– Quel est l'objectif de la conférence nationale de la société civile, dont la date est fixée pour le 15 juin ? L'élément phare de cette conférence est le consensus pour aller vers une transition démocratique. Après l'annulation des élections du 18 avril dernier, le pays était déjà entré dans une transition. Mais l'opération a été retardée en raison de l'entêtement du pouvoir qui voulait, à tout prix, appliquer l'article 102 de la Constitution. Une alternative qui n'a pas apporté de solution à la crise politique qui ronge le pays. La rencontre des trois dynamiques tenue ce samedi est la troisième du genre. L'idée d'aller vers ce conglomérat de la société civile a été décidée par la Confédération des syndicats algériens, dont le SNPSP fait partie. Lors de notre première réunion animée le 18 mai dernier, nous avions alors décidé d'ouvrir le débat sur la situation qui prévaut dans le pays, et pourquoi pas de mettre sur les rails un projet de feuille de route pour sortir le pays de la crise politique, mais aussi constitutionnelle et institutionnelle. La dimension économique et sociale a été également prise en compte dans les discussions. Nous avons alors tenu une autre réunion le 25 mai et nous avons avancé dans la démarche. Il y a eu consensus entre les différentes entités sur plusieurs sujets. Ce samedi, il y a eu l'installation des commissions pour peaufiner le travail et finaliser la feuille de route et nous avons arrêté la date de la conférence. Une autre réunion est programmée pour samedi prochain afin de mettre tout au propre avant le 15 juin. Dans un premier temps, nous avons décidé de ne pas associer les partis politiques. – Justement, qui participera à cette conférence nationale ? La conférence va rassembler différents segments de la société civile, nous l'avons limitée aux organisations, aux syndicats et associations. Les magistrats sont représentés, l'Ordre des avocats également. Il y a des associations à caractère national qui activent dans le domaine des droits de l'homme, des femmes et de l'enfance. Il y a le Conseil de l'Ordre professionnel. Des syndicats de plusieurs secteurs sont impliqués. Nous nous sommes configurés de cette manière avec l'ambition de nous élargir à d'autres parties qui veulent rejoindre notre mouvement, notamment les journalistes, auxquels nous avons lancé une invitation. – En somme, votre espace est ouvert à tout le monde, à l'exception des partis politiques… Notre espace est certes ouvert à tout le monde, mais il a ses objectifs et ses orientations : l'objectif est de mettre en place des solutions pour contribuer à sortir le pays de la crise. L'orientation est de construire et consolider cet espace sans les partis politiques. – Qu'en sera-t-il après la conférence ? Notre ambition est de nous installer dans le paysage public et politique. La société civile a été ces dernières années laminée, émiettée, cassée et empêchée d'agir et de bien fonctionner. Notre dynamique ne doit pas s'arrêter avec l'amorcement d'une solution à la crise ou l'organisation d'une élection, bien au contraire, notre but est de veiller à accompagner en matière de concrétisation nos propositions et revendications. Il est venu le temps où le citoyen pourra exercer cette citoyenneté à travers cet espace. Ce sera son espace. Notre objectif est de construire et reconfigurer le paysage social représenté par le syndicat, le mouvement associatif et tous ceux qui peuvent structurer la vie du citoyen. – Que pense le collectif de l'appel au dialogue lancé par le chef d'état-major de l'armée ? Au sein du collectif, seule une minorité défend la nécessité d'aller vers un dialogue et préparer les assises pour ouvrir le chantier de la Constitution. La tendance lourde propose une période de transition avant de réunir les conditions appropriées pour la tenue d'une élection et garantir le respect et le choix du peuple. La rue réclame depuis le 22 février la rupture avec les figures de l'ancien système. Nous nous inscrivons dans cette logique et nous aspirons en outre à aller vers des assises pour bâtir une nouvelle République, avec une Constitution qui limiterait les actions du président de la République et garantirait une égalité devant les droits et obligations, la liberté d'expression, la liberté individuelle et collective, une justice indépendante et une situation de justice sociale.