Trois médias, Regards, Politis et Médiapart ont rendu public un manifeste pour l'accueil des migrants qui est aussi un engagement politique contre la dérive libérale à outrance du monde, avec ses excès reprochés quant à la précarité. Le texte remet en cause l'extrême droite qui progresse partout en Europe avec son corollaire, le populisme xénophobe. Selon le texte signé par plus de 150 personnalités et associations, «les racines des maux contemporains ne sont pas dans le déplacement des êtres humains, mais dans le règne illimité de la concurrence et de la gouvernance, dans le primat de la finance et dans la surdité des technocraties. Ce n'est pas la main-d'œuvre immigrée qui pèse sur la masse salariale, mais la règle de plus en plus universelle de la compétitivité, de la rentabilité, de la précarité». La pétition met au dos du mur les tenants de l'exclusion : «La peur de ne plus être chez soi l'emporte sur la possibilité de vivre ensemble. L'ordre et l'autorité écrasent la responsabilité et le partage. Le chacun pour soi prime sur l'esprit public. Le temps des boucs émissaires est de retour.» Selon les signataires, «il est illusoire de penser que l'on va pouvoir contenir et a fortiori interrompre les flux migratoires. A vouloir le faire, on finit toujours par être contraint au pire. La régulation devient un contrôle policier accru, la frontière se fait mur. Or, la clôture produit, inéluctablement, de la violence… et l'inflation, des clandestins démunis et corvéables à merci. Dans la mondialisation telle qu'elle se fait, les capitaux et les marchandises se déplacent sans contrôle et sans contrainte, les êtres humains ne le peuvent pas. Le libre mouvement des hommes n'est pas le credo du capital, ancien comme moderne». Pour eux, la «liberté de circulation et l'égalité des droits sociaux pour les immigrés présents dans les pays d'accueil sont des droits fondamentaux de l'humanité». Dans le même temps, un sondage Odoxa-Dentsu Consulting, réalisé au cours de la semaine dernière et publié vendredi par Le Figaro et France Info, une majorité (51%) des personnes interrogées a «une bonne opinion des ONG qui aident les migrants». Cependant, explique Le Figaro, «ils sont exactement la même proportion à comprendre les pays comme l'Italie, qui leur refusent désormais tout accueil».