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Feuilleton «Omar» de MBC : le dogme ébréché
Publié dans El Watan le 16 - 08 - 2012

Le feuilleton est une fresque qui retrace l'histoire de la Révélation et de l'expansion musulmane après la mort du prophète, sous l'impulsion du premier et du deuxième califes, Abou Bakr Seddik, mais surtout Omar Ibnou El Khatab. Dédié à la personnalité de ce dernier et à son apport à l'édification des embryons premiers de l'Etat fondée à Médine, la production n'est donc pas une stricte trame biographique consacrée au personnage illustre qui donne son nom au feuilleton. Avec un budget faramineux, la participation de quelque 30 000 acteurs et techniciens, des tournages lourds qui ont duré près d'une année… la production est la plus grande jamais réalisée de toute l'histoire des télévisions arabes, s'enorgueillissent les producteurs. Mais ce n'est pas là la plus grande particularité du feuilleton.
Levée de boucliers
La plus inattendue est donc cette entorse faite au dogme traditionnel interdisant formellement la représentation figurative du prophète et de ses plus proches compagnons. Cette fois, des acteurs campent les rôles d'Abu Bakr, de Omar Ibnou El Khattab, de Othmane Ibnou Afane, et de Ali Ibn Abi Taleb. Soit les quatre «Khoulafa errachidine» (califes bien guidés) de l'Islam entourés jusque-là d'une étanche aura sacrée qui abolissait toute représentation «profane» de leurs personnages à l'écran. Le cas d'Ali, personnage dont la portée chez les chiites est presque comparable à celle du prophète Mohammed chez les sunnites, est particulièrement sensible. Pour l'heure, peu d'échos sont parvenus de la sphère chiite sur l'effet que cela a produit sur ces musulmans, qui considèrent que le cousin et gendre du prophète était aussi un élu de Dieu, à qui revenait le droit légitime de remplacer le prophète Mohammed à sa mort.
Ce schisme des origines continue 15 siècles après à agiter le monde musulman et à la couper en deux. Les réactions sont nombreuses cependant dans le monde sunnite, ou la vénérable institution d'El Azhar en Egypte (assez déclinante ces derniers temps, il est vrai) et Dar el Ifta, son équivalent en Arabie Saoudite ont dit toute l'«offense» ressentie quant à voir personnifiés des compagnons du prophète par des acteurs qui, une fois le tournage terminé, se verront sur d'autres productions faire les zazous ou conter fleurette. Une désacralisation «hérétique» que les théologiens, pas forcément les plus intégristes, craignent de voir à terme toucher le personnage du prophète lui-même. Même ce pare-feu qu'ont adopté les concepteurs de l'œuvre, en misant sur le «soutien» indirect de théologiens reconnus (dont le très médiatique Youssef El Qaradaoui) engagés comme consultants préposés à la vérification de l'authenticité des faits historiques, n'a pas empêché la polémique d'enfler.
Malgré cette levée de boucliers, le feuilleton a continué à être diffusé et connaît un franc succès. D'abord, par cette inédite représentation de personnages, réduits jusqu'ici à une existence elliptique à l'écran. Ensuite, par les moyens mis à la production. La réalisation, confiée au syrien Hatem Ali, maître incontesté du moment du feuilleton historique dans le monde arabe, ne pouvait pas se plaindre de manquer de marge de manœuvre et de moyens – jusqu'à donner l'impression de ne plus savoir quoi en faire. Le casting, pour ne parler que de ce segment, a été un défilé interminable d'acteurs reconnus issus de plusieurs pays arabes, et mené par le grand Ghassan Massoud, le même qui a campé le rôle de Saladin dans Kingdom of Heaven de Ridley Scott (2005), ici troublant dans le rôle de Abu Bakr.
Mais la plus grande force du feuilleton réside sans doute dans la puissance du texte (signé par le jordanien Walid Seif) dont la densité rhétorique est un véritable régal pour celui qui sait un tantinet goûter la langue arabe.
On ne pourra pas en dire autant du rythme général du feuilleton qui, par moment s'affaisse en de longs flottements, expédie des faits comme s'il s'adressait forcément à des initiés ou s'attarde à l'ennui sur d'autres. Il y a également ce talent d'Achille de la production télévisuelle ou cinématographique arabe que demeure la mise en scène des batailles. Et le feuilleton en renferme plusieurs.
L'amateurisme suinte souvent dans les chorégraphies des mêlées, les duels à l'épée, et dans nombreuses chevauchées laborieuses… Et puis, une tendance naïve jusqu'à la caricature donnant à voir un Khalid Ibn El Walid, le plus grand général des armées des conquêtes musulmanes, en gladiateur qui n'a peur de rien fendant à lui seul les rangées persanes ; cette satanée tentation de présenter «l'ennemi» comme un pleutre de conte de grand-mère, détalant à la moindre charge des braves combattants musulmans…
Effet «printemps arabe» ?
Malgré ses faiblesses techniques, le feuilleton ose doucement des pistes intéressantes pour une lecture plus nuancée de l'histoire de l'Islam et de l'exercice du pouvoir politique, à l'aube de l'empire qui s'est édifié plus tard. Les contradictions entre Abu Bakr et Omar Ibn El Khettab, respectivement une vision douce, presque molle, du pouvoir, et une autre plus abrupte et plus visionnaire ne sont pas tues. Juste un peu édulcorées. Ainsi – on y verra peut-être un effet lointain de l'actualité dans le monde arabe -, le premier calife ne prendra pas ombrage de l'ascension du militaire Khalid Ibnou El walid, et lui confiera sans hésiter commandement sur commandement. Ce n'est pas le cas de Omar Ibn el Khettab, qui y verra le danger d'une… mainmise du militaire sur le politique. Ce qu'il concrétisera, en prenant le pouvoir par une limitation des troupes conduites par le général.
L'homme ira jusqu'à remettre en cause, dans le feuilleton en tout cas, un édit du prophète confiant l'exploitation des terres à quelques bons musulmans. «La terre est à ceux qui la travaillent», a décidé le calife Omar des siècles avant la fièvre socialiste et… notre révolution agraire. Plus sérieusement, le feuilleton a le mérite d'éviter le manichéisme qui réduit l'histoire de la religion musulmane à une fable sans aspérités, où les bons triomphent naturellement des méchants. Par petites touches certes, des choses sont osées dans un domaine jusque-là soumis à l'appréciation autoritaire des institutions religieuses. Ne serait-ce que pour cela, le feuilleton fera date.


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