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CONTRIBUTION : L'économie de la connaissance, vecteur stratégique de la relance économique de l'Algérie

De l'avis général des opérateurs économiques et autres institutions spécialisées, créer une nouvelle organisation sans objectifs stratégiques n'apportera aucun résultat comme en témoignent les différentes organisations de 1963 à 2014 : outre le coût croissant et la démobilisation que cela entraîne due à l'instabilité juridique, l'Algérie de 2014 exporte toujours 98% d'hydrocarbures à l'état brut et semi-brut et le secteur industriel représente moins de 5% du produit intérieur brut, 83% de la superficie économique étant constituée de petits commerces services.
Par ailleurs, on ne relance pas l'économie par décrets, ou par des lois, vision bureaucratique du passé, ni par le mythe de l'injection de technologies transférées des pays avancés et des contrats «clé en main» sans transfert technologique et managérial. Les entreprises publiques économiques fortement déficitaires puis apurées, un secteur privé marginalisé, des centres de recherche et développement, malgré leurs nombres émiettés à travers les universités du pays sans relations entre eux qui piétinent ne collant ni à l'environnement local et international, la marginalisation ou le départ des meilleurs cerveaux, que faut-il faire ?

1- Nous avons tous cru que le temps des signatures des contrats «clé en main» d'usines et complexes industriels était irréversiblement révolu. Cependant, l'aisance financière dont jouit actuellement le pays semble réveiller d'anciens démons. Récemment, la loi relative à la participation étrangère dans les investissements productifs à un maximum de 49% sans délimiter ce qui est stratégique et ce qui ne l'est pas, vient bouleverser encore les données. Ce sont toujours les structures administratives qui contrôlent les structures de production. Pour parachever la description du contexte dans lequel s'inscrit notre réflexion, il est nécessaire de préciser que se déroulent sous nos yeux des mutations profondes à l'échelle de la planète et que nul ne peut en prévoir les issues. Nous sommes nombreux à penser à ce sujet qu'en Algérie aucune amélioration notable n'apparaîtra sans évolution politique, morale, culturelle et sociale, les progrès de la démocratie, le rétablissement d'une authentique échelle de valeurs, la diminution des inégalités sociales et la suppression de la corruption et de la spéculation à tous les niveaux. Le drame, mieux constaté aujourd'hui, est que l'improductivité (distribution de la rente sans contreparties productives pour une paix sociale éphémère) a été cultivée pendant plus de cinquante ans par l'Etat jouant d'une main la manne pétrolière et de l'autre une politique sociale d'assistés. La «vache sacrée» du pacte implicite en vertu duquel on échange des emplois non productifs contre une faible rémunération et une productivité médiocre. Par ailleurs, si le secteur public est aujourd'hui montré du doigt, les entreprises privées sont-elles préservées de ces mêmes difficultés ? Nous pensons qu'il s'agit d'un problème global qui touche non seulement tous les types d'entreprises algériennes, mais aussi tous les secteurs de l'économie nationale. L'Algérie a besoin d'une refonte totale d'un système économique, politique, social, moral et culturel.

2- La démocratie, la participation, l'implication et la concertation sont la voie incontournable conduisant à l'espoir et à l'espérance. Sans le respect de ces principes, le terme développement perd tout sens. Si on accepte de situer la technologie en tant qu'instrument essentiel d'industrialisation, de progrès économique et social il convient alors de s'interroger de manière concrète comment établir la jonction entre les objectifs du programme du gouvernement et le réseau fondamental du savoir et du savoir faire. Donner à ceux qui savent l'opportunité de montrer ce qu'ils peuvent faire. En d'autres termes, quelle stratégie suivre à moyen et long terme pour continuer le processus d'industrialisation, construire l'intégration des différents secteurs d'activité, imbriquer nos unités industrielles dans la complémentarité et l'harmonie, produire «qualité» et gagner de nouveaux marchés ? Comment mettre sur chantiers toutes les compétences et toutes les énergies devant contribuer à cette construction ? L'approche consiste à prendre appui sur les Hommes et leurs Idées. Trois défis principaux à relever, au centre desquels l'homme nous paraît être la ressource clé de la réussite : un défi économique ; un défi technologique et l'élément déterminant le défi socioculturel. S'agissant du premier, nos entreprises doivent être plus compétitives et donc augmenter la productivité du