Malgré la signature des programmes à l'importation entamée en décembre jusqu'au mois d'avril 2019, et l'annonce d'autres mesures préventives pour assurer la disponibilité des médicaments, la situation est toujours au même point de départ. Il est aujourd'hui établi que les raisons des ruptures récurrentes des stocks de médicaments sont multiples, mais certaines peuvent bien être évitées. Outre les directives fermes du gouvernement sur la réduction de la facture de l'importation, en limitant la quantité des produits à importer, l'autorité de santé n'a pas pour autant faciliter la tâche ces dernières années, au terme administratif et réglementaire, pour rendre ce marché plus fluide. Des blocages sont tous les jours dénoncés par les opérateurs de la pharmacie. La direction de la pharmacie au ministère de la Santé a connu ces derniers mois de fortes perturbations suite au limogeage des deux directeurs par l'ex-ministre, le Pr Mokhtar Hasbellaoui, et le départ à la retraite d'autres cadres. Une direction qui demeure instable puisque son nouveau directeur général, le Dr Djaoued Bourkaib, serait également sur le départ après un passage de quatre mois, juste le temps de prendre connaissance des dossiers. Malgré la signature des programmes à l'importation entamée en décembre jusqu'au mois d'avril 2019, et l'annonce d'autres mesures préventives pour assurer la disponibilité de médicaments, la situation est toujours au même point de départ. La rupture est toujours là et elle touche une large gamme de produits. De la cardiologie, aux maladies respiratoires en passant par les maladies de la peau, les problèmes gastriques, ophtalmologiques et autres pathologies, de nombreuses molécules ont disparu des étals des officines. «Nous ne constatons aucune amélioration sur le terrain en matière de disponibilité des médicaments. Il est vrai que les programmes ont été signés en décembre dernier, mais cela n'apporte aucun changement à la réalité. De nombreux produits de toutes classes thérapeutiques confondues sont actuellement en rupture», confirme Messaoud Belambri, qui estime que «cette situation est inquiétante». Inquiétante également, selon le président de l'unop, le Dr Abdelouahed Kerrar, qui déplore le prolongement des délais pour l'enregistrement et les analyses par le LNCPP des médicaments à la fabrication. «Actuellement, les délais pour libérer les produits au LNCPP pour la fabrication, qui étaient au maximum fixés à un mois, sont multipliés par trois. Il en est de même pour l'enregistrement. Les retards pris par la commission de la nomenclature et la commission des experts pour autoriser l'importation de la matière première, pour les produits hors nomenclature, et passer à la fabrication font que les produits mettent des mois, voire des années pour voir le jour. Passé toutes ces longues procédures, le médicament arrive enfin sur le marché, dans les meilleurs cas avec 8 mois de durée de vie. Nos demandes de prolonger la durée de vie de trois ans au lieu de deux ans, comme c'est le cas aujourd'hui, a été refusée par l'Agence nationale du médicament, qui exige de passer d'abord par le comité des prix. Rien ne justifie cette décision. Les demandes d'avenants pour l'importation de la matière première sont depuis plus d'un mois en attente d'être signés», signale-t-il. Et de s'interroger : «Comment voulez-vous réduire la facture à l‘importation lorsque la production est bloquée ?» Il signale que de nombreuses entreprises de fabrication sont en attente des AMM, alors que les dossiers sont en cours d'enregistrement. «En parallèle, les échéances bancaires de ces entreprises sans recettes arrivent à terme.» A l'importation, d'autres problèmes se posent également, a précisé le Dr Kerrar. «La signature des avenants est encore retardée, et en plus il n'y a aucune procédure définie pour justement examiner objectivement les dossiers», a-t-il encore indiqué. Un état des lieux déjà exposé et débattu au sein de la cellule de veille et de suivi de la disponibilité des médicaments, qui a d'ailleurs tenu hier sa réunion hebdomadaire. Dans un communiqué rendu public à l'issue de cette réunion, la direction générale de la pharmacie, qui affirme avoir procéder avec les représentants du ministère de la Santé, de la Population et de la Réforme hospitalière et ses partenaires (importateurs, producteurs, distributeurs, représentants du Snapo, du Conseil de l'Ordre des pharmaciens et le SAIP) à l'évaluation de la liste des produits déclarés sous tensions ou en ruptures au niveau des officines de pharmacie, déclare : «Une réduction sensible du nombre de produits en rupture suite à une progression du taux de réalisation des programmes de fabrication et des programmes d'importation accordés en décembre 2018 pour l'exercice 2019. Au deuxième semestre, il est attendu une amélioration de la disponibilité des médicaments qui sera progressive et significative.» Et de conclure : «La cellule de veille poursuivra sa mission jusqu'à l'atteinte de l'objectif de la disponibilité constante et pérenne des produits en question et de garantir la reconstitution des stocks de sécurité. Le cas échéant, les mesures appropriées seront prises pour le renforcement de la disponibilité.»