La wilaya de Tipasa est devenue non seulement un territoire où les attributions opaques de foncier s'effectuent au profit des progénitures des hauts cadres de l'Etat et des individus friqués bénéficiant de solides liens avec les bureaucrates influents locaux, de surcroît en toute impunité, mais le plus grave à présent, est que ce bout du littoral algérien s'est transformé en plaque tournante du trafic de drogue. Les effectifs de la police judiciaire du groupement du Darak El Watani et de la sûreté de wilaya ne suffisent plus pour lutter contre les réseaux du trafic de drogue, ayant pris ces dernières années une ampleur qui fait peur. En effet, en ce début du mois de février, les éléments de la Gendarmerie nationale de Tipasa ont réussi à démanteler un important réseau de trafiquants de drogue à Aïn Tagouraït, une localité côtière située entre Tipasa et Bouharoun. Ils avaient saisi 13,5 kg de drogue, de luxueux véhicules et arrêté certains membres de ce dangereux réseau. Quelques jours seulement après ce coup de filet, à la suite de l'exploitation minutieuse et discrète d'une information, les gendarmes viennent de saisir 43 kilogrammes de kif dans un garage d'une villa située sur les hauteurs de Bouharoun. La maison appelée «cachette» appartient à un patron pêcheur. Les éléments de l'institution dirigée par le général Ghali Belkessir avaient récupéré 4 véhicules luxueux ayant servi au transport des cabas pleins de drogue, des armes blanches, ils ont arrêté aussi le nommé R. D., l'un des patrons du réseau, âgé de 23 ans, chargé du transport, du stockage et des relations avec les receleurs, ainsi que les 2 receleurs vivant à Bouharoun, qui avaient loué le garage aux trafiquants. R. D. réside à Aïn Tagouraït. Ses deux frères, le baron opérationnel, âgé de 27 ans, chargé des négociations avec les barons de la drogue sur le territoire national, et le second âgé de 38 ans, chargé du blanchiment d'argent, en s'occupant de l'achat des mobiliers, des fonciers et de véhicules sont en fuite et activement recherchés par les services de sécurité. Le nommé R. D., arrêté, et ses deux frères en fuite, en l'occurrence R. T. et R. A., sont les enfants d'un ex-P/APC de Aïn Tagouraït (ex. Bérard), l'une des personnalités influentes de la wilaya de Tipasa, un militant du FLN. Le commerce de drogue est devenu très florissant. Il génère des sommes d'argent colossales et ouvre toutes les portes des administrations. Ces associations criminelles organisées qui prolifèrent dans la wilaya de Tipasa agissent sous le mode du cloisonnement. Elles ont tissé des liens avec les autres réseaux de trafiquants de drogue à l'échelle nationale, en particulier avec les réseaux de Blida et de Tlemcen. Les enquêtes et les analyses réalisées par des spécialistes révèlent l'existence de dangereux réseaux de trafiquants de drogue qui activent à Aïn Tagouraït, Attatba, Ahmeur El Aïn et Fouka, leurs tentacules s'étendant à d'autres localités de la wilaya de Tipasa. Les barons exploitent les personnes en difficulté pour les charger de la surveillance et du renseignement sur les mouvements des forces de sécurité, utilisent les axes routiers et les raccourcis les moins surveillés, offrent des téléphones portables à leurs informateurs. Selon un responsable chargé de la lutte contre ce fléau, le kilogramme de kif se vend entre 25 millions et 70 millions de centimes. La commercialisation des psychotropes s'est développée. Lors d'une opération, les gendarmes ont pu récupérer 4 quintaux de drogue à Blida et 11 quintaux de drogue à Tlemcen, alors que les arrestations avaient eu lieu à Tipasa.