Lauréat du premier prix du Salon national des arts plastiques qui s'est tenu à Skikda du 25 au 28 décembre dernier pour son œuvre abstraite intitulée «Rêve d'éclaircie», l'artiste peintre Mohamed Chafa Ouzzani expose continuellement à la galerie Aïda de Chéraga. Contrairement à de nombreux artistes, Mohamed Chafa Ouzzani reste timide quand il s'agit de décrire ses toiles. «En général, je ne parle pas trop de ma peinture. Cela équivaudrait quelque part à parler de ma personne, ce qui n'est pas chose aisée car il n'est jamais facile de parler de soi !», confie-il. L'artiste envisage la peinture «comme une partie intégrante et indissociable de tout son être, sa musique, son oxygène», dit-il. Cela vient sans doute, avoue-t-il, du fait que l'évolution de sa conception de la création artistique l'a mené vers un chemin sans issue, un chemin qui aboutit à l'éclatement des sens. Mohamed Chafa Ouzzani explique : «Ma peinture n'est guère une idéologie. Ma philosophie échappe à toute représentation d'éléments visuels qui font notre quotidien. Elle devient ainsi spirituelle, cosmique, insensée, cherchant désespérément la force intérieure du sentiment refoulé.» Selon lui, il n'y a pas lieu de chercher un sens à ses œuvres ni de les classer dans une quelconque catégorie. A ses yeux, une peinture se vit comme une symphonie ; comme une musique qui nous entraîne vers des contrées inconnues. Des contrées que seul le cœur – non l'esprit – peut imaginer. «N'est-ce pas cela qui fait la force et la beauté d'une œuvre», s'interroge-t-il. Pour l'artiste peintre, l'artiste est toujours tourmenté. Ses tourments lui viennent de cette envie inespérée de toujours créer, d'aller vers une puissance d'expression qu'on n'atteint jamais. «On s'en rapproche comme on peut ! La frustration, dans l'acte de création, se dissipe à mesure que l'esprit de l'œuvre prend forme pour combler d'impressions la blancheur initiale de la toile». Mohamed Chafa Ouzzani avoue revenir vers la réalité pour y puiser l'inspiration qui, dans des moments de désillusion ou d'égarement, lui fait défaut. «Si les maisons m'inspirent, c'est plus à cause du rapport étroit qu'elles entretiennent avec le mystère de la vie. Elles sont détentrices de tellement de secrets qu'avec les murs qui les composent», confie-t-il. Architecte de formation, Mohamed Chafa Ouzzani confie qu'on lui a souvent fait remarquer que sa formation d'architecte apparaît en filigrane dans ses œuvres : «Cela est sans doute vrai. Probablement le fruit inconscient de mon goût prononcé pour la composition.» Pour conclure, Mohamed Chafa Ouzzani estime qu'on n'achève jamais une œuvre, on y met juste un terme ! Son achèvement se fera peut-être dans le regard de la personne qui y plongera son cœur !