Grand bruit et des interrogations ! La grande muette vit, depuis quelques mois, au rythme des changements massifs qui prêtent à toutes les interprétations. Ayant commencé en juin dernier, le remue-ménage au sein de l'ANP et des services de sécurité s'est intensifié en ce début d'automne. L'opinion nationale assiste, en effet, à des limogeages à la hussarde, des nominations à tour de bras et surtout des interdictions de sortie du territoire émises contre des généraux et des généraux-majors. Pis encore, des médias, dont El Watan, parlent même de perquisitions aux domiciles de certains hauts responsables de l'armée qui étaient, il y a seulement quelques semaines, très puissants. Mais, en dépit de l'ampleur de ce mouvement, aucune autorité n'a fourni d'explication susceptible d'éclairer l'opinion sur les tenants et les aboutissants de cette opération. Pourtant les décisions annoncées, toujours de manière officieuse, nécessitaient au minimum un justificatif de la Présidence, qui en est l'auteur, et du ministère de la Défense nationale (MDN) qui les exécute. Que signifie ce mouvement ? Y a-t-il un lien direct entre l'affaire «El Bouchi», principal accusé dans l'affaire de la cocaïne saisie à Oran et ces limogeages ? S'expliquant en août dernier sur ces changements, le vice-ministre de la Défense nationale et chef d'état-major de l'ANP, Ahmed Gaïd Salah, invoque «le principe de l'alternance au poste de responsabilité au sein de l'armée». «L'indice de la compétence et le critère du mérite sont le phare qui nous éclaire et nous guide tout au long du droit chemin que nous empruntons, qui vise l'ancrage du principe de passation des fonctions et des postes, à en faire une coutume militaire et une tradition à pérenniser, ouvrant ainsi les opportunités et motivant la ressource humaine, afin de valoriser son capital d'expériences et l'encourager à multiplier les efforts au service de l'Armée nationale populaire». Cocaïne, corruption ou règlement de comptes ? L'argument avancé n'a pas convaincu beaucoup de monde. Car le grand ménage mis en branle n'a épargné, pour l'instant, que Gaïd Salah. L'écrasante majorité des responsables militaires et sécuritaires a été touchée par ces changements inédits. Les chefs des Régions militaires, le Directeur général de la Sûreté nationale (DGSN), commandant de la gendarmerie et des sous-responsables dans le même corps… Les purges sont aussi importantes pour les réduire seulement à un simple jeu «d'alternance» ou «de rajeunissement». L'autre question qui taraude l'esprit de tous les observateurs est celle relative à la signification à donner à ces décisions du tribunal militaire de Blida d'interdire à cinq généraux de quitter le territoire national. Ces derniers sont-ils accusés dans des affaires de corruption ? De quoi s'agit-il au juste ? Pourquoi le ministère de la Défense nationale ne fournit-il aucune explication sur ces affaires ? S'agit-il d'une sérieuse campagne de lutte contre la corruption et l'enrichissement illicite ? Ces interrogations resteront, peut-être, sans réponse pour longtemps…