Elles ont été reconnues coupables d'atteinte aux symboles de la République, aux biens et aux personnes. Le procès a duré jusque tard dans la nuit avant que ne soit prononcée à leur encontre des peines variant de 2 à 8 ans de prison ferme. Au moyen de films vidéo, photos et témoignages concordants, ces dix-huit personnes avaient été formellement identifiées comme étant les véritables investigatrices des émeutes. Les petites escarmouches provoquées à partir de début juin par quelques individus mécontents du lieu d'implantation du logement qui leur a été attribué se sont transformées en émeutes. La situation avait atteint son paroxysme au point de transformer cette cité bidonville en une zone interdite durant plusieurs jours. Sans électricité domestique, éclairage public et sans eau potable pour cause d'interdiction d'accès aux agents de la Sonelgaz et des eaux, la situation avait tourné à l'anarchie. Durant plusieurs jours, des pneus incendiés, des poteaux d'éclairage public arrachés de leur socle, des conduites éventrées et des barrages d'objets hétéroclites ont donné à cette cité une image d'apocalypse. Ni les élus de la commune d'El-Bouni ni leurs pairs de l'APW de Annaba et encore moins les appels au calme lancé par les imams n'ont dissuadé les émeutiers à poursuivre leur œuvre de destruction. Epées, couteaux de boucher et cocktails Molotov avaient accueilli les éléments de la brigade antiémeute dans leur tentative de mettre un terme à cette situation. Elle a été aggravée par la présence de plusieurs personnes étrangères à la cité. Après avoir brûlé l'emblème national, incendié l'agence postale qu'ils avaient préalablement vidée de son contenu et l'annexe administratif de l'APC, et tenté d'occuper le commissariat de police, les émeutiers avaient défilé dans les rues, un drapeau français de plusieurs mètres déployé. C'était comme si tout avait été préparé de longue date dans ce bidonville SAS hérité de la période coloniale. Les violents heurts entre policiers et émeutiers avaient entraîné plusieurs dizaines de blessés particulièrement chez les éléments de la brigade antiémeute et chez les personnes âgées incommodées par le gaz lacrymogène. Tous ces faits reprochés aux 18 personnes sont mentionnés sur l'arrêt de renvoi dont la lecture a nécessité plusieurs heures. Le président du tribunal a retenu à l'encontre des 18 inculpés l'atteinte aux symboles de la République, troubles à l'ordre public, dégradation de biens publics et privés et outrage aux représentants de la loi. Quelques heures auparavant, quelques kilomètres plus loin, le P/APC d'El-Bouni en charge des problèmes des habitants de la cité SAS Sidi Salem et le subdivisionnaire de la DLEP ont été reconnus coupables du délit de corruption par le président du tribunal correctionnel Dréan (Tarf). Tous deux avaient été surpris en flagrant délit percevant le montant de leur corruption pour l'octroi d'un marché. L'entrepreneur concerné avait alerté les services de la brigade de gendarmerie qui leur avaient tendu une souricière. Convaincus de corruption, les deux comparses ont été condamnés chacun à 4 ans de prison ferme et 500 000 DA d'amende. C'est le 2e P/APC de la même tendance politique FLN de cette commune de 160 000 habitants, dans la périphérie du chef-lieu, à être condamné pour corruption avérée.