En visite, hier, dans la 5e Région militaire (RM) à Constantine, le vice-ministre de la Défense, Ahmed Gaïd Salah, s'attaque, avec un verbe acéré, aux «ennemis de l'intérieur et de l'extérieur» qui veulent attenter à la stabilité du pays. Dans un discours belliqueux, le chef de l'état-major de l'ANP semble défendre le bilan de Bouteflika – candidat à sa propre succession – en estimant qu'«il est impossible d'omettre toutes ces réalisations et tous ces acquis, que personne ne peut négliger, sauf les ingrats dont les desseins sont hostiles et les discours sont pleins de haine». D'un ton menaçant, le vice-ministre de la Défense poursuit en affirmant que «ces ingrats», en allusion à l'opposition, «ne mesurent nullement le poids de la stabilité et de la sécurité de l'Algérie». Aussi, ajoute le chef de l'état-major de l'ANP, «ils (les ingrats) ne considèrent aucunement le devenir du peuple algérien combattant, qui a su déjouer toutes les manœuvres et manigances, et faire face à l'hostilité de certains ennemis de l'intérieur et de l'extérieur, et j'insiste ici sur l'expression ‘‘ennemis de l'intérieur et de l'extérieur'' ». Le vice-ministre de la Défense, qui s'est déjà engagé à sécuriser «la présidentielle», continue son intervention en accusant indirectement les forces de l'opposition de «faire de l'Algérie et de son peuple (…) les otages de leurs intérêts abjects et de leurs ambitions sordides». Le général de corps d'armée Gaïd Salah, qui multiplie ces derniers mois les sorties médiatiques, considère que «le peuple, conscient et plein de discernement, n'a jamais été et ne pourra être une proie facile entre les mains de ceux qui se nourrissent de rêverie et d'illusions, qui sont prêts à vendre la sécurité de leur pays et la stabilité de leur patrie au prix de leurs intérêts, sacrifiant, sans scrupule, l'Algérie et le futur de son peuple». Le vice-ministre de la Défense ne désigne, cependant, pas clairement ces «ennemis de l'intérieur», capables de «vendre la sécurité et la stabilité» du pays. Mais il cible, selon toute vraisemblance, tous ceux qui sont très critiques et foncièrement opposés au 5e mandat et qui prônent la rupture avec le système en place. Le général de corps d'armée – qui a déjà averti ceux qui l'ont appelé à intervenir pour faire barrage au 5e mandat – lance une phrase qui sonne comme un clin d'œil au chef de l'Etat. «L'Algérie a certainement besoin d'hommes de valeur, qui ont eu foi en la Glorieuse Révolution, qui continuent à la considérer en tant que rempart des valeurs nobles, et qui estiment que ceux qui y ont cru et se sont imprégnés de ses principes, sauront, sans nul doute, consacrer tous leurs efforts, voire leur vie, au service de l'Algérie.» Bien que vagues, ces propos du vice-ministre de la Défense encensent indirectement la candidature du Président sortant dont on ne cesse de brandir son passé de «moudjahid» comme un gage de légitimité.