capital, du travail et de l'organisation. En outre, elles doivent améliorer la qualité des produits par le développement de la recherche et l'innovation. Dans toutes ces composantes l'homme intervient de façon prépondérante par le développement du service client, le goût du travail bien fait, l'implication de tous les ouvriers à l'effort et l'amélioration de la productivité et des produits, un système de rémunération liée au résultat collectif et individuel, l'amélioration des conditions de travail et de l'environnement, l'information et la communication entre le collectif et le management. Pour le second, la technologie reste un élément essentiel de la compétitivité à condition qu'elle soit intégrée de manière cohérente avec l'organisation et les hommes. Son choix, sa mise en œuvre et son développement doivent être confiés aux spécialistes de l'entreprise afin de les impliquer totalement pour relever ce défi, gagner la confiance des autres et la confiance en soi. Enfin le troisième, traduit l'évolution de notre histoire industrielle. Les générations d'ouvriers et cadres se suivent, mais ne se ressemblent pas. Les raisons d'impuissances évoquées hier ne sont plus valables aujourd'hui, les mentalités aussi ont changé. Les nouvelles générations de salariés n'ont pas les mêmes attentes du travail que leurs aînés. Ne pas changer les politiques sociales d'entreprises ferait courir le risque d'implosion sociale. Les nouveaux managers des entreprises doivent souffler le vent des réformes à l'intérieur de l'entreprise y apportant une recomposition de l'activité, une revalorisation de l'expérience et du savoir-faire, une formation continue assurant la promotion et une prise en main du devenir de l'entreprise par ses membres écartant définitivement l'Etat. Et pour assurer la faisabilité de ces objectifs, quatre principes sont à respecter : gérer les changements dans le temps, par un dialogue constructif et permanent, une adaptation constante, mais sans déviation, une évaluation objective et une analyse périodique ; l'unité dans l'action sans écarter une concertation et diversité de points de vue sur la démarche. Pluralité de pensée, mais unité dans l'exercice ; la détermination, car les résultats ne sont jamais immédiats et le fruit met un temps avant de mûrir. La persévérance reste le prix à payer pour envisager le succès et enfin la rationalité des actions et objectifs en fonction des contraintes externes et internes de l'entreprise. Sans l'observation de ces principes, les objectifs de redressement, d'assainissement et d'expansion ne seront que pures chimères et illusions.

3- Qui sont les acteurs de ces mutations ? Le nombre d'ingénieurs employés dans les grandes entreprises publiques peut dans certains cas paraître significatif, mais ce serait se laisser tromper par les apparences. Dans une large proportion, l'encadrement de qualité notamment les réseaux intermédiaires fait cruellement défaut. En fait, la rémunération des ingénieurs et cadres ne permet pas de retenir les meilleurs. En conséquence, un grand nombre d'entre eux se reconvertissent à des activités plus lucratives parfois sans aucun rapport avec leur formation. D'autres émigrent dans des pays industrialisés qui font ainsi l'économie de leur formation. Ceux qui restent n'ont trop peu de motifs de satisfaction pour donner le meilleur d'eux-mêmes. Par ailleurs, les jeunes ingénieurs et cadres qui arrivent sur le marché de l'emploi ont une formation essentiellement théorique avec trop peu de savoir pratique. On peut ainsi légitimement se demander si les systèmes de formation universitaire sont réellement adaptés aux objectifs du développement du pays. Ainsi, une main-d'œuvre spécialisée nous semble d'une importance capitale, car elle constitue le moteur tant du dispositif de production et que de sa qualité permettant en grande partie, la productivité du capital et la qualité des produits. La tradition industrielle qui distingue les pays développés des autres se bâtit essentiellement sur cette catégorie professionnelle. Notre analyse nous permet d'affirmer que nous sommes bien loin de lui avoir accordé toute l'attention nécessaire et veillé à sa consolidation et sa promotion. Quelle situation rencontrent les jeunes diplômés aujourd'hui? Des milliers de jeunes gens arrivent chaque année sur le marché de l'emploi parmi eux des jeunes techniciens, chercheurs, ingénieurs, commerciaux, comptables, etc. Du fait de la distribution des âges de la population algérienne, ce nombre ira de façon croissante dans la prochaine décennie : quel avenir pour les 1,5 million d'étudiants sorties des universités en 2018/2020 avec une baisse alarmante du niveau, sans compter le taux croissant de déperdition scolaire entre le primaire et