La mascarade qui a eu lieu mercredi à l'APN donne une preuve supplémentaire que le pouvoir actuel, avant de disparaître, est déterminé à humilier au maximum l'Algérie, en piétinant toutes les institutions pour les transformer en coquilles vides. Tout est fait pour provoquer un pourrissement irréversible du pays. Même le sport n'a pas échappé aux malversations, au point que la prestigieuse BBC, suivie par France Football lui ont consacré un dossier sur les prix des matchs de football qui s'achètent et se vendent. Il ne pouvait pas en être autrement, quand on sait que le doyen des clubs algériens, le MCA, a été dirigé à un certain moment par un repris de justice qui a fait de la taule pour trafic de drogue. L'individu, assuré sans doute de hautes protections, s'est même permis d'humilier le Premier ministre lors d'une finale de la coupe d'Algérie. Il n'a à aucun moment été inquiété. Le pourrissement, malheureusement, n'a pas épargné la culture que le pouvoir surveille étroitement avec des réflexes de système totalitaire. Aujourd'hui, même déclamer un poème dans un café-théâtre doit passer par l'autorisation du wali. Un jeune romancier ne peut pas présenter sa première œuvre au public s'il n'est pas muni d'une autorisation administrative. Une telle censure n'a jamais été constatée nulle part ailleurs dans le monde. La wilaya de Béjaïa particulièrement en connaît quelque chose. Est-ce à dire qu'on veut transformer l'Algérie en désert culturel ? Pourtant, le pays avait eu une vie culturelle intense dans les années 1960 et 1970. Il a été le premier en Afrique et dans le monde arabe à être récompensé de la Palme d'or à Cannes et du Lion d'or à Venise. Tout cela n'est que du passé. Heureusement que des éditeurs privés arrivent à maintenir le cap et que nous ne tombons pas dans l'oubli. Il n'en demeure pas moins que tout est fait pour que l'Algérie atteigne les fonds. Depuis 20 ans, la devise «Par le peuple et pour le peuple» a été vidée de sa substance. Un pouvoir autocratique hideux s'est installé. Bouteflika avait annoncé la couleur. «Je ne veux pas être un trois quarts de président», avait-il dit. Il est devenu un hyper président qui ne laisse place à aucune contestation, à aucune force organisée qui pourrait remettre en cause son absolutisme. Il a travaillé en ce sens, profitant de la lâcheté des hommes, plus enclins à courber l'échine qu'à travailler pour l'intérêt de l'Algérie. Des hommes qui ont érigé la flagornerie en mode de gestion. Ils obéissaient à tous ses instincts, à toutes ses sautes d'humeur. Pour cela, la société civile a été l'une des premières cibles. Il fallait exercer une pression terrible sur le citoyen pour l'empêcher de respirer, pour l'écarter de la gestion des affaires de la cité, pour le désarmer afin qu'il ne puisse pas défendre son pays. Il fallait surtout l'empêcher de protester et donc d'occuper la rue. Les manifestations sont donc interdites, avec la complaisance et l'appui agissant des ministres de l'Intérieur. Ils ont commencé par Alger, le ventre mou, et l'interdiction s'est ensuite étendue à d'autres villes. Les partis démocratiques ont eux aussi été dans le viseur. Tout a été entrepris pour les empêcher d'agir pour l'éveil des consciences, pour soutenir l'Algérien dans sa quête de citoyenneté. But atteint. Le muselage des Algériens s'est généralisé, les laissant malheureusement à la merci de sites malveillants. Il y a à craindre que ce pouvoir est en voie d'atteindre son objectif : détruire nos objectifs. Et on pourra alors dire : «Adieu les chouhada.» La médiocrité fait la loi. En attendant le pire.