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Nouri Koufi. Interprète algérien de musique arabo-andalouse : «Je dérange par ma façon de travailler»
Publié dans El Watan le 05 - 01 - 2019

L'artiste, Nouri Koufi, s'est produit, mardi dernier à l'Opéra Boualem Bessaïeh, à Alger, lors de la soirée de clôture de la 13e édition du FestivAlgérie. Rencontré dans sa loge, il se confie à nous avec beaucoup de franchise. N'y allant pas avec le dos de la cuillère, il explique dans cet entretien les raisons de son éclipse de la scène artistique algérienne.

Vous êtes absent de la scène artistique algérienne depuis quelques années déjà…
Je dirais que nous restons à la merci des responsables de la culture algérienne. C'est-à-dire que nous, moi particulièment, tout le monde sait que j'ai un petit problème avec les organisateurs de spectacles et les gens de la culture, car je suis un peu exigeant dans mon travail. Je ne suis pas exigeant parce que je m'appelle Nouri Koufi, mais je suis exigeant parce que je véhicule une culture. Je véhicule un patrimoine qui nous a été légué par des gens qui ont donné leur vie pour ce pays. Je pense que nous n'avons pas le droit de le brader. A chaque fois qu'on passe pour faire ce travail, on doit le faire avec honneur.
Cette exigence pose problème à nos responsables de la culture, puisqu'au niveau technique, humain et matériel, nous n'avons pas les moyens qu'il faut. Pour rappel, le ministère de la Culture m'a invité en 2016 pour participer à la semaine algérienne en Iran.
J'ai eu comme frais de mission 180 euros pour quinze jours. J'ai, bien entendu, refusé ces frais. Les gens ne sont pas au courant. L'affaire est passée inaperçue. Je ne reçois pas d'invitation, car ils savent très bien que quand ils appellent Nouri Koufi, cela ne va pas être facile. Concernant les privés, quand je leur donne mes conditions, cela se passe très bien.
Pour participez tout de même pour la première fois à la 13e édition du Festival international de la musique andalouse et des musiques anciennes, où vous êtes programmé pour la clôture…
Oui, c'est la première fois que je participe au Festival international de la musique andalouse et des musiques anciennes. Il faut savoir que je ne suis pas rentré au ministre de la Culture depuis quarante ans. Mon nom en tant qu'artiste n'a jamais été mentionné sur la liste de l'ONCI, depuis cinquante ans, même pas une seule fois. Je n'ai, d'ailleurs, même pas été invité dans ma ville natale dans le cadre de la manifestation Tlemcen, capitale de la culture arabe. Je n'habite pas à l'étranger. Nous sommes prêts quand on nous appelle pour participer à un événement donné. Pourquoi les artistes étrangers qu'ils ramènent, ils les appellent et les payent. Je demeure convaincu que je dérange par ma façon de travailler, par mes exigences et par ma personnalité. Je n'accepte pas tout.
Comment faites-vous alors pour vous imposer ?
Je m'impose, car n'oublions pas que j'étais dans l'enseignement. Ensuite, je me suis débrouillé pour avoir quelques affaires dans le domaine du commerce. Je vous dirais presque que je suis en train de subventionner la musique avec mon argent. Dix-neuf musiciens sont venus avec moi de Tlemcen jusqu'à Alger pour participer au Festival de la musique andalouse et des musiques anciennes, c'est moi qui sort l'argent de ma poche.
Je ne devrais pas dire cela, mais c'est pour dire que l'argent ne m'intéresse plus. Ce qui m'intéresse, c'est d'arriver au public et de faire quelque chose de convenable, en lui faisant plaisir. C'est cela mon intention. J'ai accepté cette invitation car c'est un festival qui rentre dans le cadre de la paix. Et la chanson représente la paix. Par ailleurs, je dois vous confier que les chansons religieuses que j'interprète à chaque fin de concert, c'est ma soupape de sécurité. C'est une façon de chanter sur scène qui me permet d'extérioriser et de sortir ce qui est en moi. C'est le seul moment où je le vis sur scène.
Vous avez interprété, ce soir, la célèbre chanson du maître Abdelkrim Dali, El Kaoui, à votre façon. A-t-on le droit de modifier l'air ?
Je ne modifie pas, mais je donne une nouvelle chanson avec un autre air, tout en gardant celle qui existe déjà. J'ai toujours dit qu'il ne fallait pas toucher à ce qui existe. Si vous avez envie d'inventer ou d'écrire, faites autre chose mais ne touchez pas à ce qui existe. Si vous êtes capable d'écrire et de composer, faites et composer autre chose, mais laissez ce qui a été fait dans le cadre de la préservation du patrimoine et de notre identité culturelle.
Justement, quel regard portez-vous sur ce qui se fait dans le domaine musical arabo-andalou ?
