L'horreur des explosions nucléaires effectuées dans l'Ahaggar impose à la France la reconnaissance de ce crime, estime l'Association Taourirt des victimes des essais nucléaires dans la région de l'Ahaggar. "Les effets de ce crime contre l'humanité, commis par la France coloniale, sont encore visibles à ce jour parmi la population et les faits et les preuves attestent de l'horreur de la tragédie et de l'ampleur de l'enfer nucléaire engendré", a déclaré à l'APS le Secrétaire général de l'Association, Boubaker Ibbeh. Affirmant que le dossier de la mémoire entre la France et l'Algérie "ne doit pas porter uniquement sur les crimes commis durant les 132 ans de colonisation, mais s'étendre également aux souffrances persistant à ce jour", il a ajouté "on est en droit de faire pression, par tous les moyens possibles, pour obtenir la reconnaissance de ces crimes". Pour M. Ibbeh, "il ne s'agit pas de simples explosions nucléaires mais de massacres relevant du crime contre l'humanité comme en témoignent les impacts sur environnement et les conséquences sanitaires désastreuses, d'où l'impératif d'une enquête internationale". Les effets de la radioactifs, confirmés par les scientifiques et les experts, dans les régions de Reggane (Adrar) et In-Ecker (Tamanrasset) "n'ont pas épargnés le mont Taourirt", en plus de la population, de la flore et de la faune, a fait observé M. Ibbeh. "La destruction nucléaire produite par la France gaullienne a donné lieu à une hécatombe", a-t-il poursuivi évoquant des gens "qui meurent en silence des suites des pathologies héritées de génération à génération, comme différents types de cancer, des malformations congénitales et des maladies chroniques". Outre les conséquences des explosions nucléaires sur la population de l'Ahaggar, le représentant de l'Association Taourirt fait état d'une pollution radioactive et chimique de l'environnement, dont l'assainissement exige le traitement de tonnes de déchets nucléaires et militaires, "en surface ou en sous sol dans des sites que seuls les Français connaissent", notamment à In-Ecker et Takormyas. Des habitants ont ramassé, innocemment, des piliers et des tôles contaminés pour les utiliser en toitures de leurs maisons, aussi bien dans la région de Tamanrasset que dans les villages voisins, a fait savoir M. Ibbeh. Explosions nucléaires de l'Ahaggar...Cris de détresse de victimes agonisant Dans la région de l'Ahaggar, nombreux sont les habitants présentant différents types de cancer et des malformations congénitales résultant de la radioactivité. Aujourd'hui, ils crient leur détresse et réclament justice pour ceux "en sursis" de mort. Dans cette région, plus d'une vingtaine de types de cancer ont été recensés, à l'instar des cancer de la thyroïde, du des os, de l'appareil digestif et autres, a fait savoir le président du Conseil médical de l'hôpital de Tamanrasset. Dans ce sens, Dr Akhamouk Ilyes a révélé "355 cas de cancer recensés durant les quatre dernières années, avec en tête le cancer du sein suivi du cancer de la thyroïde très répandu dans la région. Evoquant la hausse inquiétante du cancer de la thyroïde, Dr Akhamouk a rappelé que la même situation est vécue par la population de la Polynésie, qui a connu aussi des essais nucléaires français, ce qui confirme, a-t-il dit, les résultats d'une étude scientifique sur le lien direct entre les essais nucléaires et le cancer de la thyroïde. La wilaya de Tamanrasset dispose d'une unité de traitement du cancer, mais cela reste insuffisant. Il convient de réfléchir à un centre de lutte contre le cancer à même d'assurer le dépistage rapide, la chimiothérapie et la radiothérapie, estime Dr Akhamouk, qui souligne l'importance de la sensibilisation dans la prévention contre les cancers dans la région, "qui reste tributaire de la décontamination des sites radioactives", a-t-il dit. L'environnement et les produits agricoles également touchés par les explosions nucléaires Avant les explosions nucléaires, les régions de l'Ahaggar, de Touat et de Tidikelt étaient des terres fertiles, selon les autochtones qui évoquent des cultures de céréales, de dattes et autres produits agricoles de qualité, en sus de l'élevage. Plusieurs animaux sauvages vivaient également dans ces territoires, à l'instar de la gazelle, du mouflon, du guépards et divers oiseaux. Des richesses anéanties en raison de la contamination des eaux souterraines. Le blé, par exemple a perdu en calibre, les palmiers présentent des maladies et la tomate ne pousse plus dans l'Ahaggar et à Reggane. Ces produits étaient utilisés dans le commerce de troc avec les pays voisins.A cette occasion, le responsable de l'Association Taourirt des victimes des essais nucléaires dans l'Ahaggar a exhorté les autorités publiques, au niveau local et central, à aider cette association, qui ne dispose toujours pas d'un siège approprié permettant d'accueillir les victimes des explosions nucléaires pour les recenser et prendre en charge leur dossiers. Il a appelé, en outre, à la pose d'un clôture autour de "Tan-Afella" et "Tan-Atram", dans la région de Taourirt, pour éviter à la population tout contact avec la radioactivité.