'expériences depuis la dernière réunion du Conseil des chefs d'état-major tenue le 28 octobre 2016 à Bamako (Mali)". Cette rencontre intervient dans un contexte marqué par la recrudescence des attaques terroristes, notamment au Mali et au Burkina Faso, alors que le Cemoc est resté en marge des évolutions sécuritaires dans la sous-région en raison, entre autres, des changements stratégiques adoptés par certains pays membres avec notamment l'adoption d'une autre initiative, parrainée par la France, au sein de laquelle l'Algérie n'est pas présente. D'où certainement le rappel du général major Zerrad Chérif à la fois de l'attachement de l'Algérie à ce cadre de concertation et d'échange d'analyses, de l'incapacité d'un seul pays à lutter contre le terrorisme transfrontalier et surtout que le Cemoc est un cadre où les chefs d'état-major "échangent librement les analyses et les points de vue..." Une manière de préciser que l'initiative n'a pas de parrain exclusif comme tendent à le suggérer certains pays. Et l'Algérie est un membre comme les quatre autres pays du champ même si elle abrite le siège du Cemoc (Tamanrasset). Le maintien de ce mécanisme devient de fait indispensable, et à charge à ses membres de l'activer et de le rendre plus efficace. C'est du moins le souhait de l'Algérie que les manœuvres françaises tentent d'écarter en inspirant et soutenant la création d'un autre mécanisme, le G5 Sahel. Le sous-secrétaire général des Nations unies aux opérations de paix, El-Ghassim Wane, a indiqué, avant-hier lors d'une séance du Conseil de sécurité, que cette force conjointe est en mesure d'apporter une contribution significative à la stabilisation du Sahel en synergie avec d'autres initiatives. Une précision voulue pas seulement comme une assurance aux partenaires étrangers dont les forces sont présentes dans la région à l'instar de la Minusma (Mali) et des forces de Barkhane (France) mais aussi et certainement de l'initiative Cemoc. Un appoint indispensable d'autant plus que la mise en place de la force commune du G5 Sahel risque d'être inachevée en raison des problèmes de financement. Cela d'autant plus que l'ONU n'est pas disposée à apporter une contribution. L'Onu qui doit d'ailleurs examiner le mois d'octobre prochain la question du déploiement de cette force. Une occasion pour l'Algérie pour avancer le pion Cemoc et le remettre en scène. Djilali B.