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La madone malienne veille au grain
Publié dans La Nouvelle République le 20 - 06 - 2017

Connue depuis 1989 pour ses textes abordant les sujets de société qui secouent son pays, la chanteuse vient de changer de label pour son nouvel album «Mogoya», dans lequel elle poursuit sans relâche son engagement en faveur des plus démunis.
Haut perchée sur ses talons, elle en impose. A la ville comme sur scène. Un bon mètre quatre-vingts surmonté d'une crinière décolorée, nez percé et ongles taillés, Oumou Sangaré n'est pas du genre à garder sa langue dans sa poche, ni du style à se laisser marcher sur ses boots, qu'on lui a connues bien pointues. L'hiver dernier, elle confiait à Libération : «L'Africain perd sa valeur. Avant, il n'y avait pas besoin de contrat pour respecter ses engagements. Aujourd'hui, tout cela est menacé, et j'ai le sentiment que nous perdons en dignité. Il faut conserver ce savoir que nous ont légué nos parents. Quand on a la chance d'avoir une parole qui porte, il faut dire des choses qui éduquent et participent au débat public. C'est pour cela que chacun de mes disques est un événement au Mali : le public attend ce que je vais bien pouvoir raconter !» Le rire qui suit ne doit pas masquer l'intention première : en baptisant son nouveau recueil Mogoya (qu'elle traduit par «l'humanité») et en plaçant dès l'ouverture Bena Bena («l'ingratitude»), la chanteuse indique à tous ceux qui veulent l'entendre qu'elle n'est pas prête à composer avec ces maux qui gangrènent la planète. Superbe madone, la Malienne est avant tout une redoutable amazone, qui sut vite trancher dans le vif de sujets qui posent soucis, notamment contre les mariages d'intérêt, forcés. Ces prises de paroles explicites l'ont imposée comme le porte-voix d'une jeunesse en crise d'identité dans un pays alors soumis aux injonctions des restructurations du Fonds monétaire international. Elle évoquera ainsi régulièrement le mirage de l'immigration, mal endémique d'un pays qui, pour être un riche vivier musical, n'en vit pas moins depuis trop longtemps sous le seuil de dignité mondiale. Bande-son de Bamako Sans sa voix, d'un naturel surpuissant, l'écho n'aurait pourtant pas été le même. Et c'est vrai que chacune de ses sorties est guettée par les légions d'amateurs qui savent sa valeur depuis qu'elle a publié Mossoulou («les femmes»), une cassette enregistrée à Abidjan en février 1989, la semaine de son 21e anniversaire. Moins d'un an plus tard, les six titres tournent en boucle à Bamako. C'est le début d'une irrésistible ascension pour la native de la capitale, propulsée comme l'une des personnalités incontournables de la sous-région, voire bien au-delà. Don Cherry en éclaireur nous la conseilla alors qu'elle n'était pas encore l'égérie célébrée par Oprah Winfrey, Tracy Chapman et autre Alicia Keys. Et Mokobé, du 113, l'invitera en 2007 pour la Voix du Mali... Adulée, Oumou Sangaré n'a néanmoins jamais cédé aux sirènes d'une pop mal fagotée, ancrant fermement son répertoire original dans son terroir originel, le Wassoulou, une région agricole située à la lisière de trois pays (le Mali, la Côte-d'Ivoire et la Guinée) où la musique rythme les saisons et les labours : la cadence du karignan, le grattoir en métal qu'elle manie sur scène, et le groove du kamele n'goni, la harpe customisée des chasseurs, sont ses marques de fabrique. C'est sans doute là que persiste toute la pertinence d'une musicienne qui, pour voyager de New York à Sydney, n'en oublie pas d'avoir les pieds plantés dans sa terre. Entre les lignes, elle trace aussi la bande-son d'une ville, Bamako, qui, depuis les débuts de la chanteuse il y a trente ans au sein de l'ensemble de percussions Djoliba, a muté. Tout comme le Mali est devenu l'une des plaques tournantes de la world music, ce concept né au moment même où la chanteuse entamait sa carrière et capable d'engendrer le pire, on ne le sait que trop, ou le meilleur, comme avec elle. Premier disque enregistré en Europe, Ko Sira demeure vingt-cinq ans plus tard un authentique classique, réalisé par son arrangeur fétiche, Massambou Wele Diallo. Avec Mogoya, la star malienne change de label, rejoignant No Format après un quart de siècle chez World Circuit, maison dans laquelle elle était entrée grâce au soutien d'Ali Farka Touré. Pour autant, elle demeure fidèle à sa ligne de conduite, s'inscrivant dans le sillon des précédents recueils. Pour avoir finalement peu enregistré en direction de l'Europe, celle que l'on nomme de son simple prénom - privilège des plus grands - a constamment cherché à éprouver son esthétique en la croisant aussi bien à la diversité propre au Mali qu'à des musiciens du monde entier. Le funkster Pee Wee Ellis et le musicien électronique Nitin Sawhney dès 1996, le flûtiste Magic Malik et le batteur américain Will Calhoun, pour Seya, album de 2009 confié à l'arrangeur Cheick-Tidiane Seck. On y entendait aussi une profonde ouverture panafricaine, symbolisée par les roulements du tambourinaire Tony Allen. Huit ans plus tard, le Nigérian est encore là, sur deux titres.

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