l'université ? Du fait du faible taux de croissance (moyenne de 3% entre 2000/2014 malgré une dépense publique sans précédent, de la déperdition du tissu productif (l'illusion est de créer des emplois administratifs), les secteurs économiques (public et privé) ne sont plus en mesure d'accueillir le flux croissant de diplômés. De plus, toute tentative de recherche de gains de productivité dans la plupart des entreprises conduirait inévitablement à des compressions d'effectifs, y compris dans l'encadrement. Ainsi il apparaît clairement que les démarches précédentes en matière de création d'emplois par de lourds investissements monoblocs ne peuvent en aucun cas apporter des solutions probantes et qu'il est absolument nécessaire de rechercher de nouvelles approches. Si on trouvait les moyens de convertir ces jeunes cadres non plus en demandeurs d'emploi, mais en entrepreneurs motivés, résolus et bien préparés à affronter l'aventure passionnante, mais aussi difficile de l'entreprise, nous tournerions définitivement une sombre page de notre histoire industrielle et ouvrirons un espace gigantesque de progrès et d'espérance pour les générations futures. Dans le même sens, si on convertissait les jeunes ouvriers qualifiés et les moins jeunes, en artisans chevronnés il se créerait des synergies et une forte densification des activités entrepreneuriales qui résorberont progressivement le chômage. L'Algérie se prête parfaitement à ce projet, et ce, à plusieurs raisons : marché important ; très larges possibilités de sous-traitance industrielle ; ressources naturelles importantes ; communications et transport relativement bon ; disponibilité de certaines matières premières. La contribution massive des cadres entrepreneurs algériens devra constituer à l'avenir l'un des vecteurs porteurs de la politique de relance économique. Parmi les jeunes diplômés qui ont ou auront cultivé un projet industriel (fabrication ou service) durant leur formation ou leur expérience professionnelle, des opportunités motivantes de concrétisation s'offriront à eux, grâce au concours des organismes spécialisés d'aide à la promotion des PMI, des institutions financières, etc. De même, les cadres des entreprises (chefs d'atelier, ingénieurs et techniciens, chercheurs, inventeurs, innovateurs de toutes spécialités) ayant acquis une solide expérience dans la production, les services ou la recherche appliquée pourront apporter leurs concours à l'édification de l'intégration industrielle nationale. Dans ce sens, il est donc indispensable que l'on réfléchisse à une politique de promotion de l'homme et de ses idées apte à assurer une meilleure transition et transformation d'un projet (individuel ou collectif) en réalisation industrielle. L'homme apporte l'idée ou l'art, l'Etat crée les fonctions initiatives, les organismes de promotion apportent les matériaux de base, les promoteurs financiers le capital, les promoteurs technologiques (entreprises d'engineering, centres de recherche & développement, etc.) leurs assistances techniques, les entreprises de réalisation et fabrication fournissent les biens et services et enfin les promoteurs économiques (EPE intéressées par le service ou le produit) ouvrent le marché. Dans ce schéma, nul besoin aux entrepreneurs véhiculant un savoir et/ou savoir-faire de disposer du capital ou même d'une partie de l'investissement pour se constituer en PMI. La véritable garantie sur laquelle les partenaires miseront sera les compétences de l'entrepreneur et la viabilité économique du projet. Cela suppose une révision totale du système financier qui malgré ses surliquidités qu'il n'arrive pas à transformer en richesses réelles se confinant actuellement en guichets administratifs qui doit devenir un véritable partenaire. C'est une démarche qui consiste à créer la richesse à partir du travail de l'homme, son art, sa créativité et son initiative. L'image de l'entrepreneur industriel ne sera plus celle d'une poche pleine, mais celle d'une tête pleine. Il s'agit de cueillir le fruit des moyens considérables investis dans la formation de l'homme et de revaloriser l'art et la connaissance. Il est certain qu'à côté de cette nouvelle démarche ouverte à une large participation et construction commune de l'intégration industrielle et du développement, ces propositions devraient avoir un très puissant effet d'entraînement dans de nombreux secteurs d'activité du pays, qu'il s'agisse de l'avenir des efforts consentis en matière d'éducation et de formation, de nouveaux types d'interrelation entre les diplômés, les hommes de l'art et des techniques d'une part, le monde du travail, le réseau de services publics, les EPE, les collectivités locales, l'environnement et le monde politique d'autre part.
