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Un paysage médiatique en quête de repères
Journée nationale de la liberté de la presse
Publié dans El Watan le 30 - 10 - 2018

Depuis cinq ans, l'Algérie célèbre «sa» Journée de la presse, en plus de la Journée mondiale de la liberté de la presse que les professionnels de toute la planète fêtent le 3 mai. Si la symbolique veut que cette journée spécifique à l'Algérie renvoie à l'anniversaire de la parution, en 1955, du premier numéro du journal clandestin de la résistance El Mouqawama El Djazaïria (La résistance algérienne), il n'est écrit sur aucune table que ce lien entre les deux époques — celle d'aujourd'hui et celle de la lutte de l'Algérie pour son indépendance — consacre de façon automatique la maturité de la liberté de la presse en Algérie. Pourtant, cette presse, malgré les limites qui sont aujourd'hui les siennes sur le plan des libertés et du contexte financier, a de quoi s'enorgueillir lorsqu'elle considère le parcours exaltant qu'elle a fait depuis la césarienne d'Octobre 1988 par laquelle sont arrachés le droit à l'information et la liberté d'expression.
Trente ans après la césure d'octobre, l'Algérie est, formellement, riche d'une centaine de titres de presse écrite, de dizaines de sites d'information électroniques, de dizaines de chaînes de télévision et d'une cinquantaine de radios… publiques. Une richesse formelle et incertaine, si bien que, aujourd'hui, les réseaux sociaux et les réseaux informels (rue, mosquée, café, hammam, bref, radio-trottoir) ont de l'ascendant sur tous les organes d'information réunis.
Cela témoigne, d'une part, d'une certaine défiance vis-à-vis de tout ce qui relève de l'officiel public ou même de l'officiel parapublic et, d'autre part, d'une mutation profonde des canaux et supports de l'information. En effet, nous sommes dans une période de transition qui remet en cause non seulement le support papier, mais également les sources classiques de la publicité, nerf de la guerre de l'information.
Après que le débat, en ce qui en a tenu lieu, eût été braqué pendant des années sur la presse écrite et son bilan, les cinq dernières années ont vu l'émergence d'un étrange champ audiovisuel sur lequel ont été focalisés les regards, les controverses et les critiques. Mieux encore, de temps en temps éclate un «incident» qui porte à son pinacle la discussion autour du paysage audiovisuel national, concept revêtant jusqu'ici des contours flous.
A chaque fois, le «débat» porte sur le sujet des chaînes privées dites algériennes, émettant à partir de l'étranger. Débat aussi bien sur le contenu de leur produit que sur le statut juridique. Sur une palette de plusieurs dizaines de chaînes, seules cinq disposent d'un agrément provisoire de l'administration. Est-ce normal ? Pourquoi une telle «hérésie» juridique n'est soulevée que lorsque le contenu d'une chaîne pose problème sur le plan de la déontologie ou de l'éthique ?
Une fois que le problème d'une chaîne est «réglé», par la force ou par un autre tour de prestidigitation, on attend le suivant pour pouvoir relancer le «débat» ; non, la controverse. En réalité, de débat, il n'y en jamais eu ; sauf que, pour meubler la Journée nationale de la liberté de la presse, le 22 octobre, les pouvoirs publics soumettent en «vrac» l'ensemble des thèmes relatifs aux médias, sans que l'on puisse, en vérité, démêler l'écheveau d'un domaine où le fait du prince et le déficit de professionnalisme se liguent paradoxalement pour réduire la visibilité de l'avenir de la communication dans notre pays.
L'Algérie vit assurément une situation paradoxale, voire schizophrénique, où des chaînes de télévision privées émettent depuis plusieurs années en direction du téléspectateur algérien, via le satellite, sans qu'une loi encadre leurs activités. Sur certains de leurs programmes et de leurs tranches horaires, ces chaînes présentent un audimat autrement plus fourni que celui de la chaîne publique, avec toutes ses «variantes» (Canal-Algérie, la 3, la chaîne 4 en tamazight et TV Coran).
