Ni cachir ni méchoui.» Des jeunes de Djanet (Illizi) ont empêché une activité du ministre du Tourisme, Abdelkader Benmessaoud, dans la ville. Les festivités, prévues jeudi au Centre national supérieur de la formation professionnelle (CNSFP), ont été perturbées par des jeunes qui ont fait leur incursion dans l'amphithéâtre. «Ici à Djanet, les gens ne veulent pas de cachir ni même du méchoui qui sera servi aux invités», lance Ali Imnane, qui a déplié une affiche sur laquelle était inscrit le mot d'ordre des milliers d'Algériens : «Non au 5e mandat.» Le secrétaire général du HCA, Si El Hachemi Assad, n'a pas pu terminer son allocution d'ouverture, interrompu par les jeunes. Un officier de la police a essayé de les raisonner, ils occupaient l'allée de la salle de conférence couleur ocre. Sans résultat. Serrée aux premiers bancs de l'amphithéâtre, la délégation a fini par sortir. L'agitation était visible avant l'arrivée de la délégation ministérielle, qui devait inaugurer l'exposition aménagée dans la cour de l'établissement. L'ordre de passage des festivités a été changé : ni le wali d'Illizi ni le wali délégué n'ont prononcé leurs discours, «de crainte, fait savoir une source locale ayant requis l'anonymat, d'être confrontés à la colère des jeunes». Mais aucune action n'a été entreprise pour éviter l'incident. Interpellé à la sortie de la salle, le ministre du Tourisme quitte précipitamment les lieux après un bref échange avec le groupe de protestataires. Rencontrant, dans sa deuxième halte, des gérants d'agence de voyages et des artisans de la circonscription, M. Benmessaoud, originaire de Tamanrasset, reprend la rhétorique sur «transmission du flambeau» à la jeunesse. Citant l'un des «engagements» du chef de l'Etat dans sa «lettre aux Algériens», le ministre signale que le flambeau sera transmis à la jeune génération, qui doit être «à la hauteur du message du 1er Novembre». Le ministre a rappelé sans trop convaincre les réalisations dont peut s'enorgueillir le président-candidat. Si les citoyens ont protesté contre le 5e mandat, d'autres revendications ont été aussi mises en avant comme l'utilisation du caractère tifinagh local dans l'apprentissage de tamazight. Mais surtout les demandes de logements sociaux. Le ministre de l'Habitat, qui aurait été «chassé» de la région une semaine plus tôt, nous signale-t-on, avait annoncé, lors d'une visite en novembre 2018 dans la wilaya d'Illizi, «la mobilisation d'une enveloppe financière, dépassant 1,3 milliard de dinars, en vue de parachever tous les projets de lotissements ruraux» dans cette wilaya qui a bénéficié, en tout et pour tout, d'«un quota de 2000 nouvelles unités de logement, au titre du programme du secteur pour 2019». Faux, rétorquent les jeunes protestataires. «Je ne regarde plus la télévision. J'entends que des wilayas du Nord ont bénéficié de 20 000 logements. Quel est notre quota ? Depuis au moins 12 ans, Djanet n'a bénéficié d'aucun logement social ou d'habitat rural», s'emporte Ali. Son ami l'interrompt en lui rappelant les slogans de ces derniers jours. «Nous sommes sortis depuis le début du mouvement. Nous ne resterons pas à l'écart. Certes en petit nombre. Il y aura de la contestation, comme dans le reste du pays», tranche-t-il. Au centre-ville, des préparatifs allaient bon train, hier, pour organiser une marche. «Pour qu'il y ait du monde, nous avons préféré appeler à la marche pour 16h30. Il y aura foule», signale Ihnane, qui poste sur Facebook un appel pour un rassemblement devant la salle de cinéma du centre-ville. Ses «followers» ont une astuce : «Ramener des tambours pour faire de la journée une fête.»