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Dérive
Publié dans Le Quotidien d'Oran le 17 - 12 - 2014

Une chercheure en anthropologie, Meriem Bouzid-Sebabou, fait l'objet d'attaques de la part de «notables» de Djanet pour avoir évoqué dans un petit passage le fait que certaines femmes se soient trouvées contraintes durant la période coloniale à s'adonner à la prostitution. Un petit passage écrit prudemment, au conditionnel, dans un travail de recherche studieux de longue haleine sur le «sens du rituel de l'Achoura dans l'oasis de Djanet», instrumentalisé pour être transformé en une insulte et diffamation contre les femmes de Djanet. Le contraire même de l'esprit d'une recherche où l'empathie ou le sens de «l'observation participante», selon la formule de l'anthropologue Bronislaw Malinowski, est de mise.
La chercheure qui a reçu le soutien de nombreux enseignants est dépeinte comme une diffamatrice qui met en cause «l'honneur» des femmes de Djanet par des «notables» qui ont saisi le Premier ministre pour réclamer des excuses publiques et le retrait du passage du livre. Une exigence exorbitante à laquelle la ministre de la Culture aurait répondu positivement en demandant au CNRPAH (Centre national de recherche préhistorique, anthropologique et historique) de retirer le livre des «Ennen Kel Sbeiba…» des circuits de diffusion. Et cela devient encore plus grave que l'appel à la censure des notables. Les enseignants et chercheurs du CNRPAH s'indignent également de voir que le directeur du centre en soit arrivé à «exiger la suppression des passages incriminés et la présentation d'une lettre d'excuses aux personnes se disant les notables de Djanet El Mihan». C'est en effet une grave dérive.
Les notables de Djanet ou d'une toute autre région n'ont pas à dicter leur volonté ou leurs visions de l'honneur à des chercheurs. Qu'ils essayent d'en faire une «affaire» en utilisant les médias et les réseaux sociaux n'est pas surprenant. Mais qu'une autorité ministérielle et la direction d'un centre de recherche puissent au nom de «l'évitement des nuisances» leur donner raison, cela est inacceptable. Si un chercheur doit intégrer dans ses règles de travail la vision morale des gens et le souci politique de «tranquillité» des gouvernants, cela veut dire tout simplement qu'il s'interdit de faire du travail scientifique. C'est bien la porte ouverte à l'obscurantisme dans un pays qui a besoin, plus que jamais, de science et de savoir. C'est d'autant plus insupportable que la diffamation présumée est totalement inventée.
Le travail de recherche, ainsi que l'ont relevé des universitaires, est au contraire marqué par une forte empathie envers la population de l'oasis de Djanet. La chercheure en est réduite à souligner qu'elle ne peut diffamer une communauté dont elle fait partie puisqu'elle est «l'épouse d'un Targui et la mère de deux filles targuies». Meriem Bouzid-Sebabou a posé une question à propos des appels à la censure et de la réceptivité de certains responsables à cette demande : «Qui détient une autorité sur les idées scientifiques d'un chercheur, ne touchant ni à la religion ni à la dignité des personnes, évoquant juste une partie de ce qu'ont enduré les habitants durant la période coloniale ?». La réponse est claire : ce ne sont ni des notables ni le gouvernement. C'est la qualité et la rigueur qui décident de la valeur d'un travail. Et il faut rejeter avec vigueur toute intrusion des autorités sur le travail des chercheurs. Une extension des tabous politiques et sociaux déjà pesants au domaine de la recherche serait une calamité.


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