Des intellectuels lancent une initiative pour la citoyenneté et les libertés. Voulant apporter leur contribution au mouvement citoyen qui réclame un changement radical du système politique avec le départ de tous les symboles de l'ancien régime de Bouteflika, ces intellectuels, une centaine, expriment d'abord leur «émerveillement» face au degré de maturité politique des Algériens qui manifestent tous les vendredis de manière pacifique et qui donnent un contenu hautement politique à leur action. Considérant que ce mouvement a réussi à susciter le débat sur des questions de fond, ces intellectuels, longtemps à la marge, saluent les divergences de vue et la cohabitation des différents courants politiques et idéologiques, ce qui constitue un prélude à une nouvelle culture et de nouvelles pratiques politiques qui mettent fin au monopole d'idées. Ces intellectuels, dont des écrivains, des poètes, des académiciens, des professeurs d'université et des chercheurs, se veulent ainsi optimistes quant à la suite des événements et gardent espoir en la capacité du peuple algérien à se doter des moyens nécessaires pour dépasser cette situation de crise pour «la construction d'une Algérie nouvelle, démocratique et ouverte». «Il n'y aura pas d'avenir dans un pays comme l'Algérie sans une mentalité politique démocratique, ouverte, qui fait preuve d'inventivité et de créativité pour vivre ensemble dans l'égalité, la diversité et le respect de l'autre», écrivent-ils dans leur déclaration rendue publique hier. Ces intellectuels, qui veulent ainsi participer à ce moment historique que vit l'Algérie, ont estimé «nécessaire» de renforcer le rôle de l'élite dans la recherche d'une solution adéquate à cette crise politique, à travers l'expression de leurs points de vue, idées et opinions. Convaincus qu'une révolution ne peut pas s'accomplir seulement par les manifestations et les marches, ces intellectuels ont fait état de leur initiative pour «la construction d'un Etat des libertés individuelles et collectives» et participent activement au «développement du pays dans tous les domaines politique, économique et social». Ces intellectuels énumèrent dix points sur lesquels ils souhaitent qu'il y ait consensus, dont «le rejet du système politique corrompu, qui joue sur la division des Algériens». Ils appellent aussi à un consensus autour du principe civil, républicain et démocratique de l'Etat, à travers le respect des droits citoyens et des libertés individuelles et collectives. Autres points : «Le peuple est détenteur de la souveraineté nationale et l'unique source du pouvoir», «la séparation des pouvoirs exécutif, législatif et judiciaire», «l'indépendance de la justice», «le rejet de toute différenciation ou ségrégation entre Algériens sur la base de l'ethnie, du dogme et de l'appartenance sociale», «le retour au peuple sur toutes les questions sensibles qui engagent l'avenir de la nation», «évacuer les questions identitaires, religieuses et historiques du débat politique» et «la mise en place d'un agenda précis et consensuel pour sortir de la crise». Ces intellectuels proposent dans ce sens la mise en place d'une instance présidentielle, d'un gouvernement de transition et d'une commission indépendante d'organisation des élections. Parmi eux, il y a Amine Zaoui, Ahmed Delbani, Abdelhamid Iza et Mohand Arezki Ferad.