Ces condamnations ont été prononcées par la justice pour des infractions liées au terrorisme, meurtre et viol. Aucune exécution n'a été enregistrée en 2016, souligne l'ONG internationale qui rappelle que l'Algérie a institué un moratoire sur les exécutions en 1993. «L'Algérie continue de jouer un rôle important sur le plan international en vue d'inciter les pays à cesser de recourir à la peine de mort. En effet, elle a toujours parrainé et voté en faveur des résolutions de l'Assemblée générale de l'ONU appelant à un moratoire sur l'application de la peine de mort. En 2016, l'Algérie a parrainé et voté en faveur de la résolution 71/187 adoptée par 117 Etats lors de l'Assemblée générale des Nations unies le 19 décembre 2016», rappelle Amnesty International dans son rapport. Le nombre était de 16 condamnations en 2014, 40 en 2013, 51 en 2011 et 130 en 2010. «Nous regrettons fortement que la dernière révision de la Constitution n'ait pas consacré l'abolition de la peine de mort, alors que plus de la moitié des pays du monde ont désormais aboli ce châtiment cruel et inhumain», a déclaré Hassina Oussedik, directrice d'Amnesty International Algérie. Aucun débat n'est lancé par les institutions officielles nationales concernant la peine de mort. Des voix se sont élevées, s'appuyant sur des arguments religieux pour réclamer l'application de la peine de mort et l'exécution des assassins et violeurs d'enfants. Des slogans appelant à l'application de cette peine ont explicitement été brandis lors des manifestations organisées après plusieurs assassinats et viols d'enfants. Ceci, alors qu'une campagne a été lancée par des organisations et associations de défense des droits de l'homme pour l'abolition de la peine de mort. Si cette initiative entreprise en 2014 est restée sans suite, les militants de défense des droits de l'homme continuent à lutter pour l'abolition de «la peine infamante et l'instauration de peine alternatives». Noureddine Benissad, président la Ligue algérienne pour la défense des droits de l'homme (Laddh), rappelle d'ailleurs à l'occasion de la Journée mondiale contre la peine de mort, célébrée chaque année le 10 octobre, que cette sentence en Algérie cache «une motivation politique». Et que «dans le code pénal il y a 17 infractions passibles de la peine de mort et la plupart sont des infractions à caractère politique, comme l'atteinte à la sûreté de l'Etat, la rébellion», souligne Me Benissad. «Si aujourd'hui on milite pour que l'Algérie abolisse cette peine, c'est pour mettre un terme à cet acte de violence qui transgresse un des droits de l'homme le plus fondamental, à savoir le droit à la vie», a déclaré le président de la Laddh lors de la conférence organisée le 8 octobre dernier. Au niveau mondial, Amnesty International a recensé 1032 exécutions en 2016, si on n'inclut pas la Chine, contre 1634 en 2015. L'Iran, l'Arabie saoudite, l'Irak, le Pakistan et la Chine sont les cinq pays qui ont exécuté le plus grand nombre de condamnés. Les Etats-Unis ne figurent pas dans ce quintet de tête pour la première fois depuis 2006, et le nombre d'exécutions recensées dans ce pays est le plus bas depuis 1991, note le rapport d'Amnesty International. La baisse du nombre d'exécutions au niveau mondial est en grande partie due aux chutes enregistrées en Iran (passant d'au moins 977 à au moins 567) et au Pakistan (passant de 326 à 87). Au Moyen-Orient et en Afrique du Nord, le nombre d'exécutions recensées a baissé de 28%, mais l'Iran et l'Arabie Saoudite continuent de figurer parmi les pays ayant exécuté le plus grand nombre de personnes, analyse la même ONG.