Comment vivait la femme des régions des Aurès dans un passé récent ? Jouissait-elle de certains droits, comme ceux dont bénéficie l'homme ? Il a fallu du temps pour que soit reconnu le statut de la femme en terre chaouie. Les traditions ayant la peau dure, la femme fut maintenue dans un statut qui lui spoliait des droits inaliénables. Elle était soumise, n'ouvrant guère droit à l'instruction, vivant recluse et contrainte à subir sans rechigner les pressions exercées sur elle par les lois patriarcales. Mais voilà ! Tout change du tout au tout. Les parents ont vite compris que la fille, si on veut la libérer, il faut lui ouvrir les portes à l'instruction. C'est par ce seul moyen qu'elle peut recouvrer ses droits et s'émanciper. Si dans les grandes villes, la chose était acquise de longue date, dans les contrées des Aurès (wilayas de Batna, Khenchela et Oum El Bouaghi), la femme a dû livrer un long combat pour desserrer le joug patriarcal. Mis à part l'instruction, elle était confrontée à souffrir du regard de la société. Considérée comme une éternelle mineure, elle n'avait pas le droit d'exercer certains travaux, considérés comme l'apanage de l'homme. Mais, elle a commencé par arracher ses premiers droits, comme devenir enseignante, puis médecin. Est-ce à dire que le regard de l'homme a changé pour l'accepter comme collègue de travail, puis comme chef de service ? Certains l'admettent difficilement. Seuls ceux dont la progéniture est de sexe féminin l'admettent, reconnaissant à la femme d'être l'égal de l'homme dans l'exercice de beaucoup de métiers ou fonctions. Il n'en demeure pas moins vrai que la femme souffre de l'ostracisme de l'homme, voire de son exclusion de certaines fonctions, comme chef d'entreprise, conductrice de travaux. D'autre part, dans nombre de régions du pays, la femme n'a pas le droit de fréquenter les cafés ou les stades. Arrivera certainement un temps où elle disposera de lieux de loisirs exclusivement dédiés à sa condition de femme, d'épouse et de sœur. Ce qui importe le plus, c'est que le regard de l'homme envers la femme change. Il ne doit plus voir en elle une rivale qui cherche à le déposséder de certains privilèges, mais une collaboratrice, une aide qui participe comme lui à transformer le monde, à œuvrer pour une vie meilleure.