Israël, la force occupante, a décidé lundi, tard dans la soirée, de fermer le seul point de passage par lequel les marchandises rentrent dans la bande de Ghaza et de réduire la zone de pêche pour les Ghazaouis de 6 a 3 milles nautiques. Cette fermeture du point de passage de Karm Abou Salem renforce l'embargo déjà étouffant imposé par Israël à la bande de Ghaza depuis plus de 12 ans. Dorénavant, il n'y aura plus de carburant rentrant dans l'enclave, ce qui aura des conséquences désastreuses sur des secteurs vitaux, comme celui de la production d'électricité qui souffrait déjà du manque de diesel pour faire tourner les turbines de la seule station électrique du territoire. Le secteur de l'hydraulique sera également fortement affecté. Des pénuries en eau potable durant cette période de grandes chaleurs feront très mal aux citoyens vivant déjà dans des conditions précaires. Le pompage des eaux usées risque de s'arrêter et le danger de les voir inonder les rues des villes et des localités ghazaouies est palpable. Les maladies contagieuses et les épidémies, comme le choléra, seront difficiles à éviter dans une telle situation. Le secteur de la santé publique va également souffrir du manque de carburant grâce auquel les générateurs électriques des hôpitaux tournent et permettent aux appareils médicaux de fonctionner, au cours des longues périodes de coupure d'électricité, 16 heures en moyenne par jour. Des centaines de malades dépendant de ces appareils risquent de mourir. Le secteur du transport, quant à lui, est aussi menacé d'être complètement paralysé. Les automobilistes ont pris d'assaut les stations-service depuis hier matin avant qu'elles n'annoncent la fin de leurs réserves en essence et en gas-oil. Le gaz butane domestique – il n'y a pas de gaz de ville à Ghaza – est également interdit de livraison. La préparation des repas deviendra d'ici peu un terrible casse-tête pour les Ghazaouis. Pour la nourriture et les médicaments, il faudra des permis spéciaux de la part des autorités militaires israéliennes. Catastrophe programmée Ces nouvelles décisions s'assimilent à une punition collective contraire au droit international qu'Israël, la force occupante, viole depuis des décennies sans être inquiété par les institutions internationales censées l'appliquer, telles l'ONU, la CPI et autres. Cette décision de fermer le point de passage de Karm Abou Salem, qui met en danger la vie de deux millions d'êtres humains dans la bande de Ghaza, a été prise par le ministre israélien de la Guerre, Avigdor Liebermann, en consultation avec le chef de l'état-major de l'armée de l'occupation. «Compte tenu de la poursuite des attentats de l'organisation terroriste Hamas, le ministre de la Défense, Avigdor Liebermann, en consultation avec le chef d'état-major, a décidé la fermeture du point de passage de Kerm Shalom jusqu'à dimanche», a indiqué, lundi, le ministère israélien de la Guerre. Un délai qui ne présente aucune garantie, tellement les Palestiniens sont habitués à une occupation qui ne tient jamais parole. Les Palestiniens de la bande de Ghaza, essentiellement, ont lancé depuis le 30 mars, un mouvement populaire appelé la «Grande marche du retour». Des rassemblements et des manifestations regroupent régulièrement, depuis, des dizaines de milliers de citoyens qui réclament le droit de retour des réfugiés et la levée de l'embargo sur la bande de Ghaza en place depuis de longues années. Pour casser la résistance palestinienne, l'armée de l'air israélienne a bombardé durement la bande de Ghaza ces derniers jours. Ces bombardements ont causé la mort, au début de la semaine, de deux adolescents de 15 et 16 ans. Pour le mouvement Hamas qui contrôle la bande de Ghaza depuis l'été 2007, «la fermeture du point de passage de Karm Abou Salem qui prive Ghaza des besoins les plus simples constitue un crime contre l'humanité». Son porte-parole, Fawzi Barhoum, fait porter à Israël «l'entière responsabilité des conséquences dangereuses de cette fermeture».