De la révision de la Constitution, l'article 51 est celui qui a cristallisé le plus les attentions, exacerbant les passions et révélant au grand jour les divergences entre Ouyahia et Saadani. La Constitution est passée et le texte en question est devenu l'article 63 qui énonce que la nationalité algérienne exclusive est requise pour l'accès aux hautes responsabilités de l'Etat et aux fonctions politiques. Si ses postes n'avaient pas été désignés, laissant la porte ouverte aux spéculations de salon, c'est chose faite depuis ce mardi avec la tenue du Conseil des ministres sous la présidence du chef de l'Etat. Ainsi la nationalité exclusive, et il faut le souligner, ouvre droit à la présidence des deux chambres du Parlement, du Conseil constitutionnel, de la Cour suprême et du Conseil d'Etat ainsi que de la Haute instance indépendante chargée de la surveillance des élections, à la fonction de Premier ministre et de membres du gouvernement, le Gouverneur de la Banque d'Algérie et les responsables des organes de sécurité. Au chapitre militaire, le projet de loi englobe les principales responsabilités et fonctions au sein de l'Armée nationale populaire et prévoit de les élargir par décret présidentiel à toute autre responsabilité militaire. Cette disposition de la Constitution a été très mal perçue par la diaspora algérienne à l'étranger, principalement installée en France et au Canada, et poussé le SG du FLN à monter au créneau pour exiger son retrait allant jusqu'à la qualifier de discriminatoire vis-à-vis des Algériens détenteurs de la double nationalité. Cette opposition inaccoutumée de Saadani à Bouteflika a poussé les observateurs de la scène politique nationale à se poser des questions sur les équilibres du moment et cette passe d'armes entre les deux présumés successeurs du président a précipité le recul du patron fléniste du devant de l'actualité politique. Sellal, et pour dépassionner les débats, a affirmé que cet article aura permis d'évoquer, et «pour la première fois dans l'histoire du pays», la question des binationaux. Si en théorie le texte de loi est clair et qu'il est limitatif dans le choix des hautes fonctions de l'Etat, la question la plus naturelle que se posent les Algériens est de savoir quel sera l'avenir de ces responsables détenteurs de deux voire trois passeports. En effet, des chiffres hallucinants circulent sur le nombre des anciens ministres algériens détenteurs de la double nationalité qui se sont installés en France ou ailleurs. Dernièrement, un député avait ouvertement reproché à un ministre du gouvernement Sellal son passeport français. Quid de ces cas ?