La situation des droits de l'homme dans les territoires occupés du Sahara occidental ne cesse de se détériorer en raison de la politique répressive adoptée par le Maroc, ont souligné jeudi à Alger des défenseurs et des militants des droits de l'homme. Un appel a été lancé à cette occasion aux organisations internationales et aux Nations Unies pour la création d'un mécanisme de contrôle et de protection des droits de l'homme face aux "pratiques répressives du Maroc visant à entraver la revendication du droit à l'autodétermination". Lors de la 13e semaine de solidarité et de fraternité, organisée entre la ville sahraouie de Dakhla et la commune d'Alger centre, sous la supervision de la Commission nationale consultative pour la promotion et la protection des droits de l'homme (CNCPPDH), plusieurs associations sahraouies ainsi que des militants des droits de l'homme ont apporté leurs témoignages sur les souffrances endurées par le peuple sahraoui dans les territoires occupés "face aux violations des droits de l'homme par l'occupant marocain". Graves violations des droits de l'homme dans les territoires occupés L'ambassadeur de la République arabe sahraouie démocratique (RASD) à Alger, Ibrahim Ghali, a qualifié la situation des droits de l'homme dans les territoires occupés de "déplorable", ajoutant que les citoyens sahraouis subissaient les pires violations des droits de l'homme, à commencer par l'enterrement dans des fosses communes jusqu'aux disparitions forcées des militants et défenseurs des droits de l'Homme". Il a rappelé dans ce contexte que le sort de quelque 500 sahraouis reste inconnu tout comme les 151 détenus politiques sahraouis alors que 30.000 citoyens sont détenus dans les prisons de l'occupation marocaine. Face à la gravité de la situation, l'ambassadeur sahraoui a appelé l'ONU à créer "un mécanisme de contrôle et de protection des droits de l'Homme, et à élaborer des rapports sur les violations des droits de l'Homme dans les territoires occupés". Les autorités sahraouies avaient déjà lancé plusieurs appels à l'organisation onusienne pour l'élargissement des prérogatives de la Minurso (Mission des Nations unies pour l'organisation d'un référendum au Sahara occidental), au contrôle des droits de l'Homme. Les participants ont rappelé par ailleurs "l'opposition de la France, au sein du Conseil de sécurité, à cet élargissement, entravant ainsi la mission de la Minurso". Concernant la mission du Haut-Commissariat aux droits de l'homme qui se trouve actuellement dans les camps des réfugiés sahraouis à Tindouf, le diplomate sahraoui a fustigé la méthode de travail de cette mission "qui est sous l'influence de l'opinion marocaine". De son côté, le représentant du Collectif des défenseurs sahraouis des droits de l'homme, Mohamed Salem Lakhal a dénoncé "le pillage des richesses et ressources du peuple sahraoui", estimant que cette question était au cœur du conflit. Pillage systématique des richesses du peuple sahraoui "Durant la dernière décennie marquée par des mouvements pacifiques sur les territoires occupés, le Maroc a intensifié ses violations en s'adonnant au pillage de la richesse halieutique des mers du Sahara occidental à travers des accords de partenariat illégaux conclus avec ses +partenaires+, en tête desquels l'UE", a indiqué M. Mohamed Salem Lakhal. L'intervenant a, en outre, dénoncé la spoliation au quotidien du phosphate au niveau de la région de Boukraa au Sahara occidental avec une exploitation de 2,6 millions de tonnes/jour. D'autres rapports font également état d'une exploration "dangereuse et illégale" du gaz naturel, citant les explorations effectuées par deux compagnies américaine et britannique. Répression des défenseurs des droits de l'Homme et des libertés fondamentales Parmi les plus grands obstacles qui se dressent face aux droits de l'homme dans les territoires sahraouis occupés, "les harcèlements pratiqués par le gouvernement marocain contre les défenseurs sahraouis des libertés civiques et des droits politiques", a indiqué le journaliste et militant des droits de l'Homme dans les territoires occupés, Mohamed Hali. "Les autorités marocaines déploient tout ce qui est en leur pouvoir pour priver les Sahraouis du droit à la formation d'associations pour la promotion et la protection des droits de l'Homme, d'organiser des manifestations pacifiques et d'user de leur droit à la liberté d'expression", a-t-il ajouté. En dépit de ces restrictions, le peuple sahraoui a pu, grâce à sa volonté, faire entendre sa voix dans les fora internationaux, a indiqué le responsable. S'agissant de la femme sahraouie dans les territoires sahraouis occupés, la vice-présidente de la commission sahraouie de défense des droits de l'Homme (CODISA), Mme Zahra Binahoum, a évoqué la réalité de la femme sahraouie dans les territoires occupés, citant en l'occurrence les violations de tout genre et les arrestations abusives contre ces femmes, notamment la militante sahraouie Aminatou Haider qui a subi toutes formes de répression. L'intervenante a par ailleurs rappelé que l'occupation marocaine a encouragé la prolifération de la drogue dans les territoires sahraouis et l'immigration pour débarrasser la région de ses militants. Le secrétaire général de la Commission nationale consultative pour la promotion et la protection des droits de l'Homme, Abdelouahab Merdjana, a appelé les militants sahraouis pour les droits de l'homme à saisir l'occasion de la présence du Haut-Commissariat aux droits de l'Homme dans les camps des réfugiés pour présenter leurs rapports sur la situation des droits de l'Homme dans les territoires sahraouis occupés.