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Quelle stratégie de transition économique pour l'Algérie ?
Publié dans El Watan le 03 - 06 - 2019

L'Algérie nouvelle est en marche, au service de la nation, de son peuple et de sa jeunesse. Oui, la société algérienne n'échappe pas aux grandes mutations que subissent toutes les sociétés modernes. Ce qui explique aujourd'hui la colère du peuple algérien sans précédent dans les annales de l'Algérie indépendante de ce qui déjà peut être qualifié de plus grand mouvement populaire connu dans le pays. C'est aujourd'hui une majorité de femmes et d'hommes, d'ouvriers, de salariés, de travailleurs, de jeunes et de retraités, bref, une majorité de la population issue d'horizons divers.
Les Algériens sont à nouveau sortis dans l'ensemble du territoire national par millions comme chaque vendredi pour signifier le changement radical du système afin de se doter d'institutions authentiques démocratiques et populaires et réclamer le refus total de toute implication des anciens du régime ou d'une présidence extrémiste dans la transition politique vers la IIe République. Pour y parvenir, nous avons besoin de contribuer à créer un espace d'échanges et de réflexions, suppose en premier lieu l'intégration des élites et les acteurs du mouvement populaire, car comprendre la politique est complétée désormais par comprendre l'économie politique.
En effet, la transition du changement est certainement aujourd'hui l'une des tâches les plus nécessaires, mais aussi l'une des plus difficiles dans le contexte actuel. Doit apparaître comme le plus grand défi à relever et une grande priorité nationale de la prochaine transition qui doit déboucher nécessairement sur «une construction institutionnelle et constitutionnelle» incarnant un nouveau projet de société, dont ses socles : la légitimité du peuple, l'alternance au pouvoir, la transparence des urnes et des gouvernements sans aucune forme de fraude ou de malversation, la démocratie économique.
Aujourd'hui, si on observe la trajectoire de l'Algérie, on retient que tous les systèmes politiques mis en place en Algérie se rangent dans le régime des systèmes présidentiels, c'est-à-dire que l'institution présidentielle détient tous les pouvoirs du système politique et économique. L'essentiel aujourd'hui est que non seulement la source de tout pouvoir doit être mandatée, mais aussi sa possession, son exercice et son contrôle soient populaires et les plus largement partagés possibles. L'Etat est d'abord qui gouverne : le président de la République, le Premier ministre, le gouvernement sous le contrôle du Parlement en principe. «Ce qui suppose que la souveraineté nationale appartient au peuple qui l'exerce par ses représentants et par la voie du référendum.» Laquelle souveraineté est indivisible et imprescriptible.
Du boom pétrolier à la planche à billets
Au plan économique, le boom pétrolier des années 2000 avait permis aux gouvernements passés en se créant une popularité à enjeux politiques partisanes par le biais de l'urbanisation pour que les bonnes questions, celles d'économie politique, ne soient pas posées : qui suppose la distribution de logements, l'octroi d'emplois publics, les subventions… Nous avions cru trop vite dans la manne des pétrodollars qui pourrait nous rapprocher du niveau des pays développés et que la distribution de la rente nous garantissait la stabilité et la paix sociale qui ont construit leur légitimité sur cela depuis plus de deux décennies, pour qu'au final, le gouvernement sollicite la planche à billets pour combler les déficits du trésor public.
Pourtant, la politique est la science de la gouvernance, il nous semble toutefois qu'il n'y ait pas assez d'éléments pour écarter le recours à l'endettement extérieur via le fonds monétaire international (FMI). Comme nous le verrons dans les lignes qui suivent.Je dirais que l'économie joue en Algérie un rôle politique et social, dont notamment l'Algérie est l'un des seuls pays au monde qui n'a pas abandonné le socialisme, alors que nous sommes censés être dans une économie de marché depuis 1989 date de la première Constitution révolutionnaire de la démocratie et le libéralisme économique.
Aujourd'hui, nous sommes ni en transition ni en voie de développement, car la gestion prévisionnelle des finances publiques en Algérie demeure bâtie sur l'économie de rente rendant presque impossible toute possibilité de rentabilité économique et financière ce qui a d'ailleurs impliqué l'idée de « Houkouma » (beylik) dans la société algérienne. En effet, tous les pays ayant atteint aujourd'hui un haut niveau de développement économique, technologique et social ont reconnu la nécessité et l'intérêt grandissant d'une démocratie participative et d'une économie de marché qui œuvre à la création de richesse et au progrès socio-économique et la lutte contre la bureaucratie, la corruption et par conséquent préserve l'argent public de tout préjudice et de gaspillage.
Et ajouter à cela une administration fermée sur elle-même qui n'est point au service de l'économie mais beaucoup plus pour la notoriété qui dénie les droits fondamentaux de tous les citoyens de par une bureaucratie qui s'est ancrée dans les agissements de la plupart des administrateurs de la République du haut au bas de l'échelle administrative et politicienne. «Tout citoyen n'est pas qu'un contribuable, un électeur, il doit pouvoir être co-décideur et co-gestionnaire dans la cité, nullement interdit de pouvoir encore moins écarté ou exclu où l'administration locale étant un lieu de rencontre et de débat et non le maître du jeu».
