La question de la sécurité alimentaire et, donc, de l'autosuffisance, passe par l'augmentation de la production agricole. C'est une évidence. Mais force est de constater que le foncier agricole, loin de s'élargir, est en train de se réduire, en raison des détournements de terrains et de leur «bétonnage». En visite récemment à Boumerdès, le ministre de l'Agriculture, du Développement rural et de la Pêche, Abdelkader Bouazghi, l'a reconnu : «Le foncier agricole subit des dépassements graves.» Il a ajouté : «Pourtant, les textes législatifs existent à présent, il est temps de les appliquer pour régler les contentieux et les litiges enregistrés çà et là à propos d'exploitations agricoles. J'ai demandé aux walis de mettre fin à ces situations.» Malheureusement, ce problème touche également les fermes pilotes. En effet, sur les trois qui existent à Boumerdès, celles de Khemis El Khechna (180 ha) et de Ras Djenet (110 ha) viennent d'entrer en exploitation. Mais la plus importante, celle de Bordj Menaïel (800 ha) est toujours bloquée en raison d'un litige à cause «d'indus occupants», selon l'expression du président de la Chambre d'agriculture. Rabah Ouanèche, de l'Office national du développement agricole (ONDA), n'est pas de cet avis : «Ils sont une quarantaine d'exploitants qui y travaillent depuis les années 1990. Certes, certains ont tenté de faire disparaître des documents ayant trait à la véritable nature juridique du terrain. Mais en vain. Le mieux est de permettre à ces agriculteurs de soumissionner pour une partie de la superficie et de mettre l'autre aux enchères pour d'éventuels investisseurs dans le cadre du partenariat privé/public.» Cette situation n'est pas isolée. 99 autres cas de contentieux sur des terres agricoles sont au niveau de la justice. La directrice des services agricoles a révélé au cours de son exposé que 1888 dossiers attendaient un traitement. Alors que, comme le ministre l'a souligné, «les 62 000 ha de terres cultivables qui rapportent 72 milliards peuvent être doublés si les responsables du secteur venaient à réussir l'assainissement du foncier agricole». La Conservation des forêts, par exemple, n'a délivré des autorisations pour la mise en exploitation que pour 800 ha seulement au profit des jeunes, alors que son assiette globale recensée depuis 2002 fait mention de 3200 ha. Pourquoi le reste n'a-t-il pas été octroyé ? Les responsables locaux se réfugient souvent derrière les lenteurs bureaucratiques des procédures. C'est pourquoi, le wali a pour devoir de veiller à ce que les superficies restantes soient distribuées et à actualiser le recensement des espaces forestiers pour multiplier les superficies à concéder et créer bien plus que les 2000 emplois pour les jeunes et engranger une manne financière supérieure aux 62 milliards actuels. Au vu de ses potentialités, Boumerdès mérite mieux que la 14e place nationale qu'elle occupe actuellement grâce, notamment, à la production de raisin (45% de la production du pays) et à la pisciculture, où la wilaya est considérée comme exemple pouvant jouer le rôle de locomotive. Enfin, la généralisation de l'irrigation moderne s'impose, mais on déplore que sur les 19 000 ha, 50% soient encore irrigués traditionnellement.