Le blocus terrestre, maritime et aérien imposé à la bande de Ghaza par Israël depuis 2006, puis renforcé en 2007 suite au contrôle de ce territoire par le mouvement Hamas, y a créé de multiples crises, dont celle du courant électrique. En juin 2007, le mouvement Hamas a mis fin par les armes à la présence, dans ce territoire, de l'Autorité palestinienne présidée par Mahmoud Abbas. C'était le début de la division palestinienne qui se poursuit encore. La pénurie en électricité a, durant toutes ces années, empoisonné la vie des deux millions d'habitants de l'enclave palestinienne. La cause directe a toujours été l'arrêt de la seule station produisant de l'électricité dans la bande de Ghaza. En 2006, elle avait été partiellement détruite par un bombardement aérien israélien suite à la capture d'un soldat israélien à la frontière avec l'Etat hébreu par des résistants palestiniens. Par la suite, elle n'a jamais tourné à plein régime à cause du manque de carburant. Soit il ne rentrait pas à cause des interdictions israéliennes dans le cadre de mesures punitives collectives, ou à cause de différends et de dissensions internes. L'Autorité palestinienne accusait souvent le mouvement Hamas de détourner le carburant qu'elle envoyait pour la station électrique et de le vendre dans les stations d'essence ; elle accusait également le mouvement qui contrôle la bande de Ghaza de collecter l'argent des factures d'électricité versé par les consommateurs pour son propre compte alors qu'il devait lui être adressé pour continuer de ravitailler la station électrique en carburant. Sachant que le courant électrique dans la bande de Ghaza provient d'Israël par l'intermédiaire de lignes électriques directes, payé aussi par l'Autorité palestinienne et de la station électrique ghazaouie, la pénurie n'a jamais pu être surmontée et la population s'est presque habituée à vivre dans le noir. Ceux – plutôt rares – qui disposent de moyens financiers payent une fortune chaque mois pour combler le déficit en cette forme d'énergie sans laquelle il n'y a pas de vie moderne ; ils utilisent des générateurs électriques individuels, de grosses batteries ou s'abonnent à des générateurs électriques géants installés par des particuliers dans les quartiers des villes de l'enclave palestinienne. Ces commerçants ont bien profité de la pénurie d'électricité et ont fait fortune en faisant payer aux citoyens six, sept et parfois huit fois le prix du kilowatt qu'ils payaient à la société de distribution du courant électrique. Cela semble avoir changé depuis un semaine environ. La station électrique tourne à plein régime par le biais du carburant payé par le Qatar, l'un des soutiens les plus forts du mouvement Hamas. Les Ghazouis ont de l'électricité presque à longueur de journée. Situation due en partie à la douceur des températures en cet automne. Les quatre heures de courant électrique ont laissé place à 12, 16 et même 24 heures. Un véritable rêve qui se réalise enfin. Tentative de marginalisation de la direction palestinienne Ce fuel a été autorisé d'entrer dans la bande de Ghaza suite à un accord conclu indirectement entre le mouvement Hamas et Israël par l'intermédiaire de l'Egypte et des Nations unies. Cet accord conclu sans l'aval du président Mahmoud Abbas et de la direction palestinienne intervient dans le cadre plus global d'une trêve de longue durée entre le mouvement Hamas et Israël. Même s'il n'a pas été officiellement annoncé, il comprend principalement le retour au calme dans la bande de Ghaza, donc l'arrêt graduel des manifestations populaires pacifiques lancées le 30 mars dernier dans les zones frontalières avec l'Etat hébreu, baptisées «la grande marche du retour», et l'arrêt de tout acte militaire de la part des factions palestiniennes armées, contre du fuel pour la station électrique et de l'argent qatari pour payer les salaires des employés du Hamas. A signaler que 218 citoyens ont été tués par des balles de soldats israéliens lors de ces manifestations et plus de 20 000 autres ont été diversement blessés. Ainsi, le plafond des réclamations de «la grande marche du retour» – le retour des réfugiés palestiniens dans les terres d'où ils ont été expulsés en 1948 et la levée totale de l'embargo israélien – semble avoir considérablement baissé. Le président Mahmoud Abbas et la direction palestinienne accusent le mouvement Hamas d'œuvrer en faveur du plan de paix américain «la transaction du siècle», visant à créer un pseudo Etat palestinien dans la bande de Ghaza, qui sera définitivement détaché du reste des Territoires palestiniens occupés en 1967, la Cisjordanie dont la ville sainte d'Al Qods. Le président Mahmoud Abbas et l'Organisation de libération de la Palestine (OLP), représentant légitime et unique du peuple palestinien, reconnue par la communauté internationale, réclament l'établissement d'un Etat palestinien indépendant sur l'ensemble de ces territoires, dont la bande de Ghaza. Les efforts égyptiens en vue de rapprocher les positions du Hamas et du Fatah, présidé par Mahmoud Abbas, se poursuivent malgré les multiples échecs précédents. L'avenir de la cause palestinienne est cette fois en jeu.