Sans salaire depuis une dizaine de mois, les travailleurs du quotidien arabophone El Fadjr ont tenu, hier, un sit-in devant le siège du journal à la maison de la presse Tahar Djaout. Ils réclament leurs 10 mois de salaire, leur mois de congé et la régularisation de leur situation vis-à-vis de la CNAS. «Ne politisez pas nos revendications», «Nous sommes des journalistes, pas des mendiants», «Où sont nos salaires ?» sont des slogans écrits sur les pancartes brandies par les 21 travailleurs présents lors de ce sit-in. «Notre situation financière est catastrophique depuis le début de la crise du journal en juillet 2017. Cela fait aujourd'hui 18 mois que nous souffrons de perturbations de payement des salaires. Au final, nous ne percevons plus nos salaires depuis près de 10 mois. Toutes nos tentatives de trouver des solutions se sont avérées vaines», s'offusque Nacima Adjadj, journaliste et chef de la rubrique politique. La directrice du journal, Hadda Hazem, avait promis, le 3 février, de régler une partie des salaires après la vente des sièges de Constantine et Sétif. «Promesse non tenue. Nous avons été surpris d'apprendre, en fin de journée, que la vente ne s'est pas faite. On nous a demandé d'attendre encore quelques jours. Chose que nous avons catégoriquement refusée. Nous avons été surpris le mardi 5 février de trouver la porte du siège cadenassée. Sans aucun préavis, la directrice a décidé d'interrompre la parution du journal», s'indigne un autre journaliste. Selon les protestataires, des sanctions avaient été infligées à l'encontre de plusieurs travailleurs «mis à la porte juste pour avoir demandé leurs salaires». Les protestataires réclament la régularisation de leur situation vis-à-vis de la CNAS. Depuis plusieurs mois, leurs cartes Chifa ont toutes été bloquées. Ils dénoncent également l'attitude de leur directrice qui a refusé de leur parler durant toute cette période «sauf à travers des déclarations et de publications sur son compte Facebook, où la directrice nous accuse de politiser l'affaire», déplorent-ils. «Nous avons déjà contacté l'Inspection du travail et si nos revendications ne sont pas prises en considération, nous irons en justice», met en garde Mme Adjadj. Vers la fin de la matinée d'hier, un groupe de travailleurs a été reçu par la directrice. Contactée par El Watan, Hadda Hazem indique que cette situation est due à l'absence de publicité, source majoritaire des revenus du quotidien. «Pendant tous ces mois, j'ai milité pour débrouiller l'argent nécessaire. J'ai même vendu des objets personnels. J'avais aussi entamé une grève de la faim pour dénoncer cette pression qui perdure», explique la directrice. Après la réunion avec les travailleurs, elle a promis de verser la moitié des salaires le 1er mars prochain. Le reste des dus sera réglé 15 jours après. Entre-temps, la parution du quotidien restera suspendue jusqu'au déblocage de la publicité.