Les Etats-Unis ont accentué ces derniers jours la pression économique et diplomatique sur l'Iran dans l'objectif d'amener Téhéran à renégocier l'accord nucléaire de 2015, alors que la République islamique se montre inflexible sur cette question et s'engage dans un bras de fer avec Washington suscitant des inquiétudes quant à ses conséquences sur la région du Moyen-Orient. Depuis le retrait unilatéral de l'accord nucléaire de 2015, décidé en mai 2018 par le président Donald Trump, les tensions entre les Etats-Unis et l'Iran ne cessent de prendre de l'ampleur depuis quelques semaines jusqu'à laisser planer le doute d'une éventuelle déstabilisation dans la région. En effet, les décisions prises récemment par la Maison Blanche à l'égard du Corps des gardiens de la Révolution iranienne classé en tant que "groupe terroriste étranger" et celle d'imposer à compter de mai des sanctions contre tout pays qui continuerait à acheter du pétrole iranien sont perçues par les dirigeants iraniens comme un pas vers l'escalade militaire. Officiellement, les responsables américains ont écarté jusqu'à présent le recours à une intervention militaire pour un changement de régime, soutenant que le plan du président Trump vis-à-vis du Téhéran s'inscrit résolument dans le cadre de la politique dite de "pression maximale" pour forcer les dirigeants iraniens à accepter la renégociation de l'accord nucléaire de 2015 selon leur desiderata. Considérant que le texte en question avait été "mal négocié" par l'ancienne administration, Donald Trump veut introduire de nouvelles clauses plus "contraignantes", allant de restrictions sur les activités balistiques iraniennes jusqu'à au rôle géopolitique de Téhéran dans la région du Moyen-Orient. Ainsi, les pays importateurs du pétrole iranien, comme la Chine, l'Inde et la Turquie, devraient connaître une croissance relative de 3,6% cette année, contre 4,2% en 2018, du fait des restrictions financières et commerciales imposées par Washington à l'économie iranienne. La mesure visant à interdire la vente du pétrole iranien s'annonce particulièrement délicate pour Pékin, Ankara et New Delhi, qui demeurent dépendants. La Chine a d'ailleurs appelé les Etats-Unis à respecter ses "intérêts et préoccupations économiques", assurant qu'elle continuera à "sauvegarder les droits légitimes des entreprises chinoises". Pour Pékin et Ankara, la décision prise par les Etats-Unis contre le pétrole iranien ne pourra qu'intensifier les troubles au Moyen-Orient, alors que l'Irak, pays voisin de l'Iran, a demandé à ne pas être entrainé dans ce conflit, insistant sur l'implication de la communauté internationale dans l'apaisement de la situation dans la région.