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Il y a un mois décédait Amar Zeghrar, ancien secrétaire général à la présidence de la République : Chronique d'une Algérie «en quête d'une conscience nationale»
Publié dans Le Quotidien d'Oran le 24 - 11 - 2014

«Submergé par les flots de l'utopie, l'espoir citoyen s'en ira dans cette humilité propre à l'enfant vertueux, quémander un ultime refuge dans les bras toujours réconfortants de cette paternité novembriste qui avait bien promis de dessiner sur le visage de l'Algérie indépendante cet indélébile sourire de Larbi Ben M'hidi».
C'est en 2004 que Amar Zeghrar écrit ces lignes. Il déplore le fait que ce sourire du grand martyr n'a pas été protégé par ceux qui pourtant avaient prêté serment pour que «vive l'Algérie». Au-delà de «l'élan euphorique étourdissant», écrit-il, en évoquant le 5 juillet 1962, date de l'indépendance de l'Algérie, «l'espoir citoyen se laissa abuser par la fatuité humaine qui, depuis, n'a eu de cesse de contrarier l'expression de ce sourire légendaire et d'éprouver le visage qui le porte avec d'indignes simagrées au ravage desquelles il est devenu bien problématique d'y pallier aujourd'hui».
En ces jours «novembristes», il est bon de rendre hommage à Amar Zeghrar, un des enfants nationalistes de ce pays. Parce que pour lui, novembre est un mois qui rappelle «le sourire de Larbi Ben M'hidi qui illumina de mille espoirs le visage de la Révolution algérienne comme pour lui faire avouer (…) l'allègre avancée de l'Algérie éternelle vers l'inéluctable accomplissement de sa propre légende nationale.»
«LA PRESIDENCE DE LA REPUBLIQUE LACHE UN GRAND COMMIS DE L'ETAT»
Ce 23 novembre, Amar Zeghrar aura fait un mois depuis qu'il a quitté ce bas monde. Cet ancien secrétaire général de la présidence de la République est parti sur la pointe des pieds, discrètement, comme il a vécu. «Il est vrai que la mort est inexorable mais l'histoire humaine nous enseigne que l'autre vie l'est également pour ceux qui savent mourir», écrit-il dans le même texte. Il explique : «L'éternité est amie fidèle de ceux qui choisissent une cause noble pour se fondre en elle jusqu'à y mourir et en mourir, le reste n'est que jactance et facétie de mauvais alois.»
Amar Zeghrar a eu une vie intense en activités. C'était, me dit-on, «un grand bosseur là où il a travaillé». Il est passé par plusieurs secteurs. Il a été cadre au ministère de la Jeunesse et des Sports, de la Santé, directeur d'un hôpital à Batna, sa région natale, et il a été aussi directeur du CNMS d'Alger. Il a fait un passage au ministère de l'Agriculture, et a été conseiller dans celui de la Justice de 1989 à 1994. C'est à cette date que Liamine Zeroual, appelé pour remplacer le Haut Comité d'Etat (HCE), l'a désigné comme chargé de mission à la présidence de la République. Les deux hommes étaient liés par une profonde amitié et se vouaient mutuellement un grand respect. En 1995, Zeroual est élu président de la République. Il nommera Amar Zeghrar comme secrétaire général de l'institution qu'il dirigera jusqu'en 1999. «La présidence de la République lâche un grand commis de l'Etat», déplore Chaâbane Zerouk, l'ancien chef de cabinet de Ahmed Ouyahia en 1997 alors chef du gouvernement.
Zeghrar évoque en 2004 «cette maturité propre aux puissantes nations qui ont su méditer et pu faire de l'acte électoral un exercice constitutionnel hautement privilégié pour offrir à leurs consciences consentantes l'opportunité fertile d'exprimer souverainement le choix qu'elles estimaient être le plus conforme à leurs ambitions légitimes». Un choix souverain «parce qu'accompli en toute conscience, exercé en toute liberté et exprimé en toute loyauté», «s'avérera être au fil du temps l'incontestable voie à l'emprunt de laquelle s'offrent les conditions pour l'entame des grands travaux que requiert l'œuvre de construction démocratique d'un destin national».
«L'ECARTELEMENT D'UN PAYS PAR SON INFINIMENT MULTIPLE»
C'est ce que Zeghrar considère comme «le sens premier et immédiat», écrit-il encore, «de ce que mon intime conviction considère comme être l'intérêt supérieur de mon pays, c'est-à-dire celui d'un patriotisme agissant bien porté par une synergie de dignité nationale autrement efficiente et d'affirmation du soi algérien autrement persuasive». 2004 a été marquée, faut-il le rappeler, par une course à la présidentielle de candidats, du moins certains, qui n'avaient comme projet de société que l'insulte et l'invective. Un peu avant, Zeghrar avait, dans ses écrits, beaucoup parlé du terrorisme, de sa condamnation, de la lutte contre ses éléments, et de ses effets néfastes sur les citoyens algériens. Mais il croyait profondément en l'unité nationale. Il avait d'ailleurs largement contribué à l'élaboration de la loi sur la Rahma que le président Zeroual a parrainée. «C'est Amar Zeghrar qui lui a donné comme nom la Rahma», nous précise Chaâbane Zerouk qui parle de son ami avec une grande tristesse.
