Des événements bizarres ont été constatés ces derniers temps en Méditerranée et dans l'un de ses pays riverains. Ils convergent tous vers un seul point : la Turquie. En un mois, trois bateaux chargés d'armes ont été interceptés dans le bassin méditerranéen. Ils partaient tous les trois d'Istanbul et devaient débarquer leurs cargaisons en Libye. Seconde affaire inquiétante : les autorités algériennes ont arrêté en deux endroits différents du territoire 25 militaires de l'ASL (Armée syrienne libre) liés aux terroristes islamistes d'Al Nosra et de Daech notamment, qui combattaient le régime de Bachar Al Assad. Ils avaient sur eux de fortes sommes d'argent en dollars. Eux aussi venaient… d'Istanbul. Il étaient partis de cette ville par avion jusqu'à Khartoum et de là, ils ont pénétré en Algérie par voie terrestre via la Libye. Leurs contacts dans notre pays sont des réfugiés syriens qui avaient fui la Syrie à partir de 2011, année du déclenchement de la guerre civile. Avaient-ils pour missions de relancer le terrorisme islamiste dans notre pays ? Istanbul est le point de départ aussi des cargaisons d'armement de ces terroristes. Or, de telles opérations ne peuvent avoir lieu sans l'aval et la complicité des autorités turques. Elles sont tellement graves qu'elles ne peuvent pas avoir été montées par des seconds couteaux, mais par le sommet de l'Etat, en l'occurrence Recep Tayyip Erdogan. Avec le temps, tout le monde a compris que cet homme est atteint de la folie des grandeurs. Sa réussite économique incontestable a développé chez lui un ego démesuré. Ses penchants idéologiques ont fait le reste. Frère musulman déclaré, c'est surtout son nationalisme qui lui dicte son comportement. Il se voit sans doute reconstituer l'empire ottoman de Souleïman le Magnifique et, pourquoi pas, devenir le leader du monde musulman. C'est pourquoi on le trouve dans la coalition qui, avec le Qatar, l'Arabie Saoudite et les Etats-Unis, a créé, armé et financé Daech qui, dans un premier temps, a envahi, à partir du territoire turc, l'Irak et la Syrie qui ont été rasés. La Libye est sur la même voie. Des journalistes turcs, qui ont révélé la politique déstabilisatrice menée par Erdogan contre ces deux pays arabes, ont été condamnés à la prison à vie. Se croyant assuré de l'impunité et fort de la puissance de son armée, Erdogan a annoncé sa décision d'exterminer les Kurdes de Syrie pour qu'ils ne fassent pas jonction avec leurs frères de Turquie. Une mission que va lui faciliter Trump. Il a annoncé le retrait de l'armée américaine du Kurdistan syrien, abandonnant à leur sort les Kurdes syriens grâce auxquels pourtant l'armée US avait réussi à battre Daech en Syrie. Une trahison qui démontre l'égoïsme sans limite de la Maison-Blanche. Il y a de quoi s'inquiéter sur la nouvelle menace qui pèse sur l'Algérie. Trouver le Soudan impliqué dans la basse besogne n'est pas fortuit. Le criminel Omar El Béchir avait déjà ouvert dans les années 1990 des camps d'entraînement au Soudan pour les éléments du GIA qui, ensuite, rentraient en Algérie à travers la Libye grâce à la complicité d'El Gueddafi. Le revoilà en train de jouer les mercenaires des Turcs. Tout le monde veut aujourd'hui profiter de l'affaiblissement de l'Algérie pour lui porter le coup de grâce. Les gens qui se sont accaparé le pouvoir ne sont malheureusement pas à la hauteur pour affronter la menace. Aujourd'hui plus qu'hier, la vigilance est de rigueur.