Siégeant pour la 2e fois en appel après cassation de deux précédents jugements par la Cour suprême l'affaire Baroche du nom du ressortissant français principal accusé, est revenue au-devant de l'actualité. C'était ce dernier jeudi au prétoire de la Cour criminelle ou en présence du vice-consul de France à Annaba, le représentant du Ministère public, les avocats de la défense et d'une des parties civiles sont montés au créneau. Bien qu'ayant été entamé par un incident procédural généré par la défense qui a demandé à auditionner toutes les victimes, le procès s'est déroulé dans de bonnes conditions. Il faut dire que les débats avaient été présidés par un magistrat expérimenté. Cela a abouti à des échanges parfois à fleurets mouchetés sur l'opportunité de l'application ou non de tel ou tel autre article de loi. Il est 20h30 jeudi 27 octobre 2016 lorsque, après 4 heures de délibérations, tombe le verdict. Substantiellement, il confirme, plus ou moins, les deux précédents jugements rendus en 1re instance. Reconnu coupable dans une affaire de mœurs légère, il est condamné à 6 ans de prison ferme et à 26 millions de DA d'amende. C'est-à-dire une année de moins que lors des deux précédents procès. Au vu des preuves présentées par l'accusation, des témoignages des 2 jeunes filles victimes sur les 10 citées dans l'arrêt de renvoi les aveux de l'accusé et de son chauffeur, mais surtout à l'écoute de l'excellente plaidoirie de Me Ould El-Hocine Drifa, la sentence aurait été certainement plus lourde. Connue pour la pertinence à trouver à chaque fois des failles dans les dossiers de l'accusation, elle est à l'origine de biens des acquittements de ses clients. Cette avocate du barreau d'Alger commise d'office a su, en avançant de solides arguments, tel que convaincre les membres du tribunal de juger son client pour avoir commis l'erreur de croire qu'il avait la possibilité d'adopter, en Algérie, la même manière de vivre que celle autorisée dans son pays. Et si, dans cette même affaire, tous les médecins ont été acquittés, il n'en fut pas de même pour le vice-président de l'APC de Annaba. Il a vu sa peine réduite de 4 à 3 années de prison ferme (déjà purgée). La même réduction de peine concerne Briki le chauffeur de Baroche qui fera cinq années de prison ferme au lieu de six. Par contre, Amrane Fadila, la jeune fille que d'aucuns qualifient de maîtresse patente de Baroche, n'a pas jugé utile de se présenter au procès. Elle a été condamnée par contumace à 5 ans de prison ferme. Soit deux années de plus que lors des deux précédents procès. L'affaire J.M. Baroche a livré, jeudi dernier, d'autres petits secrets en termes de faits qui ont été retenus à son encontre à savoir pédophilie, prostitution, incitation de mineure à la débauche, création de lieu de débauche, production, commercialisation et exportation de films pornographiques. Il en ressort que chacune des douze jeunes filles ou adolescentes voulaient être reine de beauté. Il y en a même celles qui ont été conseillées par leur propre mère pour fréquenter assidument la «villa de l'horreur». A l'image de Magda qui rêvait de devenir mannequin ! Elle qui ressemblait à une princesse, si belle dans ses robes. C'est pourquoi ce jour où elle avait pris place dans la voiture de Baroche conduite par son chauffeur, elle avait la certitude qu'avec sa taille, sa jolie frimousse et son corps bien tracé de femme alors qu'elle n'avait que 18 ans, elle atteindrait les sommets. Dès son arrivée à la villa, elle avait été rapidement prise en charge par Baroche qui la livra en pâture aux fantasmes de quelques males présents. Magda eut tout de même le temps de sentir que Baroche l'exposait comme un morceau de viande à l'étal. Cependant, derrière le rêve de cette première intrusion dans la villa de l'horreur, elle vivra un vritable cauchemar. «Je n'ai forcé aucune fille à venir chez moi. Elles étaient toutes consentantes», dira-t-il à la barre des accusés. A l'ombre de la douzaine de jeunes filles en fleurs, c'était laquelle s'adonnerait le mieux au petit jeu de qui-est-la-plus-belle pour s'attirer les bonnes grâces du seigneur et maître Baroche. Il arrivait qu'une des poupées «Barbie» gavées de psychotropes et autres stupéfiants, craque. C'est ce qu'avait fait Magda. N'ayant pas été rémunérée, elle a alerté la police révélant le «poulailler » où, en coq du village, Baroche puisait sans retenue et même en proposait à ses «illustres» invités. Certaines des filles devenues des jouets entre ses mains, se faisaient accompagner par leur maman jusqu'à la porte de cette «agence de mannequinat» d'où leur fille revenait à chaque fois le sac plein de dinars. En fait, dans sa lutte acharnée qu'il livrait pour imposer sa «boîte», Baroche avait cru qu'il pouvait impunément user de tous les moyens pour rameuter les clients, des pontes de préférence. Il en était à ses débuts et comptait bien transformer la villa qu'il avait louée, en un lieu où l'on pouvait se croire aux «Folies Bergères». Ce qui justifierait les 96.000 euros qu'il avait en sa possession lorsqu'il avait été interpellé.