Pour notre grand malheur, l'économie tire profit aujourd'hui de la rente pétro-gazière qui occupe toujours un poids important qui représente près de 98% des recettes du pays et qui persiste à ce jour, et on reste sur une croissance dépendante excessivement de la dépense publique et du commerce d'importation. Pour notre plus grand malheur encore, la richesse est attribuée au pétrole pas aux efforts des hommes et des valeurs du travail. Il en découle que si un homme possède trop, ce n'est pas parce qu'il a travaillé dur, mais parce qu'il a su capter plus de rente que les autres. On capte la rente par ses connaissances, non pas par ses efforts.
A propos notamment de la contribution actuelle très faible de la production, de la productivité et de la performance de nos entreprises à répondre aux besoins et contraintes induits par les mutations. Cela amène à s'interroger sur ce grand corps malade de l'économie algérienne qui affecte la stabilité sociale en matière d'emplois, de pouvoir d'achat et de progrès technologique à l'instar des pays émergents.
Il va sans dire que l'avenir économique de l'Algérie se pose aujourd'hui avec acuité, car c'est Sonatrach qui nourrit à ce jour notre pays et on ne peut par conséquent qu'être inquiet pour son devenir, car nous devons être conscients des conséquences fâcheuses de l'après pétrole et qu'il serait difficile de préserver au-dessus de 70 dollars le baril.
Oui, nous sommes encore loin d'une économie qui transforme la rente en richesse nationale durable, sachant que les perspectives économiques de l'Algérie continuent à dépendre principalement des prix du baril de pétrole sur les marchés mondiaux. En effet, qu'on «ne gouverne pas l'économie par décrets, des licences d'importations ou à coups de circulaires.» Aujourd'hui, le patriotisme économique n'est certainement pas le protectionnisme, c'est la mobilisation efficace de toutes les potentialités de la société pour la faire progresser, c'est la gestion rigoureuse et efficace de toutes les opportunités qui s'offrent à l'Algérie.
Urgence d'un débat économique
L'Algérie, pays qui a consacré entre 25 et 35% de son PIB à l'investissement public, arrive à la 85e place sur 93 pays étudiés, loin derrière la Tunisie pays qui n'a pas de richesse ou de ressources financières pour investir autant qui se classe au 15e rang mondial. L'Algérie n'a pas su aussi assurer la transmission du savoir-faire particulièrement ces trois dernières décennies, car une grande partie des élites a fui le pays pour s'installer à l'étranger. Il apparaît que, si l'on fait carrière dans la politique ou la finance, c'est bien dans l'économie que l'on se fait un nom. Nous sommes convaincus que c'est dans l'économie d'aujourd'hui , aussi bien que par sa pensée que par sa pratique que s'exprime le génie national d'un pays. En effet, seules les performances économiques conduisent au progrès social et au développement durable.
C'est pourquoi, aujourd'hui, le peuple algérien a pris conscience de l'ampleur des ressources du pays, il sait qu'un autre système est possible. Cette exigence est partagée par la population toute tendance confondue. Elle débouchera sûrement sur la naissance de la deuxième République. C'est dire qu'il est urgent de se donner une nouvelle vision concertée pour rétablir une démocratie en Algérie qui est le symbole des richesses et du progrès socio-économique car toutes les questions et dossiers chauds de l'heure sont là, qui sont au cœur de la crise politique et institutionnelle actuelle. La transition est certainement aujourd'hui l'une des tâches les plus nécessaires, mais aussi l'une des plus difficiles.
Car l'ensemble de l'appareil de l'Etat est aujourd'hui concerné par l'économie, voire la mise en œuvre d'une justice commerciale séparée avec des magistrats spécialisés (tribunaux de commerce) qui relève des réformes de fond pour proposer des statuts nouveaux de société qui consacreront la place des investisseurs et des entreprises pour l'amélioration du climat des affaires et du droit des affaires. Effectivement, on peut constater que la structure actuelle du secteur économique de l'Algérie, restant fort dominée par les personnes physiques qui représentent 91% (commerces et services) et seulement 9% en tant que personnes morales (sociétés). C'est là, une véritable panne économique «urgence d'un débat économique sur la transition économique». Le grand sujet qui concerne directement l'Algérie dans les années à venir est le développement économique , créateur de richesses, d'emplois et des technologies.
En effet, toute nation qui aspire à devenir un pays démocratique et développé doit préparer sa transition politique, économique et sociale. Cela nécessite la restauration de la relation citoyenne Etat-nation «L'Algérie par tous et pour tous» pour instituer la pensée critique en Algérie, car ce n'est pas le manque de moyens qui met en danger une nation, mais une carence de ses idées. Un fondement stratégique dans l'approfondissement du processus démocratique et le renforcement des bases de l'Etat de droit qui marquera le plus nouveau visage du développement socioéconomique, politique et culturel de l'Algérie future.