4- Notre vision de développement axé sur l'esprit d'initiative, d'innovation et de création des entrepreneurs qui substituerait le dialogue, la confiance, la participation et le partenariat à la méfiance entre d'une part le secteur privé et le secteur public et le secteur de l'industrie en général et les institutions financières, ne peut manquer de paraître audacieux. Oui ce projet est effectivement ambitieux, mais il convient de le situer dans un contexte nouveau, celui de la prise de conscience, par les jeunes hommes et femmes de ce pays, de la nécessité de changer la façon d'organiser les rapports sociaux : rendre responsable à tous les niveaux, les individus et les collectivités est la condition impérative du succès de la relance économique, de l'espérance et de la paix sociale. Sa réussite implique un renouveau politique basé sur l'Etat de Droit et une meilleure gouvernance avec des objectifs précis sous-tendus par une nette volonté politique de changement de l'économie comme nous l'ont appris les classiques étant avant tout politique avec une finalité humaine. Nous sommes en droit de nous interroger s'il existe une adéquation entre la formation offerte aux ingénieurs, techniciens, économistes, commerciaux et l'esprit des réformes nécessaires pour nous adapter aux nouvelles mutations mondiales. Dans les pays de l'OCDE, dans les filières technologiques, l'accent est aujourd'hui mis sur les aspects pratiques qui conditionnent la vie industrielle bien plus que les belles théories fondamentales. En effet, pour maîtriser la complexité croissante des techniques et des produits tout le monde juge indispensable, s'impose une élévation générale du niveau de formation et de qualification de l'encadrement industriel algérien. Des efforts devront rapidement s'effectuer dans ce sens et s'articuler autour d'une réflexion globale capable de susciter une nouvelle dynamique et un véritable saut qualitatif. Un grand espoir repose notamment sur un nécessaire rapprochement entre les universités et autres centres de formation et de recherche d'une part et les entreprises d'autre part. En faisant preuve d'imagination et de volonté d'écoute auprès des différents secteurs de la production, on pourrait aboutir à une harmonisation des flux d'entrée et de sortie des établissements de formation. On pourrait également construire de nouveaux ponts, revoir les méthodes et outils pédagogiques ainsi que le contenu de la formation adapté aux besoins nouveaux du secteur de l'industrie et des manufactures.
5- Aussi paradoxal que cela puisse paraître, il semble qu'intuitivement tout un chacun reconnaît que nous avons tous à l'esprit un dénominateur commun : rompre avec l'expérience passée. Voici déjà un certain avantage et un point de repère qui permet du moins d'envisager l'avenir sans renouer avec un sombre passé. Cette rupture semble produire un consensus autour de certaines questions comme comment libérer l'Algérie de sa dépendance vis-à-vis des hydrocarbures, réhabiliter le secteur privé sain et productif et la libre entreprise hors circuit de spéculation, réformer le système de formation/qualification, adapter notre système bancaire au nouveau contexte économique et rapprocher les institutions et les opérateurs économiques pour être plus performant et prendre désormais en charge le devenir du pays, renvoyant à des réaménagements au sein de la structure du pouvoir, loin des aléas de la rente des hydrocarbures. Dans ce contexte, il est nécessaire d'assurer les conditions du meilleur dialogue possible entre les organismes publics et secteurs d'activité économique et mettre au point les modalités de coopération et d'échange les mieux adaptées. La collaboration entre les organismes publics sur des actions spécifiques doit être réexaminée afin de disposer de structures appropriées à la mise en commun des efforts. Il faut apprendre à travailler ensemble et il est nécessaire pour que les concepteurs, les entrepreneurs, les producteurs comme les utilisateurs jouent un rôle actif et moteur dans le développement technologique, d'établir des passerelles entre les secteurs d'activité. Celles-ci constitueront l'idée-force de l'intégration. Rappelons combien la présence d'un réseau diversifié de PMI/PME est indispensable à tout tissu économique équilibré. Leur mode d'activité qui se caractérise par une souplesse et des possibilités d'adaptation particulières est le complément indispensable de celui des grandes entreprises publiques économiques dont on sait qu'elles possèdent pour nature une grande inertie liée à leur taille même. Ces qualités font des PMI des vecteurs importants d'imbrication et d'intégration. Enfin, ces PMI peuvent apporter des créneaux potentiels importants pour l'exportation qu'il convient donc de promouvoir. Nul ne saurait ignorer que la promotion de la PMI est par nature un thème horizontal. Pour l'aborder, il faut mobiliser des équipes de travail multidisciplinaires qui mèneront périodiquement une réflexion sur un large front. Il s'agit de garder une vue d'ensemble tenant compte de la situation globale avec ses contradictions, ses disparités et sa fragmentation. Certes, les grandes EPE ont un rôle important à jouer dans le domaine de la consolidation de notre capital savoir-faire. Mais dans le cadre d'un co-partenariat, elles doivent se constituer en un organe particulier d'entraînement et d'encouragement à l'égard des PMI et l'expérience allemande est utile à étudier. Par ailleurs, dans le même sens, le rôle et l'attitude du secteur bancaire comme rappelé précédemment sont à revoir : il doit participer bien plus aux crédits à l'innovation technologique, spécialiser du personnel compétent et faciliter le conseil en gestion auprès des PMI. Enfin, les administrations centrales et organismes publicistes se constitueront plus en monopoles conduisant à un étouffement progressif des initiatives, mais en structures d'initiatives dont la mission permanente est la planification horizontale, l'orientation générale à des fins d'harmonisation et le contrôle des facteurs d'équilibre économique qui conditionnent les résultats de la politique industrielle. Nous pouvons en substance dire que ces rapprochements sont aujourd'hui indispensables pour relancer le tissu productif.
