-Originalité oblige, pouvez-vous vous présenter ? Tout d'abord, je dirais que je suis un rappeur toulousain. Bien qu'âgé de 38 ans, j'ai un assez long parcours. J'ai débuté ma carrière en 1984 avec KDD, où j'étais le leader du groupe, qui était composé à l'époque de cinq membres. Nous avons sorti en 1996 un premier album, Opte pour le K. D'autres albums suivront : Résurrection en 1998 et Une couleur de plus au drapeau en 2000. Le groupe s'est séparé ensuite. J'ai décidé alors d'entamer une carrière solo. J'ai édité six albums et signé pas mal de musiques de films. En effet, j'ai multiplié les collaborations, avec notamment Akhenaton, Kool Shen, Rohff, Oxmo Puccino, Vitaa, Diam's, Joeystarr et Jean-Michel Jarre pour la version remix d'Oxygène. J'ai également signé en 2003 le scénario de Gomez & Tavarès, réalisé par Gilles Paquet-Brenner sorti en 2003. Titoff, Stomy Bugsy et Noémie Lenoir sont également d'autres artistes avec lesquels j'ai travaillé. J'ai co-réalisé la bande originale de Taxi 3 pour Luc Besson. J'ai également composé au cours de la même année pour Alain Chabat la musique du générique du film RRRrrrr. Toujours en 2003, j'ai sorti chez Sony Columbia mon premier album solo France History X, suivi de Sales gosses. Ce dernier album a été suivi d'un clip regroupant Jamel Debbouze, Eric et Ramzy, Dieudonné et Joeystarr. En 2009, je suis revenu avec une nouvelle formation dans le style D and the Zepp. J'étais le chanteur/bassiste, tout en étant accompagné du guitariste Alain «Dricks» Lasseble. Mieux encore, j'ai réalisé et composé plusieurs génériques TV et spots publicitaires. J'ai produit avec Xavier Marchand les teasers officiels du Festival Garorock. En 2011, j'ai créé Numérik Brothers avec le Dj et Beatmarker Davy Vener. C'est une formation qui évolue dans le style Electro-hip-hop. -Les thèmes que vous abordez dans vos chansons sont revendicatifs à plus d'un titre… Je dirais plutôt que j'ai un œil critique sur les relations humaines qu'on peut avoir avec les gens. C'est valable dans toutes les sociétés du monde. J'aime bien parler dans mes chansons des enfants et des adultes. A titre d'exemple, c'est en traînant devant les bahuts de mon quartier que j'ai été inspiré par l'écriture de la chanson Sales gosses. Je m'inspire de petites histoires qui peuvent arriver à tout le monde. -Vos premières impressions sur votre venue en Algérie ? J'ai toujours rêvé de venir en Algérie. Car quand on grandit comme moi dans des quartiers populaires de France, on a ce parfum d'Algérie qui nous colle à la peau. Les Algériens qui vivent à Toulouse nous transmettent tous les aspects positifs de votre pays. Ces gens qui sont devenus des amis me parlent avec nostalgie, entre autres, de Bab El Oued et de ses Trois horloges. Certains lieux sont devenus mythiques pour moi. Venir en Algérie a été magique pour moi. Je découvre un beau pays, très hospitalier. Je trouve que cet échange musical entre les artistes toulousains et algériens est une véritable aubaine. Je découvre des artistes algériens pointus, dotés d'une bonne maîtrise de la production artistique. Ils ne demandent qu'à être écoutés. -Avez-vous un aperçu sur le rap algérien ? Mais bien sûr que j'ai un large aperçu sur ce qui se fait en matière de rap en Algérie. J'ai eu le privilège de travailler, il y a douze ans, avec les défunts groupes algériens MBC et Intik dans les années 96-98. J'avais à l'époque une grande idée sur le rap algérien, mais aujourd'hui en venant en Algérie je me rends compte de visu de l'évolution de ces jeunes Algériens bourrés de talent. C'est une évolution phénoménale. Il n'y a aucun complexe à avoir. Je pèse mes mots, je dirais qu'avec la mondialisation, les rappeurs de Bab El Oued sont aussi légitimes que ceux de Brooklyn. -Justement, quelle est votre appréciation sur le rap à l'échelle internationale ? Le rap est un genre musical à part entière. Il détient aujourd'hui ses propres codes et diversités. Il peut y avoir un rap peu lucratif, s'orientant vers le grand public. Il existe également un rap contestataire, dénonçant quelque chose de précis. Tout comme il peut y avoir un rap musique, décodant les codes de la société. Il y a autant d'hommes que de raps. Il y a autant de visages que de raps.