Les habitants des édifices menaçant ruine reprochent aux autorités locales d'avoir usé d'un favoritisme flagrant en octroyant des logements à leurs proches déjà aisés. Plusieurs familles dans la ville de Mascara habitent, depuis plusieurs années, dans des conditions inhumaines. A quelques encablures du tribunal, plus précisément à la rue Boukhedmi Larbi, deux anciens immeubles menaçant ruine abritent au moins quinze familles abandonnées à leur triste sort. Pis encore, certaines familles n'ont même pas de WC. «Nous et nos enfants faisons nos besoins naturels dans des seaux. Mes enfants rêvent d'avoir un WC chez eux», dira Zine Eddine, père de cinq enfants, habitant l'immeuble Benfriha. De son côté, Boudjelal Imimoune, un habitant du second immeuble s'interroge, les larmes aux yeux : «Je ne comprends pas pourquoi les pouvoirs publics refusent de prendre en charge ces familles en situation de détresse ! Les enfants et leurs parents n'ont-ils pas droit à une vie digne et décente ?» Les locataires des deux édifices menaçant ruine reprochent aux autorités locales d'avoir usé d'un favoritisme flagrant en octroyant des logements à leurs proches déjà aisés. «Cela fait plus d'une année qu'ils ont promis de nous reloger dans le cadre du programme RHP (Résorption de l'habitat précaire). A ce jour, rien n'a été fait», nous dira K. Ahmed, 65 ans, père d'une fillette. Dans le premier édifice, elles sont huit familles qui partagent les dix chambres aux murs fissurés et humides. Elles partagent aussi deux toilettes et deux robinets sans lavabos. «Nous vivons des conditions inhumaines dans cet immeuble. Les fissures sont partout sur les murs et le plafond. Nous avons peur qu'un jour l'immeuble s'écroule sur nos têtes», relate une femme portant son enfant dans ses bras. Un jeune lycéen qui prépare son baccalauréat nous a raconté sa souffrance, car c'est une famille entière qui est condamnée tout simplement à vivre dans une seule pièce qui constitue le domicile familial. A dix mètres, se trouve le second immeuble abritant sept familles dans les mêmes conditions d'exiguïté. Ces familles sont dépourvues du minimum. C'est-à-dire ni eau ni toilette et des conditions d'hygiène déplorables. Un de ces habitants nous dira : «En l'absence de toilettes, je suis contraint de me rendre quotidiennement dans les WC de la mosquée avoisinante. Pour mes enfants, ils sont obligés de faire leurs besoins dans des seaux». Ces quinze familles vivant dans des conditions dramatiques regrettent de voir que certaines personnes, à l'abri du besoin en termes de logement, continuent à en bénéficier, alors que les familles nécessiteuses sont laissées pour compte.