6- Mais cette nouvelle vision doit s'inscrire dans le cadre de toute une stratégie de développement respectant à la fois la rentabilité économique et les équilibres régionaux. En effet, le premier élément d'une politique de promotion des PMI et la croissance du potentiel de l'ensemble des wilayas, la répartition de cette croissance est déterminée en fonction des atouts de chacune, en s'appuyant notamment sur les activités existantes et celles qui éclosent à partir des besoins locaux. Le programme national de promotion des PMI doit consister à un ensemble de programmes régionaux compatibles avec la diversité, spécialité, l'environnement, etc. de chaque région. Dans ce sens nous préconisons la notion de pôles régionaux de synergie et promotion de PMI au nom de l'efficacité et la rationalité, supposant une réorganisation des collectivités locales, les micros institutions étant source d'inefficacité et de gaspillage des ressources financières. Telle région de jouer un rôle dans tel domaine à cause d'une présence significative d'un environnement favorable à son expansion (grandes EPE du domaine, instituts ou écoles supérieures de formation, centre de recherche et de développement, etc.,). Le lien d'ailleurs privilégié au plan régional, entre les industries mères, les centres de formation et de recherche d'une part et les familles de PMI à implanter d'autre part renforce cette tendance. Ce schéma n'est pas figé dans ce sens où s'agissant d'activités à caractères délocalisés (matériaux de construction, agroalimentaire, etc.) il n'est pas nécessaire de créer une spécialisation régionale. A l'opposé, pour la micromécanique, l'électronique, la mécanique, l'électrotechnique et d'autres, la région peut jouer un rôle spécifique dans le domaine de l'animation et du développement du potentiel des PMI pour accroître les activités existantes, dynamiser les centres régionaux de recherche et de développement et les centres de formation, stabiliser les cadres spécialisés et relancer l'emploi. Ainsi, la région pourra développer sa propre politique industrielle régionale notamment à partir des collectivités locales, des associations et entreprises pour atteindre ses objectifs et ses intérêts régionaux. A l'heure où émerge quelque peu la décentralisation comme décision politique, les autorités locales en liaison avec les universités et centres de recherche doivent prendre conscience de l'existence et de l'importance de la dimension régionale de la promotion de la PMI pour un nouveau mode de développement dans une Algérie en mutation. La nouvelle politique qui en découle repose sur la prise en charge par les wilayas des problèmes concrets et immédiats qui se posent à l'échelon local et sur leur volonté de poursuivre un mode approprié et spécifique de développement. Il faut donc qu'à l'avenir les régions retrouvent leur capacité d'innover, de proposer des solutions et de prendre des initiatives, tout particulièrement dans les domaines où la valorisation des ressources (expérience, savoir-faire régional, main-d'œuvre, matières premières, etc.) peut être mieux engagée. L'enjeu d'une politique régionale de promotion de la PMI n'est pas de se substituer à l'action des ministères concernés, mais de la compléter en apportant toutes les contributions régionales. Plusieurs questions viennent alors à l'esprit : comment organiser le dialogue entre les élus régionaux et les forces vives d'une région ? Comment doit-on concevoir des programmes régionaux de création de PMI compatibles avec l'environnement d'une région ? Comment enfin organiser l'indispensable dialogue entre les régions et le gouvernement pour mettre en place une politique régionale de promotion des PMI ? En résumé, avec l'épuisement des réserves d'hydrocarbures traditionnels horizon 2030 au moment où la population algérienne approchera 50 millions d'habitants, posant la problématique de la sécurité nationale, il y a urgence pour l'Algérie de s'insérer dans un nouveau régime de croissance tiré par l'économie du savoir et l'innovation. Mais il faut être réaliste et pragmatique et non utopique. La relance industrielle devra reposer sur les choix de développement des filières qui doivent être cohérents avec les tendances lourdes internationales. Et ces choix doivent correspondre aux attentes et à la structure socio-économique et culturelle du pays.

*** AbderrahmaneMebtoul est docteur d'Etat en gestion(1974, expert comptable de l'Institut supérieur de gestion de Lille (France)-LièsGoumiri diplômé de l'école polytechnique de Grenoble et de l'Institut des Sciences politiques de Paris


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