«Subsiste-t-il encore une survivance de sagesse dans les tréfonds de la conscience nationale capable de faire entendre la voix de la raison à la passion du cœur et de tarir la source génératrice de tous ces élans de violence qui flagellent si inconsidérément l'honneur de l'Algérie et la dignité de son peuple ?» interrogeait Amar Zeghrar encore en 2003.
Il pense ainsi que «l'unité nationale souffre de l'excentricité de l'infiniment multiple de la société algérienne». Un infiniment multiple qui à défaut d'être «une fabuleuse sève nourricière de la grandeur de l'unité des nations, c'est paradoxalement l'inverse qui s'est produit en Algérie par notamment une désagrégation de la personnalité algérienne n'en témoigne l'expropriation opérée par des partis politiques qui dans l'exclusivité de l'utilisation séparée de ses constituants se servent de l'islamité, de l'arabité ou de l'amazighité à profusion». C'est, pour lui, «un écartèlement des constituants de la personnalité nationale (qui) dénature le débat politique, disqualifie l'aspiration démocratique, alimente la persistance de la crise algérienne et prolonge la survie de son inextricable dénouement». Ces vérités et bien d'autres, Amar Zeghrar les «assène» dans un texte qu'il a intitulé «L'Algérie en quête d'une conscience nationale». Il n'a pas eu le temps de démontrer comment et pourquoi fait-il sienne la promotion du «précepte de l'adhésion participative comme soubassement matriciel à l'avènement pacifique de cette IIème République tant espérée (…)» Amar Zeghrar s'est éteint le 23 octobre dernier, à l'aube, à un moment où le commun des mortels dormait en attendant de vivre un jour nouveau. Aucune institution y compris celles qu'il a servies avec dévouement, n'a fait part publiquement de son décès même si toute la «nomenklatura» dans toutes ses castes était à son enterrement au cimetière de Cheraga, aux habitants qu'il aimait tant.
QUAND LES INSTITUTIONS ACHEVENT LEURS CADRES
«La prétention humaine n'est qu'atome infatué devant l'infinité de l'univers, elle est l'aveu pleutre de l'échec de toute une vie et au mieux elle ne peut qu'être expression hideuse d'une vie en déshérence à l'article de la mort», pense cet humble à l'âme soufie. Il est parti à 58 ans, à peine. Un âge où l'on continue naturellement à croire en la vie, encore prêt à fournir des efforts, à travailler, à élever des idéaux. Mais ce n'était peut-être plus son cas, non pas parce qu'il n'aimait plus la vie, ou il était malade et se tenait prêt à partir à tout moment. Non…
En mai 1999, quelques jours après l'élection de Bouteflika, usages des pouvoirs exigent, Amar Zeghrar a remis sa démission du poste de secrétaire général de la présidence de la République qu'il occupait sous Liamine Zeroual. Bouteflika refusera sa démission. Mais, il lui signifiera quelques jours plus tard une mise de fin de fonction. Zeghrar n'avait que 43 ans. Bien que membre fondateur du RND, il avait tourné le dos à toute activité politique. Il a été «cassé» prématurément. Reste que sa sagesse, son humilité et sa bonté de cœur ont fait de lui un homme très bien entouré et grandement apprécié.
Son ami Bakhti Belaïb l'évoque avec une gorge serrée. «Amar est parti trop tôt, mais je sens toujours qu'il est là à mes côtés», nous dit cet ancien ministre du Commerce, membre du RND en retenant difficilement ses sanglots. A l'instar de beaucoup de ses amis, Belaïb ne s'en remet pas. Il le pleure à chaudes larmes, jusqu'à faire un malaise. Ses amis savent que Zeghrar est parti le cœur serré parce qu'il voyait l'Algérie se perdre dans les méandres de castes de pouvoirs aux intérêts incompressibles. Il aimait lire Jabran Khalil Jabran quand il écrit «Malheur à la Nation qui abandonne sa religion pour les sectes, les champs pour la truelle et la sagesse pour la logique ; Malheur à la Nation qui se vêt de ce qu'elle n'a pas tressé, qui mange ce qu'elle n'a pas semé, qui boit ce qu'elle n'a pas pressé». C'est par ses vers que «gémit la grande Faïrouz quand elle évoque son pays», lui avions dit un jour.
Paix à ton âme dont la sagesse, l'humilité et la spiritualité t'ont permis de nouer des amitiés profondes, sincères et solides.


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