Que veulent Abdelaziz Bouteflika – s'il est encore conscient –, son frère Saïd et les hommes qui continuent à soutenir contre vents et marées un pouvoir comateux ? Veulent-ils brûler l'Algérie après l'avoir pillée ? Ont-ils tant de haine pour le pays au point de refuser d'entendre les millions d'Algériens qui ont dit hier haut et fort qu'ils vomissaient le système. On se demande si ceux qui s'accrochent au pouvoir ne sont pas une secte ésotérique qui est là pour des desseins inavoués. Pour le 8 Mars, un message qu'on nous dit émaner de Bouteflika, sans crainte du ridicule, veut encore une fois faire peur aux Algériens en leur prédisant le «chaos» s'ils continuent de manifester, et voulant faire croire à l'existence d'un ennemi «insidieux». Un discours distillé depuis le 22 février et qui est reçu avec mépris par les citoyens. Un peuple qui a prouvé hier son immense maturité en dénonçant surtout un système qui a mis à genoux le pays. La prise de conscience est totale chez les citoyens qui ont même fait preuve d'un sens de l'humour aigu et d'un grand réalisme. «Merci M. le président d'avoir uni les Algériens», disait une banderole, soulignant que le peuple tient un même langage du nord au sud et d'est en ouest. Malgré cette unanimité, les résidus qui tournent encore autour du chef de l'Etat refusent de lâcher la proie Algérie. Vingt ans de massacres n'ont pas suffi. Ils veulent poursuivre le pillage, croyant peut-être que la révolte va s'essouffler et qu'ils vont reprendre le dessus, prouvant qu'ils sont loin de connaître les réalités algériennes. Une dizaine de jours avant le 22 février ne disaient-ils pas qu'ils «maîtrisaient la rue» ? Il faut espérer que les manifestations d'hier les obligeront rapidement à tirer les leçons qui s'imposent. Ils doivent comprendre que le 5e mandat n'est plus qu'un canular. D'un pays florissant, ils en ont fait un exemple à ne pas suivre, la risée de la planète. L'Algérie, qui était prospère, respectée sur la scène internationale, locomotive du tiers-monde, a été transformée par la volonté d'un clan anti-algérien en un modèle de médiocrité : à croire qu'elle a été victime d'un complot, car comment comprendre qu'avec tout ce qu'elle a accumulé lorsque le prix du baril avait explosé au début des années 2000, nous continuons à dépendre à 98% du pétrole, alors que l'Arabie Saoudite, pourtant un immense désert qui rêve de verdure et de pluie, a réussi à développer d'autres ressources qui lui permettent de ne plus être prisonnière des hydrocarbures. Les maîtres actuels du pays, dans un incroyable aveuglement et faisant preuve d'une grande indigence intellectuelle, ne se disent pas qu'ils auront à rendre des comptes un jour devant la justice algérienne. Le bouteflikisme, qui a assuré l'impunité à beaucoup de dirigeants véreux, croit encore qu'il a de l'avenir. Les Algériens ont montré leur immense sagesse et leur sens élevé des responsabilités. Les actuelles manifestations ne sont qu'une étape.