Les efforts déployés des années durant pour accélérer l'ouverture des centres anti-cancer et l'achat de nouveaux équipements ont contribué à la réduction des délais pour les rendez-vous de la radiothérapie. Mais, quand on dit réduction des délais, c'est par rapport aux années précédentes et non pas par rapport aux normes exigées. Autrement dit, les délais d'attente pour les rendez-vous des séances de radiothérapie pour les cancers de la tête et du cou par exemple sont passés d'une moyenne d'une année à 2 ou 3 mois. Un délai considéré toujours par les oncologues comme long, car l'irradiation devrait se faire en principe dans un délai qui ne dépasse pas les quinze jours, une fois le diagnostic établi et une radiothérapie première recommandée. C'est ce qu'a soulevé le professeur Mohamed Ouaken, chef de service d'oncologie de l'hôpital Beni Messous, lors d'un symposium scientifique organisé par le groupe allemand Merck à l'hôtel Sofitel au profit des personnels de la santé traitant les cancers de la tête et du cou d'Alger, d'Oran et de Constantine. A noter que des spécialistes de l'ouest et de l'est du pays ont apporté leur contribution lors de ce symposium, à travers leur intervention par vidéo conférence. Parmi les questions récurrentes posées par nos spécialistes à l'imminent professeur français, Jean-Louis Lefebvre, ancien chef de département de cancérologie du centre Oscar Lambret, c'est «est-ce qu'on peut faire de la chimiothérapie dans l'attente de faire de la radiothérapie ?», ce qui ne semblait pas une bonne solution pour le professeur. Pour Jean-Louis Lefebvre, l'idéal est de faire de la radiothérapie au bon moment. L'oncologue Mohamed Ouaken a affirmé dans ce sens que pour faire une radiothérapie dans les temps, il faut qu'il y ait suffisamment d'appareils de radiothérapie, ce qui n'est pas le cas aujourd'hui. Le Pr Ouaken s'est dit tout de même optimiste pour l'avenir proche. Il prévoit une réduction des délais de rendez-vous pour les séances de radiothérapie après l'ouverture des centres anti-cancer de Sidi Bel-Abbès, Tlemcen et Draa Benkheda dans la wilaya de Tizi Ouzou. Il a affirmé, par ailleurs, que les cancers de la tête et du cou ne sont pas des cancers assez fréquents par rapport aux cancers du sein, du poumon, du colon et du rectum qui sont plus prévalents. Mais il a tenu à préciser que le cancer du cou et de la tête par exemple en Algérie, et au Maghreb touche beaucoup plus les sujets jeunes, contrairement aux pays occidentaux, où la tranche d'âge de ces cancers en Europe touche le plus les sujets de plus de 60 ans. Il affirmera en outre que même les causes ne sont pas les mêmes «en Occident, c'est surtout la consommation du tabac et de l'alcool, chez nous c'est généralement les infections virales parfois négligées et non traitées». «Malheureusement même certaines infections traitées resurgissent et provoquent un cancer». Mohamed Ouaken précise que pour le moment les traitements de chimiothérapie et les traitements ciblés sont disponibles. Le seul point noir est «la durée des rendez-vous de la radiothérapie qui n'est pas à la faveur des résultats et de l'efficacité du traitement pour le malade». A souligner qu'à travers la plateforme digitale «mycancero», dédiée à l'usage exclusif des professionnels de la santé dans le domaine du cancer de la tête et du cou, le symposium a pu être suivi par de nombreux spécialistes algériens en live-streaming sous format de webinar.
