Les femmes ont toujours lutté pour leur dignité. Tout comme elles n'ont jamais été en reste lorsque le destin et le devenir de notre pays étaient en jeu, bien que mises à la marge par le pouvoir politique une fois l'indépendance acquise et lorsque le FIS et le terrorisme ont été neutralisés. Plusieurs générations de femmes étaient présentes hier dans les rues d'Alger et du reste du pays, des grand-mères à leurs petites-filles, ces dernières constituant la nouvelle génération héritière des luttes de leurs aînées. Dans une ambiance festive, détendue et printanière. Elles sont les dignes héritières de leurs grandes sœurs, de leurs mères et grand-mères moudjahidate, dont des figures emblématiques de l'appel du 1er Novembre 1954 étaient parmi elles hier. Elles étaient mêlées à leurs conjoints, à leurs enfants et à leurs frères dans les rues d'Algérie, en groupes ou seules, pour réclamer à l'unisson une Algérie démocratique et égalitaire. Comme elles ont répondu présentes à l'appel du 1er Novembre 1954, jouant un rôle déterminant dans le combat pour la Libération nationale. Comme elles sont sorties dans la rue en Octobre 1988 pour dénoncer l'hégémonie du FLN et réclamer un Etat de droit fondé sur la justice sociale et les libertés individuelles et collectives. Profitant de la brève ouverture démocratique qui se dessinait alors, elles se sont engagées pleinement dans les partis politiques démocratiques, dans les syndicats autonomes qui émergèrent, dans les associations de femmes qu'elles créèrent. Elles étaient dans les manifestations qui réclamaient la démocratie en 1989, 1990, 1991. Le 22 mars 1994, des associations féminines organisaient à Alger une marche impressionnante contre le terrorisme, brisant le mur de la terreur qui s'était emparée de la société, imposée par les groupes terroristes. Et elles payèrent un lourd tribut, elles-mêmes ou à travers leurs proches, au terrorisme islamiste du FIS et ne voulaient pas que l'Algérie soit transformée en un Etat théocratique et totalitaire. Ainsi, de par l'histoire de l'Algérie, les femmes ont toujours lutté pour leur dignité. Tout comme elles n'ont jamais été en reste lorsque le destin et le devenir de notre pays étaient en jeu, bien que mises à la marge par le pouvoir politique une fois l'indépendance acquise et lorsque le FIS et le terrorisme ont été neutralisés. Djamila Bouhired, Zohra Drif, Louisette Ighilahriz et toutes les moudjahidate le savent d'expérience. Comme reconnaissance à leurs sacrifices pour que vive l'Algérie et en guise de «cadeau», les Algériennes ont eu un code de la famille faisant d'elles des mineures. Un texte de loi discriminatoire promulgué en juin 1984 en violation de la Constitution, laquelle consacre les grands principes d'égalité homme-femme devant la loi. Si le code de la famille a été amendé sous la pression des militantes et militants des droits humains, il reste discriminatoire. Depuis la promulgation du code de la famille, les militantes féministes, encouragées et soutenues par les moudjahidate, n'ont eu de cesse de lutter pour des lois civiles égalitaires, pour un projet de société de progrès social, plurielle, tolérante, respectueuse de sa diversité et de sa pluralité linguistique, culturelle, religieuse, et fondée sur le droit à la différence. Une société où elles seraient protégées contre les violences domestiques et publiques. Une société affranchie du poids des traditions régressives et du fanatisme religieux. Mobilisées depuis le premier jour de la révolte populaire contre le 5e mandat et pour l'avènement d'un système politique démocratique, les Algériennes savent que seul un Etat de droit leur permettra de recouvrer leur dignité, leur citoyenneté pleine et entière, l'égalité des droits. Et si l'Etat de droit est un objectif à atteindre, il ne saurait se construire sans elles ni à leurs dépens. Il devrait consacrer l'abolition du code de la famille, instrument discriminatoire et son remplacement par des lois civiles égalitaires. Les droits des femmes ne sont pas secondaires, ils sont un des fondements de l'Etat de droit et de la démocratie. Et comme l'affirment les militantes des droits humains, «il convient de tirer les leçons, toutes les leçons, de nos luttes, de celles de générations d'Algériennes pour l'égalité et la dignité.» Ainsi, la 2e République devrait être construite avec les femmes, ni sans elles ni contre elles.