J'ai proposé plusieurs fois qu'on arrête tout ce qui se passe actuellement et qu'on fasse des commissions de validation du patrimoine et de la correction des textes. Car tout le monde chante ce qu'il veut et dit ce qu'il veut. Tout le monde prétend avoir l'original. Et c'est la pagaille en Algérie. La seule solution, c'est que le ministère de la Culture crée des commissions au niveau des trois écoles, d'Alger, de Tlemcen et de Constantine. Et qu'on recrute des professeurs d'arabe en retraite. Qu'on engage aussi des professeurs de musique. Et que ces gens travaillent en permanence dans une structure qui a été attribuée par le ministère de la culture. Qu'on attaque tout et que ce travail soit mis sur internet, qu'il soit diffusé et médiatisé à tout le public algérien.
Ce dernier a le droit de participer sur internet et de donner son avis. Que les gens qui ont des manuscrits et les enregistrements les ramènent. On ouvrira un chantier de correction du patrimoine musical algérien à travers toute l'Algérie, même si c'est dans trois ou quatre ans, tout le monde va participera. Au final, on aura l'original une fois pour toutes. Car même l'Office national des droits d'auteur et droits voisins (ONDA) n'a pas l'original sur lequel il se base pour payer les auteurs et les compositeurs.
Sinon percevez-vous vos droits au niveau de l'ONDA ?
L'ONDA est un deuxième impôt en Algérie ? Comment voulez-vous prendre des droits d'auteur auprès de l'ONDA quand vous savez que la commission juge des morceaux qui n'existent pas. Il n'y a pas de textes vrais. Comment pouvez-vous savoir que cette chanson appartient à x ou à y ? Ce sont des milliards qui sont gelés à partir d'une commission qui se compose de quatre ou cinq personnes. Par contre, je suis affilié à la Société des auteurs, compositeurs et éditeurs de musique (Sacem) depuis vingt ans. On m'a accepté en France, mais pas en Algérie. J'ai déposé un dossier auprès de l'ONDA il y a quinze ans, mais on m'a répondu en me disant que je ne répondais pas aux conditions. Je dérange encore une fois.
Quel regard portez-vous sur la relève de la musique andalouse ?
Comme je l'ai dit plus haut, il faut corriger les textes pour que les associations puissent donner le vrai. Actuellement, chaque association enseigne ce qu'elle veut. Es-ce que les professeurs qui sont dans les associations sont en train de donner le vrai ? Est-ce que je chante, ce soir, à l'Opéra Boualem Bessaïeh est vrai? Personne n'est sûr de ce qu'il fait. Il faut qu'on se réunisse autour d'une table, qu'on discute et qu'on ouvre le débat afin de sortir avec l'original.
A l'international, Nouri Koufi est-il sollicité ?
Nous ne sommes pas médiatisés. Le problème qui se pose c'est que moi je n'ai jamais eu de manager. Je manage tout seul. En Algérie, nous n'avons pas des professionnels à 100% dans ce domaine-là. Sincèrement, nous avons bougé un peu à l'étranger, il y a quelques années, mais ces derniers temps, il n'y a rien. Même moi cela ne m'intéresse pas, car le Centre culturel de Paris, quand vous passez, on vous paye avec les entrées. 180 places à 5 euros la place. Je suis désolé, mais je n'accepte pas cela. Nous ne sommes pas des mendiants.
Ne caressez-vous pas le rêve de créer une école portant votre nom ?
Oui, je compte créer une école de musique Nouri Kofi à Tlemcen.
Avez-vous un projet d'album ?
Je suis en stand-by. Je n'ai plus fait d'albums depuis 2002. C'est une désorganisation totale qui se trouve sur le terrain du monde de la cassette ou du CD. Internet a tout bousillé, puisque tout le monde prend ce qu'il veut d'internet. Les gens téléchargent automatiquement. Il n'y a plus de production. Alors pourquoi, allez acheter un CD à 150 ou 200 DA, alors qu'on peut le télécharger gratuitement. Pourquoi rentrer dans un studio et mettre 150 ou 200 millions pour à la fin ….
Selon vous, quelle est alors la solution pour pouvoir exister ?
La solution pour moi, c'est commencer à travailler tout seul, avec mes propres moyens et faire des produits que je vendrais sur le marché, même si je suis perdant, et ce, pour mon public, pour l'Algérie et pour le patrimoine algérien. Je suis en train de me préparer à le faire. Je vais m'autofinancer pour des produits, même si je ne vais pas faire rentrer des bénéfices. Au moins que je fasse rentrer les frais que j'ai engagés. On existe maintenant à cause du peuple algérien, de nos fans et à cause de ce qui se passe dans le monde. La culture est le socle d'un peuple.
Ce qui a tué le pays, c'est la culture. L'école n'a pas fait son travail. Les enfants sont jetés dans la rue. C'est cela le véritable problème de l'Algérie. Tant qu'on n'a pas réglé le problème de la culture et de l'éducation des enfants, on ne réglera rien en Algérie.


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