Moins de cinq 5% des jeunes et des adultes dans près d'un pays sur trois participent à des programmes de formation, selon le quatrième Rapport mondial sur l'apprentissage et l'éducation des adultes (GRALE 4) de l'Organisation des Nations Unies pour l'éducation, la science et la culture (UNESCO), publié jeudi. Selon le rapport, les adultes handicapés, les personnes âgées, les réfugiés et les migrants, les groupes minoritaires et d'autres segments défavorisés de la société sont particulièrement sous-représentés dans les programmes d'éducation pour adultes, ils se trouvent ainsi privés d'un accès essentiel aux possibilités d'apprentissage tout au long de la vie. Publiée par l'Institut de l'UNESCO pour l'apprentissage tout au long de la vie, cette étude, qui rend compte des données soumises par 159 pays, permet d'évaluer le degré de mise en œuvre des engagements internationaux souscrits par les Etats membres de l'UNESCO en matière d'apprentissage et d'éducation des adultes. Elle appelle à revoir la question en profondeur et à y consacrer les investissements requis. Il s'agit de faire en sorte que tout un chacun ait la possibilité d'accéder à l'apprentissage et la formation, de manière à contribuer pleinement à la réalisation du Programme de développement durable à l'horizon 2030. "Nous appelons les gouvernements et la communauté internationale à se joindre à nos efforts et à prendre des mesures pour veiller à ce qu'aucune personne – quels que soient son identité, le lieu où elle vit ou les défis qu'elle rencontre – ne soit laissée pour compte au regard du droit universel à l'éducation", a déclaré la Directrice générale de l'UNESCO, Audrey Azoulay, en approuvant les recommandations du rapport. "En veillant à ce que les pays donateurs respectent leurs obligations en matière d'aide aux pays en développement, nous pouvons faire de l'apprentissage et de l'éducation des adultes un levier essentiel pour les autonomiser et les habiliter, en tant qu'apprenants, travailleurs, parents et citoyens actifs", a-t-elle ajouté. Le document souligne la nécessité d'accroître l'investissement national dans l'apprentissage et l'éducation des adultes, de diminuer les droits d'inscription, de sensibiliser aux avantages à en tirer et d'améliorer la collecte et le suivi des données, notamment pour les groupes défavorisés. Insuffisance des progrès en matière de participation à l'apprentissage et l'éducation des adultes Malgré une faible participation de l'ensemble des adultes à des actions de formation, plus de la moitié des pays ayant répondu spécifiquement à cette question – 57% des 152 réponses reçues – ont enregistré une augmentation du taux global de participation à l'apprentissage et l'éducation des adultes entre 2015 et 2018. Les pays à faible revenu ont enregistré la plus forte augmentation de la participation (73%), suivis par les pays à revenu faible (61%) et moyen supérieur (62%). La majorité des progressions s'est produite en Afrique subsaharienne (72 % des répondants), suivie de la région arabe (67%), de l'Amérique latine et des Caraïbes (60%) et de l'Asie-Pacifique (49%). L'Amérique du Nord et l'Europe de l'Ouest indiquent les progrès les plus faibles (38%), une donnée à relativiser puisqu'ils partaient de niveaux plus élevés. Les chiffres révèlent des inégalités profondes et persistantes en matière de participation. Elles montrent que les principaux groupes cibles tels que les adultes en situation de handicap, les personnes âgées, les groupes minoritaires ainsi que les adultes vivant dans les pays affectés par des conflits demeurent hors d'atteinte des programmes de formation. Tandis que le rapport mondial montre que la participation des femmes à ces programmes a augmenté depuis 2015 dans 59% des pays ayant répondu, dans d'autres régions du globe les filles et les femmes n'ont toujours pas suffisamment accès à l'éducation, notamment à la formation professionnelle. Dotées de compétences limitées et disposant de faibles chances de trouver un emploi, elles peuvent difficilement participer à la vie sociale, ce qui se traduit par une perte économique pour leurs pays. Trop lente amélioration de la qualité des formations Un apprentissage et une éducation de qualité des adultes peuvent également apporter un soutien inestimable au développement durable. Le GRALE 4 montre que les trois quarts des pays ont fait état de progrès en matière de qualité de l'instruction fournie depuis 2015. Des progrès qualitatifs sont observés dans les programmes, l'évaluation, les méthodes d'enseignement et les conditions d'emploi des formateurs. Toutefois, les progrès restent négligeables en matière d'éducation à la citoyenneté, essentielle pour promouvoir et protéger la liberté, l'égalité, la démocratie, les droits de l'homme, la tolérance et la solidarité. Pas plus de 3% des pays font état de progrès qualitatifs dans ce domaine. Le GRALE 4 montre que ces dix dernières années, les dépenses d'apprentissage et d'éducation des adultes n'ont pas atteint un niveau suffisant, non seulement dans les pays à faible revenu mais aussi dans ceux à revenu intermédiaire inférieur et à revenu élevé. Près de 20% des Etats membres affirment consacrer moins de 0,5% de leur budget d'éducation à l'apprentissage et la formation pour adulte et 14%, moins de 1%. Ces chiffres montrent que de nombreux pays n'ont pas réussi à augmenter le financement de l'apprentissage et l'éducation des adultes tel que proposé dans le rapport GRALE 3. Ils montrent aussi que ce domaine reste sous-financé, ce qui affecte plus durement les adultes socialement défavorisés. Le manque de financement entrave également la mise en œuvre de nouvelles politiques et de pratiques de gouvernance efficaces.