Aujourd'hui, sur quoi repose la croissance économique du pays ?
Après 30 ans d'ouverture, l'économie algérienne est demeurée tirée par une croissance dépendante excessivement de la dépense publique et du commerce d'importation. Les collectivités territoriales qui n'arrivent pas à améliorer leur développement local susceptibles de leur permettre d'enclencher la dynamique d'une économie locale harmonieuse dans le cadre de la décentralisation de l'administration.
Accentuant aujourd'hui la grande inquiétude sur l'avenir du pays, dans la mesure où les hydrocarbures restent encore l'unique ressource financière qui contribuent pour près de 98%, des exportations du pays et près de 60% dans les recettes budgétaires, et l'économie nationale est dépendante excessivement du marché international pour près de 75%. Quant à la fiscalité ordinaire du pays, soit autour de 21% du PIB, qui s'avère très peu rentable pour le budget de la nation et elle est subie surtout par les salariés et les retraités. Alors que la fiscalité ordinaire (le paiement des impôts et des taxes) constitue une obligation juridique inévitable, car est l'un des plus importants instruments de la politique budgétaire de l'Etat et un des vecteurs de pérennité du budget de la nation.
Il permet d'alimenter les caisses de l'Etat pour que ce dernier finance et équilibre le budget de l'Etat et augmente le niveau des dépenses publiques et la croissance économique. Aujourd'hui on enregistre entre 2 et 3 cotisants pour 1 retraité, alors qu'il faut 6 à 8 cotisants pour assurer l'équilibre financier, quant aux salaires, ils sont trop bas socialement et trop élevés économiquement. Il faudrait aujourd'hui un prix du baril de pétrole à plus de 90 dollars pour assurer le niveau d'équilibre des comptes publics.
Que faire face à cette réalité ?
Pour y parvenir, nous avons besoin de deux grands ateliers, dans le souci de contribuer à créer un espace d'échanges et de réflexions sur les questions économiques pour pouvoir mieux répondre aux besoins nouveaux dans les affaires économiques pour fonder une économie moderne et de s'armer surtout à l'adhésion de notre pays à l'OMC.
Le premier atelier : la réforme de l'entreprise pour la relance de la diversification de l'économie nationale et la création d'entreprises aux valeurs internationales. Cela suppose la simplification davantage des conditions d'installation, de liberté de création d'entreprises, respect du droit des sociétés, protection des droits de propriété industrielle et intellectuelle, règles et lois sur la concurrence et la transparence ; la qualité du système fiscal ; la qualité du système bancaire ; laisser émerger les libertés d'initiative et les idées novatrices avec l'implication des élus, des organisations professionnelles et de la société civile en général.
L'urgence de la réforme budgétaire et la réforme de la comptabilité publique plaidant un nouveau système de gouvernance budgétaire et de procédure budgétaire, notamment les ressources financières qui ne seront plus comme par le passé octroyées selon une comptabilité budgétaire de caisse. Mais plutôt d'apprécier ce que sont ses actifs (ses richesses) et ses passifs (ses dettes et ses engagements). Enfin, rendre l'Algérien et le travailleur respectivement actionnaire de l'Algérie et de l'entreprise en mettant sur le marché la vente de valeurs mobilières (actions…), l'objectif étant sa participation aux fruits du développement et combattre la corruption.
Le deuxième atelier : définir et promouvoir les finalités de l'économie de marché et de la connaissance pour réaliser l'insertion de l'économie nationale dans l'économie mondiale qui se joue en faveur des pays modernes. S'engager sur des réformes devant intégrer nécessairement de nouvelles politiques de gouvernance publique propices et efficaces pour s'attaquer aux contraintes structurelles actuelles pour l'exercice d'une réelle démocratie représentative et participative, un atout-clé de l'efficacité de l'Etat. La qualité de la réglementation ; le rôle et place de la société civile, des intellectuels et des élites. Introduire la rigueur financière et la discipline budgétaires pour la gestion des fonds publics en matière de respect de ses règles et mécanismes et par conséquent lutter contre la corruption.
La décentralisation et l'organisation régionale territoriale ; la gestion des services publics ; la gestion des villes ; l'assainissement de l'environnement ; une nouvelle politique à l'exportation hors hydrocarbures qui doit permettre à notre pays de diversifier son économie ; restaurer l'équilibre entre le gouvernement et les médias indispensables au bon fonctionnement de la démocratie, la responsabilité de la presse devrait augmenter avec son pouvoir universel à travers la création d'un conseil de l'ordre ; la création d'un fonds par l'Etat pour encourager et faciliter le retour des élites et cadres du pays partis travailler à l'étranger. L'expertise de ces élites et cadres est très précieuse pour une Algérie nouvelle. Ce qui attend, à notre humble avis, le futur chef de l'Etat incarné par le peuple. «Le sujet est désormais décisif et vital, il faut sauver l'Algérie d'un million et demi de martyrs.»


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