A quelques heures de l'ouverture de la session ordinaire de l'Assemblée populaire de wilaya prévue dès aujourd'hui, le quotidien des Annabis s'assombrit de plus en plus sous l'impact d'une gestion en dilettante de leurs préoccupations par les douze communes sous la juridiction administrative de la wilaya. L'impression qui se dégage est unanime : le laxisme des élus, beaucoup plus préoccupés par leur devenir loin d'être politique, est à l'origine de la situation désastreuse qui caractérise l'environnement économique et social de ces dernières années. Les promoteurs immobiliers et les faux investisseurs s'y sont engouffrés pour faire de bonnes affaires. Le gouvernement les a laissé faire en attendant que la bulle éclate. Faute de contribuables et du fait de l'austérité, les revenus des communes ont baissé. Annaba, la quatrième ville d'Algérie, pourrait être la première à en subir les conséquences. «Et ce n'est que le début», affirme l'un de ses vieux employés. Il a été interrogé sur la situation de la commune le temps d'une pause sur l'esplanade vide du cours de la Révolution en ce jour de ramadan. «Il n'y a pas si longtemps, dit-il en montrant l'esplanade et l'avenue Stambouli, les sièges de la poste et de la Sonelgaz, le supermarché attirait tant de monde qu'il était impossible de circuler à pied ou en voiture». Dans cette structure socio-économique hantée par des commerçants désabusés, les locaux placés en affilée attendent des clients qui ne se bousculent plus. La même image de stagnation est reproduite un peu partout à travers les chefs-lieux de daïra. D'où les signes avant-coureurs d'une faillite. Ils sont visibles partout dans cette wilaya qui avec ses 12 communes comptabilise 650.000 habitants. Celle de Annaba est bâtie au pied de l'Edough. La pollution y a élu domicile. Elle flotte sur l'ensemble des plages de Anasr à la Baie Ouest de Chétaïbi en passant par Djenane El Bey. Le président de l'APC n'a pas le temps de recevoir les gens de la presse auxquels, lorsqu'il est sollicité, il donne toujours une même réponse via un SMS «je suis en réunion». Dans la capitale du cinéma méditerranéen où l'on parle d'activités culturelles, la cinémathèque n'est plus qu'un souvenir. Des travaux de rénovation qui perdurent depuis plus d'une décennie ont fait que les Annabis ont oublié qu'elle existe. Elle est le digne reflet des indications quelque peu noircies de la proximité culturelle de la ville. L'affiche est quelque peu périmée même si depuis quelques jours, l'on annonce pour toute la période estivale, des concerts de groupes de musique et chansons diverses par la société «décibel système» spécialisée dans l'événementiel. Au cours des deux décennies écoulées, la capitale de la sidérurgie a perdu près de milliers d'emplois. Des dizaines d'entreprises publiques ont été dissoutes. Le complexe sidérurgique El Hadjar attend toujours sa remise en production. Cela fait des années que les trains de marchandises sifflent de plus en plus rarement. Le port avec son quai est surchargé de containers de produits importés destinés à des consommateurs algériens. Ces derniers ne produisent pratiquement plus rien. Même l'agriculture est défaillante avec une direction en perte de vitesse depuis l'avènement du nouveau maître des lieux. Lui aussi refuse tout contact avec la presse. Quant aux revenus fiscaux, ils continuent de baisser pour cause de réduction du nombre de contribuables. Abdelmalek, T., 62 ans, est exaspéré. «La ville est gouvernée par des incompétents. En trente ans de travail à la Direction de l'urbanisme, j'en suis à une pension de retraite de misère», a-t-il estimé. En référence à la ville de Annaba, il a parlé de sommes astronomiques vainement engagées dans des opérations de rénovation et d'aménagement de l'environnement. «Comme vous pouvez le constater, rien n'a changé», a-t-il ajouté. Pour relancer l'économie, l'on a réalisé une nouvelle aérogare à l'aéroport international Rabah Bitat. Il a été question de l'extension du port de Annaba, puis plus rien. Comme pour le tramway, le projet a été archivé bien avant que n'intervienne la chute des prix de pétrole. Si certains accusent une gestion inepte de la commune, d'autres remarquent que sous la pression de faux mentors, les élus se sont inscrits sur la liste des administrateurs à l'incompétence avérée. Les délinquants en ont profité pour prendre possession de la voie publique. Il a fallu l'intervention énergique de la police pour les déloger. Des tubes de concentré de tomate ont servi à manipuler les internautes pour faire croire à des blessures occasionnées par les policiers. Entre-temps, l'APW se prépare à faire entendre les inepties de son président qui, inefficace, aime s'écouter parler. Dans l'incapacité de trouver des solutions au blocage qui caractérise des dizaines de projets à même de relancer l'économie dans la wilaya, il a déjà entamé sa campagne électorale pour les prochaines législatives. Le club sportif local USMA à la présidence duquel il s'est porté seul candidat devrait lui servir de tremplin pour devenir député.