Le comble du hiatus juridique grevant ces organes privés est que des officiels algériens (ministres, walis, directeurs des exécutifs de wilaya) ne s'empêchent pas de s'y exprimer. Presque toutes les tribunes où se font les conférences de presse sont garnies d'une forêt de micros de ces chaînes.
Les médias publics figés dans un «soviétisme» dépassé
En tout état de cause, les tiraillements et les tergiversations qui obèrent le monde audiovisuel algérien renseignent, on ne peut mieux, sur la sensibilité du sujet et sur son caractère stratégique. La «camisole» dans laquelle étaient maintenus de grands journalistes de la télévision, hommes et femmes, au début des années 1990, a donné le résultat que l'on connaît ; à savoir la fuite des compétences vers des cieux et des studios moins oppressants et plus ouverts sur l'éclosion des talents.
Les chaînes arabes du Golfe ou celles émettant à partir de Londres, même si elles ne sont pas les parangons de la liberté d'expression et de l'objectivité, abritent depuis une vingtaine d'années des compétences algériennes de premier plan.
Si l'audiovisuel privé informel est devenu un thème récurrent, aussi bien dans la presse que dans les bureaux des responsables de la communication, l'audiovisuel public, lui, n'est souvent abordé que par sous l'angle de la grille salariale, des factures générées par les émissions que la télévision achète auprès de boîtes privées, de l'achat (ou non) des droits de transmission de matchs de football (Coupe d'Afrique et Coupe du monde) et d'autres questions plutôt liées à l'intendance et à la logistique.
L'on est visiblement loin des grands débats sur l'audiovisuel comme garant de la fourniture d'un service public neutre et de qualité, et comme outil d'une pédagogie culturelle de laquelle sont censés s'inspirer même les programmes privés. Hormis certaines émissions-phares qui touchent un large public et la retransmission de matchs de football, la télévision publique peine à se mettre au diapason des aspirations et des vrais besoins de la société.
Certains téléspectateurs ne se branchent sur les chaînes publiques que pour le journal «phare» de 20 heures, supposé exprimer la position officielle du gouvernement sur un point particulier de l'actualité. S'agissant de l'analyse et des commentaires, il est maintes fois arrivé au JT de commenter d'une façon sibylline, à messages codés, des événements qu'il n'a pas fait connaître auparavant. Il n'y a, alors, que les acteurs concernés ou quelques curieux décrypteurs qui savent de quoi il retourne.
S'agissant de la presse écrite, les temps commencent à devenir difficiles pour une grande partie de la centaine de quotidiens que compte l'Algérie. Rien qu'à prendre la nouvelle situation induite par les mesures d'austérité touchant les investissements publics (infrastructures et équipements), et qui se traduisent par une réduction drastique de la publicité étatique, une véritable épée de Damoclès demeure suspendue sur des dizaines de titres de la presse écrite qui ne vivent que de ces recettes. Déjà que, au temps de l'embellie financière, la distribution de la publicité ANEP avait toutes les vertus, sauf celle de la transparence et de l'équité ! L'allégeance politique des titres se substitue souvent à leurs performances intellectuelles ou commerciales.
Une diversité qui annonce de grands chamboulements
Au moment où plusieurs interrogations pèsent sur la presse écrite et sur les chaînes de télévision sans statut, le paysage médiatique algérien ne s'est pas figé. La multiplication des sites électroniques et l'extension de la communication sur les réseaux sociaux sont en train de chambouler le mode et le rythme de transmission de la communication ainsi que le public ciblé.
Néanmoins, il est plus que regrettable que le secteur public de la communication, principalement les médias lourds, ne s'adapte pas à la nouvelle situation et reste raidi dans la position du gardien du temple. Un fossé immense les sépare de la nouvelle communication vivante, instantanée et proche des préoccupations du public. En outre, au sein même de ce grand organe public, payé par le contribuable, le «flair des affaires» n'est pas totalement absent. L'on se souvient du mouvement de colère des journalistes qui y exercent suite à la non-application de la nouvelle grille salariale destinée au secteur public.
