La coupe est pleine pour la diplomatie française. Hier, le Quai d'Orsay a rappelé son ambassadeur à Rome pour des «consultations». Cette décision, la première dans les annales de la diplomatie des deux pays depuis la fin de la Deuxième Guerre mondiale, a été prise pour protester contre la rencontre qui a eu lieu entre le vice-président du Conseil italien, Luigi Di Maio, avec des «gilets jaunes». Elle fait également suite à une série de «piques» émanant de certains membres du gouvernement italien en direction de la France et d'Emmanuel Macron en particulier. «Cela n'a pas de précédent depuis la fin de la guerre», a indiqué la porte-parole du Quai d'Orsay, Agnès Von der Mühll. «Les dernières ingérences constituent une provocation supplémentaire et inacceptable. Elles violent le respect dû au choix démocratique fait par un peuple ami et allié. Elles violent le respect que se doivent entre eux les gouvernements démocratiquement et librement élus.» Elle a ajouté : «Tous ces actes créent une situation grave qui interroge sur les intentions du gouvernement italien vis-à-vis de sa relation avec la France.» Il faut dire que depuis l'arrivée de l'extrême droite italienne au pouvoir, les relations avec leurs voisins français se sont détériorées. Rome accuse Paris de ne pas supporter une partie du fardeau de l'immigration illégale en fermant ses frontières aux migrants qui veulent passer depuis l'Italie. Récemment, l'Italie a accusé la France «d'avoir volé toute les richesses des pays africains sans créer de développement». Le vice-président du Conseil avait d'ailleurs dit en janvier dernier : «Le problème des migrants a beaucoup de causes, par exemple, ceux qui ne vont pas en Afrique pour créer du développement, mais plutôt pour voler de la richesse au peuple africain. La France est parmi eux, l'Italie, non.» Il a ajouté : «A partir d'aujourd'hui, ceux qui veulent débarquer en Italie, on va les emmener à Marseille. Je vais demander des sanctions contre les pays qui colonisent l'Afrique. La France imprime le franc dans les colonies pour financer une partie de sa dette. Pour laisser les Africains en Afrique, il suffirait que les Français restent chez eux.» Gilets jaunes Des déclarations qui ont fait mal au gouvernement français qui a déjà convoqué, le 20 janvier dernier, l'ambassadrice italienne à Paris pour «plus d'explications». Officiellement, l'Italie ne veut pas de problèmes avec la France. D'ailleurs, le ministre italien de l'Intérieur s'est dit prêt à rencontrer le président Macron pour tirer les choses au clair. « Je ne veux de conflit avec personne, les polémiques ne m'intéressent pas», a-t-il déclaré. Néanmoins il a énuméré trois questions importantes qu'il souhaite régler avec Paris : la fin des refoulements à la frontière, le retour en Italie et la fin des vexations qui touchent les travailleurs frontaliers italiens qui subissent des humiliations la frontière française. Par ailleurs, le mouvement 5 Etoiles ne cesse de critiquer Emmanuel Macron, allant jusqu'à le qualifier de «mauvais Président». Son seul souci est d'attirer le soutien des «gilets jaunes» en vue de former une coalition pour les prochaines élections européennes prévues le 26 mai. C'est pour cela d'ailleurs que ce mouvement a proposé aux «gilets jaunes» de les aider dans le domaine de la logistique ou dans celui de la communication et la constitution des listes électorales européennes. Le torchon qui brûle entre la France et l'Italie ne risque pas de s'éteindre de sitôt, selon Nathalie Loiseau, ministre française des Affaires européennes. Cette dernière exclut toute visite de responsables français de l'autre côté des Alpes, ajoutant qu'elle refuse de jouer au concours «du plus bête».