Des femmes rurales, jeunes diplômées universitaires surtout, ont réussi à faire incursion dans le secteur agricole qui était l'apanage des hommes à Naama, défiant les traditions par le travail de la terre et l'élevage. L'incursion des femmes dans le travail de la terre relevée ces dernières années, traduit l'intérêt qu'elles portent, même si elles ne sont pas encore nombreuses, au programme d'appui et d'accompagnement de l'investissement productif. Ainsi, des femmes rurales se sont lancées dans l'agriculture vivrière à savoir la culture maraichère, l'arboriculture fruitière, l'aviculture, l'élevage ovin et l'apiculture, notamment dans les périmètres de "Dzira" à Aïn Sefra et "Oklat Essendan" à Aïn Benkhelil et "Garat El Khil" à Mechéria. L'intérêt porté à l'activité agricole s'est manifesté particulièrement chez des diplômées universitaires qui disposent d'expérience et de qualification professionnelle dans le domaine pour la réalisation de micro-projets. Ils s'agit notamment de celles ayant bénéficié du programme d'appui aux petits éleveurs, du fonds de développement des zones rurales et du programme de soutien aux familles productives et de la femme rurale, selon les explications fournies par les services concernés par ce programme de développement. La conservation des forêts de la wilaya a dénombré 12 projets productifs de femmes rurales, de 2020 à ce jour, grâce au programme de formation, de soutien et d'accompagnement pour la création de micro-activités ayant un rendement économique en milieu rural, selon la même source. Ces projets contribuent à l'approvisionnement du marché local en légumes et autres produits agricoles et d'élevage, selon l'administration des forêts qui encadre ce programme de manière conjointe avec la chambre d'agriculture et des associations à caractère artisanal et pastoral de la wilaya. Ce programme de soutien aux familles productives de l'Agence de développement social (ADS) a contribué, ces deux dernières années, au financement de 13 projets au profit des femmes rurales dans le domaine agricole et de l'élevage, a souligné le directeur de l'action sociale et de la solidarité de la wilaya. La direction des services agricoles (DSA) de la wilaya a, quant à elle, recensé durant l'année 2021, une aide à quelque 30 femmes entre agricultrices et artisanes, dans le cadre du programme d'accompagnement des petits éleveurs, par le Fonds national du développement des zones rurales, en leur octroyant des ruches d'abeilles pleines et des plants d'arbres fruitiers résistants à la sécheresse. 68 femmes productives ont bénéficié de sessions de formations organisées par la direction locale des services agricoles (DSA) particulièrement dans l'arboriculture fruitière, la production du miel et l'élevage bovin. Ces services se disent satisfaits de l'integration de la femme dans la production agricole. Des femmes agriculteurs de la daïra Mekmen Benamar, ont bénéficié de l'appui technique et des moyens de production (aliments de bétail) pour l'élevage de chèvres laitières dans les zones "Abdelmoula" et "Kaaloul", grâce à l'accompagnement du programme du Fonds national de développement rural pour la réalisation de projets d'élevage bovin, de production de lait et dérivés dans d'autres regroupement pastoraux. L'intérêt de l'élément féminin est manifeste pour la matérialisation de microprojets de transformation de produits d'origine animale et dérivés du lait tels que le fromage blanc et le beurre et du miel, de même que l'adhésion des femmes dans une coopérative familiale de production d'aliments de bétail dont "El fassa", au niveau des communes d'Aïn Benkhelil et de Tiout, selon la même source. Valoriser le savoir faire féminin dans le domaine agricole Il est néanmoins relevé que les efforts à Naâma pour intégrer la femme dans le travail de la terre demeurent "faibles", de l'avis de quelques agricultrices. La femme dans cette wilaya steppique aspire à davantage d'opportunités, de soutien, d'accompagnement et de formation, afin d'accroitre sa participation et lui permettre de concrétiser un plus grand nombre de projets agricoles prometteurs, estiment-elles. Nassima Tedj, gérante d'une exploitation d'arbres fruitiers dans la zone de Rodassa (commune de Méchéria), appelle à organiser des foires et des salons pour faire connaitre les activités de la femme rurale et ses produits locaux, à valoriser son savoir-faire dans les activités agricoles et les métiers traditionnels, à promouvoir ses produits agricoles et d'artisanat traditionnel et à faciliter leur commercialisation. De tels initiatives sont à même d'encourager davantage les femmes à intégrer le secteur agricole, affirme-t-elle. Safer Ghania, une licenciée en biologie qui prépare un projet de culture du safran dans la commune d'El Bayodh, trouve prometteurs des projets de jeunes universitaires et diplômés dans le domaine agricole, plaidant pour leur permettre de s'impliquer pleinement dans l'investissement agricole à l'échelle locale. La cheffe de bureau de l'association "Houria" pour la promotion de la femme à Naama, Fatima Mebata, milite pour briser des tabous et surmonter la peur qui font barrière à la promotion de la femme et son intégration dans les secteurs longtemps dominés par les hommes. La représentante du bureau de Naama de l'organisation nationale pour l'investissement et la citoyenneté de Naama, Hanane Belimam a, pour sa part, souligné l'importance pour la femme de bénéficier de sessions de formation qu'encadre la chambre d'artisanat et des métiers et autres des instances d'accompagnement pour renforcer sa participation et sa contribution à l'économie productive.