Le bac 2016 a montré qu'au-delà des fuites des sujets à large échelle sur les réseaux sociaux, le système d'enseignement tel que pratiqué en Algérie obéit à des impératifs plus idéologiques que résolument orientés vers une instruction moderne et performante, visant à préparer les générations futures à rivaliser sur un pied d'égalité avec les meilleurs élèves que forment les universités étrangères. Les universités algériennes les mieux classées dans le gotha mondial apparaissent dans les 4 000 premières loges au niveau mondial, alors qu'en position africaine et arabe, nos institutions d'enseignement supérieur caracolent respectivement aux 29e et 26e place, loin de celles détenant le leadership en matière de formation des élites de demain. Arriver au sommet des connaissances en usant de tricherie et arborer des compétences qu'on ne possède pas, ce n'est qu'un subterfuge qui finira bien par confondre ses auteurs, lorsque face à un projet à réaliser dans le monde du travail, le couac démasquera ceux qui sont inaptes à relever le plus insignifiants des défis. Les hauts responsables du ministère de l'Education reconnaissent eux-mêmes aujourd'hui le caractère archaïque, obsolète, voire injuste de l'enseignement prodigué qui est basé sur une pédagogie traditionnelle d'un autre âge, que les islamo-conservateurs reconduisent d'année en année dans les programmes. A qui profiterait la fuite généralisée des sujets, sinon à ceux qui assurent à l'étranger des cursus à leurs enfants, aux fins de dominer les produits de l'école et de l'université algérienne ? Seraient-ils les artisans du modelage d'une caste future prête à accaparer le pouvoir politique ? Tout conjecturerait à le croire, sachant que le clientélisme, et surtout le népotisme dans le secteur en question, est monnaie courante. Il a été signalé par les étudiants qu'au niveau de l'une de nos facultés, il se trouve un professeur de français complètement incapable de prodiguer un cours dans la langue qu'il est censé enseigner. Il ne parle que l'arabe avec ses étudiants pour mieux les faire... pénétrer de la langue de Molière, ou cet autre prof de droit qui ne fait que distribuer des questionnaires demandant à ses universitaires de piocher sur internet afin d'apporter les réponses qu'il se garde bien d'enseigner, s'il le peut bien entendu, comme quoi l'égalité des chances au regard de l'importance et du rang des personnalités impliquées dans le scandale n'est souvent qu'un slogan utopique revenant dans la mécanique verbale des politiques. Le secteur stratégique de l'éducation nationale a pâti en termes de crédibilité par les massives fuites des sujets, par contre, il apparaît que Benghebrit a retenu la leçon qu'à quelque chose, malheur est bon.