Ils s'interrogeaient alors sur le fait que la télévision nationale continue à payer «grassement» des prestations à des boîtes privées qui lui ont fourni certaines émissions, alors qu'elle tardait à mettre en application une décision du gouvernement relative à la nouvelle rémunération. Cette dernière, par laquelle les pouvoirs publics ont voulu «rattraper» la faiblesse des salaires accordés aux journalistes, pose apparemment plus de problèmes qu'elle n'apporte de solutions à certains organes d'information et médias publics qui se sentent «impuissants» à supporter une telle charge salariale.
Et dire que cette même grille est enviée, voire vivement souhaitée par des journalistes de la presse privée. Mais là s'impose, sans doute, un autre débat qui prenne en considération toutes les données du problème : niveau de tirage, recettes publicitaires, formation et compétence des journalistes, modulations des rétributions par catégories de personnel (pigiste, correspondant, chroniqueur, éditorialiste, conventionné, collaborateur,…).
Les heures floues du professionnalisme
L'ancien ministre de la Communication, Hamid Grine, n'a eu de cesse de semer la «bonne parole» sur le thème du professionnalisme. Il en avait fait son cheval de bataille sans que l'on pût connaître les contours exacts de ce concept «fétiche». A un certain moment, il en était même arrivé à suggérer de placer l'ANEP comme «juge» de ce professionnalisme, à partir duquel serait décidé le volume de publicité à accorder à chaque titre.
Mais, l'on est en droit d'attendre qui parlera du professionnalisme qui doit inaugurer sa «philosophie» à partir de la formation d'abord… Il n'y a qu'à mener une petite enquête auprès des anciens rédacteurs, à qui sont dévolues des responsabilités de rédaction en chef ou de direction de rédaction pour se rendre compte des difficultés qu'ils rencontrent avec les nouvelles recrues en matière de formation en culture générale : histoire, géographie, économie, gestion, droit, littérature, etc.
De même, la masse et le flux d'informations quotidiennes qui caractérisent la vie globalisée d'aujourd'hui, ainsi que le trop large éventail de spécialités qu'elles embrassent, imposent inéluctablement une tendance à la spécialisation des journalistes, mouvement qui se dessine trop timidement dans notre pays.
Que ce soit sur le plan des conditions de travail (statut, grilles de salaires, formation continue, spécialisation,…), que sur des questions relatives à l'éthique à la déontologie journalistiques, les professionnels de la presse sont dans une réelle attente d'un maximum de sécurisation, sachant que des abus, des «erreurs», des incompréhensions et des dérives ont émaillé leurs parcours, singulièrement dans la presse dite indépendante.
Au cours du forum sur la déontologie et les règles de la presse tenu en 2013 à Hammamet (Tunisie), des professionnels des cinq pays maghrébins — éditeurs de journaux, journalistes, experts des médias —, avaient appelé les gouvernements maghrébins à «cesser d'opprimer et de harceler les journalistes», et d'œuvrer à «créer un climat propice à l'exercice du métier de journaliste». Les participants avaient tenu à souligner que la réussite d'une telle entreprise est tributaire d'un «certain nombre de lois journalistiques avant-gardistes et démocratiques, aptes à mettre à l'abri le journaliste contre toute forme de sanction carcérale».
Servir la société et la démocratie
De même, le forum de Hammamet avait insisté sur l'accès à la source d'information, la liberté de la diffuser et le droit pour le journaliste d'être protégé contre toute forme d'abus de pouvoir dans le cadre de l'exercice de son métier. Il serait autrement dangereux, voire mortel, que la liberté de la presse soit sacrifiée sur l'autel d'un concept flou, invoqué au gré des circonstances et des positions des différents acteurs, qui a pour nom : «intérêt national». Un concept noble, pourtant, mais qui exige précision et consensus.
Les Algériens sont appelés aujourd'hui — plus d'un quart de siècle après la promulgation du décret qui autorise la création d'entreprises de presse privée — à capitaliser ce fruit de l'explosion d'Octobre 1988. Comment capitaliser ces efforts, cet engagement et cette exaltante expérience pluraliste pour servir davantage la société, le processus démocratique et la construction de la citoyenneté ?


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